Tout commence en 2000. Bamba Gnan, gérant de la société de sécurité privée « Faucon-service » vient de décrocher un important contrat pour la surveillance des installations de la compagnie de téléphonie, CI-Télécom. En sa qualité de responsable administratif, il tisse des liens professionnels avec les forces de défense et de sécurité. « En effet, ayant des contrats de surveillance de plusieurs entreprises de la place, afin de mener à bien nos activités, des gendarmes et des militaires faisaient partie de notre effectif », soutient Bamba qui ne trouve aucun mal à collaborer avec les bidasses et les sous-officiers. Les jours passent et en novembre 2007, il fonde sa propre entreprise de sécurité privée. Evidemment, il maintient ses contacts avec les « troupes ». « J'ai été joint sur mon téléphone portable par le caporal-chef Kouman qui se dit garde du corps du général Philippe Mangou. Selon lui, il a été détaché au corridor de Tiébissou. Ce dernier, au motif qu'il avait fait ma connaissance dans la société Faucon-service, a sollicité mon aide. D'après lui, ses parents s'étant mis à gaspiller les fonds qu'il leur remettait afin de construire pour lui une maison à Abidjan, il voulait me confier son argent le temps qu'il revienne de Tiébissou », rapporte l'ex-gérant de Faucon-service.
30 millions Fcfa pour sauver sa tête
En réalité, toute cette histoire n'est qu'un manège monté de toutes pièces par Kouman. Pour attirer davantage la proie dans le piège, le pseudo-caporal-chef le met en contact avec le nommé Koui Pierre. C'est lui qui devait remettre la somme de 30 millions Fcfa à Bamba Gnan. A la question de savoir pourquoi son choix se porte sur la victime et comment il a pu obtenir son numéro téléphonique, la réponse du fieffé escroc est sans ambiguïté : « Je le connais bien pour avoir déjà travaillé avec lui ». Le rendez-vous est fixé dans un café aux 220 logements(Adjamé). Lors de l'entretien, explique-t-il, Koui me dit que les fonds qu'il avait en sa possession étaient de l'argent brut saisi par le caporal Kouman et ses collègues. « Ils sollicitaient mon soutien financier pour traiter la liasse de billets de banque. Surpris par une telle demande, j'ai appelé Kouman pour avoir plus de détails. Il m'a confirmé les propos tenus par son acolyte. J'ai refusé l'offre », soutient Bamba. Mais la bande a plus d'un tour dans son sac. Elle procède autrement en menaçant d'exécuter tous les membres de la famille de Bamba avant de s'occuper de lui-même. « Ils ont dit qu'ils allaient m'abattre. Vu que ces derniers savaient tout de moi, et craignant le pire en cette période d'incertitudes sous nos cieux, je leur ai remis la somme de 30 millions Fcfa », ajoute-t-il. Une fois en possession de l'argent, la bande à Kouman disparaît sans laisser de trace. Intrigué par cette situation, Bamba Gnan entreprend des recherches pour démasquer les bandits. Il porte plainte à la police criminelle pour escroquerie. « J'ai découvert par la suite que Kouman n'était en réalité qu'un simple civil. Il s'appelle Brou Kouamé Herman. Il m'a déclaré qu'il était en possession d'un dossier classé secret militaire m'incriminant d'avoir blanchi de l'argent. Selon lui, si je ne donnais pas satisfaction à leurs exigences alors ils élimineraient toute la famille y compris moi-même. Je précise que c'est Koko Yao Célestin, mon ancien collaborateur à Faucon-service qui lui a remis mon contact», affirme l'accablé chef d'entreprise, en accusant son ex-collaborateur d'être le maître d'orchestre de cette cabale. « Il savait beaucoup sur moi puisque nous avons travaillé ensemble durant sept ans. C'est lors de mes investigations que j'ai découvert que Koko Yao était devenu le président de la jeunesse de l'Anci, le parti de Zémogo Fofana. Curieusement, Brou Kouamé Herman alias caporal Kouman était son vice-président. Dès lors j'ai réalisé que Koko Yao était la personne qui avait manigancé toute la stratégie », se convainc le plaignant lors de son