Deux heures de débat. Un feu croisé de suggestions, de contradictions. Le plateau du communicateur, la deuxième tribune d’échange de la coordination des Communicateurs Citoyens Bénévoles pour le Plébiscite du Président Laurent Gbagbo a eu le mérite, hier, au Golf hôtel, d’ouvrir des pistes de réflexion sur un sujet d’intérêt national. Un parterre de personnalités, notamment le constitutionnaliste Ouraga Obou, le magistrat Zahiri Ziki, le député Noutoua Youdé, le député Mollé- Mollé, le banquier et homme politique Désiré Porquet, ont débattu autour du thème central : “la nouvelle CEI face aux défis des élections : quelle crédibilité ?”. Ce thème, décliné en trois sous- thèmes, a donné lieu à des débats en trois phases. Les participants au débat ont, d’abord, fait la genèse et le bilan de l’organisation des élections en Côte d’Ivoire, ensuite énuméré les acquis du processus électoral et la problématique du contentieux et fait des suggestions sur la façon de restaurer la confiance entre la CEI et la population. Le député Mollé Mollé a fait l’historique de la lutte que son parti, le FPI, a engagée depuis l’instauration du multipartisme, en 1990, afin que les élections soient organisées de façon transparente en Côte d’Ivoire. “De 1960 à 1990, explique t-il, il n’ y avait pas d’enjeu puisqu’il s’agissait des membres d’un même parti, à l’occasion d’une élection, qui luttaient pour une promotion. En 1990, les données vont changer. Nous avions la possibilité de proposer une nouvelle façon de défendre le pays”. Selon ce parlementaire, les choses n’étaient pas si simple parce que le PDCI, le parti au pouvoir, avait “institutionnalisé” la fraude. “De 1990 à 1995, le PDCI, poursuit –il, refusait la commission électorale indépendante. Elle reconnaissait des compétences au ministère de l’intérieur”. Il a révélé que les acquis de son parti après cette lutte sont le bulletin unique, les urnes transparentes et le vote à 18 ans. Raoul Aby, enseignant, membre du PDCI, a reconnu ces quelques acquis en matière électorale. Il a suggéré que l’on parte le plus rapidement à l’élection présidentielle pour éviter « de tourner en rond ». Il s’est offusqué que l’on veuille remettre en cause le processus électoral dans certains de ses aspects. Pour lui, les leaders politiques savent ce qu’ils font. Ils ont tout prévu, pense- t-il. Le député Noutoua Youdé s’est dit opposé à une telle démarche. Il a indiqué que le phénomène de la fraude est réel et qu’il est impérieux qu’elle soit jugulée pour une réussite de tout le processus électoral. “Dans une même famille, lorsque les membres annoncent que leur père est né dans trois lieux différents, cela pose problème ”, regrette t-il. Au dire de Ouraga Obou, la réussite d’un tel processus peut résider dans une meilleure communication sur les différentes étapes des actions de la CEI. “Je crois que le plus important à retenir ici, c’est de montrer que qu’il faut communiquer avec la population. Surtout informer les citoyens que le contentieux ne doit pas être l’occasion de soustraire arbitrairement certains de la liste électorale”. Quant au magistrat Zahiri Ziki, il préconise de faire confiance au magistrat et de créer les conditions d’une indépendance véritable de la CEI. “Il faut souhaiter que la CEI qui vient de se mettre en place avec une nouvelle direction puisse se démarquer des chapelles politiques pour être véritablement indépendante. Ce qui va amener la population à faire confiance ”, affirme t-il.
Serge Armand Didi
Serge Armand Didi