Ne pas se laisser déborder par la base. Tout en demeurant en phase avec celle-ci. Telle est le nécessaire équilibre qui s’impose à tous les dirigeants. Particulièrement ceux des partis politiques. La direction du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix, Rhdp, est soumise à cette difficile épreuve. Depuis que le dialogue a pris le pas sur l’affrontement et les coups bas, la coalition de l’opposition joue des coudes pour contenir sa base. Les jeunes et les femmes en particulier sont foncièrement hostiles à l’entrée dans l’équipe gouvernementale que le Premier Ministre Soro Guillaume cherche à compléter avec la présence de cadres du Rhdp. Les leaders de la plate-forme, Henry Konan Bédié, Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse et Anaky Kobena ont, quant à eux, accepté le principe d’une participation au gouvernement. Les discussions sur les noms des personnalités dont certaines sont récusées par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo constituent le seul obstacle à la formalisation de la présence des Houphouétistes au gouvernement. Tout semble d’ailleurs indiqué que ce verrou soit en train de tomber. Les militants de base qui ont été au charbon les dernières semaines, et qui ont payé un lourd tribut pour le rétablissement de la Commission électorale indépendante, Gbagbo l’avait dissoute en même temps que le gouvernement le 12 février 2010, ne comprennent pas pourquoi leurs responsables tiennent au gouvernement. Ils voient en cela un cadeau au chef de l’Etat qui en usera pour louvoyer une fois de plus avec la tenue d’élections maintes fois reportées. Les militants sont pour des actions concrètes sur le terrain seul moyen, selon eux, pour pousser Gbagbo aux urnes. Les leaders ont décidé autrement. A eux d’expliquer et de convaincre la base sur le bien-fondé de leur option. Sinon, un fossé risque de s’installer et ce sera bonjour le divorce.
D. Al Seni
D. Al Seni