audition à la police criminelle. Selon lui, il a appréhendé le principal accusé, Brou Kouamé Herman, à Abobo, grâce à la sollicitude de Sossou Médard, couturier de 41 ans à Samaké. « J'ai reçu la visite de M. Bamba dans mon atelier. Il était venu passer une commande de vêtements. C'est au cours de nos échanges qu'il m'a demandé si je connaissais un certain Brou, détenteur d'un numéro téléphonique Moov. Je lui ai répondu par la négative. Je lui ai demandé comment il a pu obtenir mon contact. M. Bamba m'a indiqué que suite à une réquisition du numéro de M. Brou, la société Moov, a donné tous les appels sortants et mon numéro figurait sur ce répertoire. Quelques jours plus tard, il est revenu avec un certain Gnamien qui se dit Mdl. Ils m'ont signifié que Brou s'est rendu coupable d'une escroquerie et qu'ils souhaiteraient que je les aide à le retrouver mort ou vif. Brou Kouamé Hermann était l'un de mes clients. C'est dans ce contexte que j'ai coopéré en donnant des renseignements sur l'accusé », laisse entendre Médard. Sa coopération permet ainsi d'appréhender Brou Kouamé Hermann mais son acolyte réussit à s'échapper. Le 3 févier dernier, lors de son audition, Brou Kouamé bat en brèche l'accusation. Il ne se reproche rien, selon lui. « J'ai été appelé en 2007 par le Mdl Kouassi Bi, anciennement en service à la brigade de recherches d'Abidjan. Il m'a fait savoir qu'il est le beau-frère de Bamba Gnan et qu'il a entre ses mains une plainte contre moi. Il a ajouté qu'il souhaiterait me rencontrer aux Deux-Plateaux. Je lui ai demandé de déposer la convocation au siège de l'Anci dont je suis le président de la jeunesse. Malheureusement, cela n'a pas été fait. Deux jours plus tard, le même Mdl Kouassi Bi m'a rappelé pour me dire que je suis impliqué dans une affaire de blanchiment d'argent. Il a cité d'autres personnes comme Baby Roland, Koui Pierre et vieux Doumbia. Sur ce, je lui ai répondu que je ne me reconnais pas dans cette affaire de blanchiment d'argent », rétorque-t-il. Mais, le président de la jeunesse du parti de Zémogo Fofana reconnaît qu'il a été approché par Baby Roland et que celui-ci lui avait affirmé détenir une caisse de billets de banque estampillés de cachet. « Il m'a dit qu'il était à la recherche de moyens financiers avec son collaborateur Koui Pierre pour blanchir l'argent. Je signale que ces deux-là m'ont fait savoir qu'ils étaient des chauffeurs à l'Onuci. Vu donc mon statut de leader politique, je leur ai répondu que je ne pouvais pas me mêler à cette histoire », insiste-t-il.
L'affaire arrive chez Zémogo
Selon le leader de la jeunesse de l'Anci, le Mdl Kouassi Bi s'est rendu chez Zémogo Fofana pour porter à sa connaissance l'affaire. Le président de l'Anci, lui aurait fait appel pour entendre sa version des faits. « Je lui ai répondu que je ne me reconnais pas dans ces faits. Je lui ai dit qu'en sa qualité de président du parti, si j'avais besoin d'argent, je l'aurais sollicité. Pendant que l'on me demandait de jouer le jeu pour mettre la main sur ces individus (Koui Pierre et Baby Roland), le Mdl Kouassi Bi était en contact permanent avec les mêmes quidams. Puis, il m'a informé qu'un terrain d'entente a été trouvé entre les deux parties », souligne Brou Kouamé Hermann. Mais l'affaire est loin d'être terminée. Car, à la fin d'une conférence de presse animée au siège de son parti, Brou Kouamé Hermann, est intercepté par des éléments de la brigade de recherches. «Au motif qu'ils avaient un mandat d'arrêt contre moi et Yao Célestin. Ils m'ont conduit donc à leur base encore une fois pour cette affaire de blanchiment d'argent. Après mon audition, j'ai été relaxé à charge pour moi de déférer à toute convocation de la justice. Face à cette situation, j'ai saisi par écrit le ministère de la Justice afin que cette affaire soit tranchée, une bonne fois pour toutes», souhaite-t-il. Pour l'heure, le vœu de Brou Kouamé se heurte à la poursuite de l'enquête menée par le juge d'instruction.
Bahi K.
30 millions Fcfa pour sauver sa tête
En réalité, toute cette histoire n'est qu'un manège monté de toutes pièces par Kouman. Pour attirer davantage la proie dans le piège, le pseudo-caporal-chef le met en contact avec le nommé Koui Pierre. C'est lui qui devait remettre la somme de 30 millions Fcfa à Bamba Gnan. A la question de savoir pourquoi son choix se porte sur la victime et comment il a pu obtenir son numéro téléphonique, la réponse du fieffé escroc est sans ambiguïté : « Je le connais bien pour avoir déjà travaillé avec lui ». Le rendez-vous est fixé dans un café aux 220 logements(Adjamé). Lors de l'entretien, explique-t-il, Koui me dit que les fonds qu'il avait en sa possession étaient de l'argent brut saisi par le caporal Kouman et ses collègues. « Ils sollicitaient mon soutien financier pour traiter la liasse de billets de banque. Surpris par une telle demande, j'ai appelé Kouman pour avoir plus de détails. Il m'a confirmé les propos tenus par son acolyte. J'ai refusé l'offre », soutient Bamba. Mais la bande a plus d'un tour dans son sac. Elle procède autrement en menaçant d'exécuter tous les membres de la famille de Bamba avant de s'occuper de lui-même. « Ils ont dit qu'ils allaient m'abattre. Vu que ces derniers savaient tout de moi, et craignant le pire en cette période d'incertitudes sous nos cieux, je leur ai remis la somme de 30 millions Fcfa », ajoute-t-il. Une fois en possession de l'argent, la bande à Kouman disparaît sans laisser de trace. Intrigué par cette situation, Bamba Gnan entreprend des recherches pour démasquer les bandits. Il porte plainte à la police criminelle pour escroquerie. « J'ai découvert par la suite que Kouman n'était en réalité qu'un simple civil. Il s'appelle Brou Kouamé Herman. Il m'a déclaré qu'il était en possession d'un dossier classé secret militaire m'incriminant d'avoir blanchi de l'argent. Selon lui, si je ne donnais pas satisfaction à leurs exigences alors ils élimineraient toute la famille y compris moi-même. Je précise que c'est Koko Yao Célestin, mon ancien collaborateur à Faucon-service qui lui a remis mon contact», affirme l'accablé chef d'entreprise, en accusant son ex-collaborateur d'être le maître d'orchestre de cette cabale. « Il savait beaucoup sur moi puisque nous avons travaillé ensemble durant sept ans. C'est lors de mes investigations que j'ai découvert que Koko Yao était devenu le président de la jeunesse de l'Anci, le parti de Zémogo Fofana. Curieusement, Brou Kouamé Herman alias caporal Kouman était son vice-président. Dès lors j'ai réalisé que Koko Yao était la personne qui avait manigancé toute la stratégie », se convainc le plaignant lors de son audition à la police criminelle. Selon lui, il a appréhendé le principal accusé, Brou Kouamé Herman, à Abobo, grâce à la sollicitude de Sossou Médard, couturier de 41 ans à Samaké. « J'ai reçu la visite de M. Bamba dans mon atelier. Il était venu passer une commande de vêtements. C'est au cours de nos échanges qu'il m'a demandé si je connaissais un certain Brou, détenteur d'un numéro téléphonique Moov. Je lui ai répondu par la négative. Je lui ai demandé comment il a pu obtenir mon contact. M. Bamba m'a indiqué que suite à une réquisition du numéro de M. Brou, la société Moov, a donné tous les appels sortants et mon numéro figurait sur ce répertoire. Quelques jours plus tard, il est revenu avec un certain Gnamien qui se dit Mdl. Ils m'ont signifié que Brou s'est rendu coupable d'une escroquerie et qu'ils souhaiteraient que je les aide à le retrouver mort ou vif. Brou Kouamé Hermann était l'un de mes clients. C'est dans ce contexte que j'ai coopéré en donnant des renseignements sur l'accusé », laisse entendre Médard. Sa coopération permet ainsi d'appréhender Brou Kouamé Hermann mais son acolyte réussit à s'échapper. Le 3 févier dernier, lors de son audition, Brou Kouamé bat en brèche l'accusation. Il ne se reproche rien, selon lui. « J'ai été appelé en 2007 par le Mdl Kouassi Bi, anciennement en service à la brigade de recherches d'Abidjan. Il m'a fait savoir qu'il est le beau-frère de Bamba Gnan et qu'il a entre ses mains une plainte contre moi. Il a ajouté qu'il souhaiterait me rencontrer aux Deux-Plateaux. Je lui ai demandé de déposer la convocation au siège de l'Anci dont je suis le président de la jeunesse. Malheureusement, cela n'a pas été fait. Deux jours plus tard, le même Mdl Kouassi Bi m'a rappelé pour me dire que je suis impliqué dans une affaire de blanchiment d'argent. Il a cité d'autres personnes comme Baby Roland, Koui Pierre et vieux Doumbia. Sur ce, je lui ai répondu que je ne me reconnais pas dans cette affaire de blanchiment d'argent », rétorque-t-il. Mais, le président de la jeunesse du parti de Zémogo Fofana reconnaît qu'il a été approché par Baby Roland et que celui-ci lui avait affirmé détenir une caisse de billets de banque estampillés de cachet. « Il m'a dit qu'il était à la recherche de moyens financiers avec son collaborateur Koui Pierre pour blanchir l'argent. Je signale que ces deux-là m'ont fait savoir qu'ils étaient des chauffeurs à l'Onuci. Vu donc mon statut de leader politique, je leur ai répondu que je ne pouvais pas me mêler à cette histoire », insiste-t-il.
L'affaire arrive chez Zémogo
Selon le leader de la jeunesse de l'Anci, le Mdl Kouassi Bi s'est rendu chez Zémogo Fofana pour porter à sa connaissance l'affaire. Le président de l'Anci, lui aurait fait appel pour entendre sa version des faits. « Je lui ai répondu que je ne me reconnais pas dans ces faits. Je lui ai dit qu'en sa qualité de président du parti, si j'avais besoin d'argent, je l'aurais sollicité. Pendant que l'on me demandait de jouer le jeu pour mettre la main sur ces individus (Koui Pierre et Baby Roland), le Mdl Kouassi Bi était en contact permanent avec les mêmes quidams. Puis, il m'a informé qu'un terrain d'entente a été trouvé entre les deux parties », souligne Brou Kouamé Hermann. Mais l'affaire est loin d'être terminée. Car, à la fin d'une conférence de presse animée au siège de son parti, Brou Kouamé Hermann, est intercepté par des éléments de la brigade de recherches. «Au motif qu'ils avaient un mandat d'arrêt contre moi et Yao Célestin. Ils m'ont conduit donc à leur base encore une fois pour cette affaire de blanchiment d'argent. Après mon audition, j'ai été relaxé à charge pour moi de déférer à toute convocation de la justice. Face à cette situation, j'ai saisi par écrit le ministère de la Justice afin que cette affaire soit tranchée, une bonne fois pour toutes», souhaite-t-il. Pour l'heure, le vœu de Brou Kouamé se heurte à la poursuite de l'enquête menée par le juge d'instruction.
Bahi K.