x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mardi 16 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Primes et salaires des enseignants chercheurs / Traoré Flavien (porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et des chercheurs) : “Le ministre Bacongo a annoncé des salaires qui ne sont pas payés”

Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Cissé Ibrahim Bacongo, au cours d'une conférence de presse annonçait que les salaires et primes des enseignants et chercheurs étaient devenu attrayant et seraient passés du simple au triple. Dans cet entretien, que nous a accordé le porte-parole de la coordination des enseignants et chercheurs(Cnec), Flavien Traoré, dénonce l'attitude du ministre qui met cette revalorisation à son compte. Selon lui les salaires dont se réjouit le ministre ne sont pas payés et ne sont pas de son fait.



Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, au cours d'une conférence, se réjouissait du fait que désormais, les salaires des enseignants et chercheurs et les primes étaient passés du simple au double voire au triple et que suite à cette situation nouvelle, il y avait plus de demandeurs que de postes disponibles. Qu'en est-il exactement?

Les enseignants du supérieur et chercheurs ont été outrés par ce qui a été dit par le ministre à cette conférence de presse. Le ministre Bacongo prend ses rêves pour de la réalité. Il pense que tout ce qui a eu lieu sous son mandat est de son fait. Si la revalorisation des primes, du salaire et du prolongement du temps de travail des enseignants du supérieur et des chercheurs est dû à des actions gouvernementales, cela veut dire que le gouvernement a fait du bien aux enseignants du supérieur et aux chercheurs. Or nous constatons que c'est sous le ministre Bacongo qu'il y a eu plus de grèves des enseignants du supérieur et des chercheurs. Et c'est sous le ministre Bacongo qu'un syndicat né il y a à peine 4 ans comme la Cnec est devenu le syndicat dominant, apprécié de tous les enseignants du supérieur et des chercheurs. Là se trouve une grande contradiction. C'est pour dire tout simplement que tout ce qui a changé à l'enseignement supérieur et la recherche est dû aux enseignants du supérieur et les chercheurs qui ont mené la lutte sous l'égide de la Cnec. Le ministre Bacongo a l'habitude de s'octroyer toutes ces victoires de la Cnec dans la presse nationale et internationale. Nous n'avons pas réagi jusqu'à présent parce que nous savons que la vérité finit toujours par rattraper le mensonge. Et cette conférence de presse est la goutte d'eau qui a vraiment fait déborder le vase. Et nous tenons à faire cette mise au point. La revalorisation de la prime de recherches et même le fonds à la recherche, étaient déjà mis en route par ses prédécesseurs et le ministre Bacongo est venu finaliser. Donc il ne faut pas qu'il s'octroie tout ce qui s'est passé et ce qui se passe dans l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique.



Il faut lui reconnaître certains acquis quand même ?

Je reconnais qu'il y a eu un changement dans le traitement salarial des enseignants mais il faut dire que lorsqu'un pays est capable de payer des ministres à deux (2) ou trois (3) millions de francs, des ministres qui, parfois, le sont par la seule fidélité à un leader politique, lorsque ces ministres sont payés à 3 millions de francs, ce même Etat peut payer un enseignant du supérieur et un chercheur à 3 millions de francs également parce que ce dernier a fait au moins 25 ans d'études dont 10 années universitaires. Donc payer ces enseignants à ce taux n'est pas exagéré. La preuve, les salaires que nous demandons pour les enseignants et chercheurs oscillaient entre 1,5 et 3 millions. Cela, par rapport aux salaires qui sont versés aux cadres de la nation ivoirienne. Une Nation qui se respecte, ne peut pas permettre qu'un douanier qui a un V, ait des revenus supérieurs aux enseignants du supérieur. Ce n'est pas normal. Lorsqu'on est enseignant du supérieur et qu'on est ministre, on doit pouvoir protéger sa corporation. Parce que nous, nous ne connaissons pas les salaires des hauts cadres de l'armée, nous ne connaissons pas les salaires des hauts fonctionnaires des impôts et des finances. Et chaque fois qu'il était question pour ces personnalités de dire leur salaire, ils se sont abstenus. C'est dans ce ton que le ministre Bacongo doit rester et non à chaque fois livrer nos salaires qui, d'ailleurs, ne sont même pas payés. Cela aussi, il faut le dire. Les salaires qui sont annoncés ne sont pas payés.



Depuis quand est-ce que ces salaires ne sont pas payés ?

Je vous dis que les salaires ne sont pas payés. Les décrets ont été signés mais les salaires qui sont versés aux enseignants n'ont pas atteint les hauteurs que le ministre Bacongo annonce sur les antennes. Dans un Etat qui se respecte, un ministre ne peut pas annoncer des salaires qui ne sont pas payés. Vous annoncez des salaires, ces salaires ne sont pas versés et quand les enseignants se mettent en grève, pour réclamer ce taux de salaire, vous suspendez leurs salaires. Il y a quelque chose qui ne va pas. Quand vous annoncez les salaires 1 million, six cent mille, il faut les verser aux enseignants du supérieur et aux chercheurs. Mais ces salaires ne sont pas versés. Il y a certes eu une revalorisation mais cette revalorisation n'a pas atteint ces montants. Et chaque fois, ce sont ces montants qui sont livrés à la presse comme si on les payait et pourtant on ne les paye pas. Quand nous entrons en grève pour réclamer ces salaires, on suspend nos salaires. C'est encore l'expression d'une dictature.



Justement sur la question, il y a certains enseignants et chercheurs qui réclament encore 2 ans d'arriérés de salaires qui sont jusque-là non payés ?

Oui, en fait, ce sont des rappels de salaires qui ne sont pas payés. Vous savez, un fonctionnaire fait trois à 6 mois avant d'avoir son rappel. Cette fois, ces délais sont très longs et dépassent même l'année. Ces rappels-là, si le salaire est versé, ne sont pas versés. Pour ces enseignants-là, les salaires ne sont pas versés.



Le ministre dit avoir joué de tout son poids pour que cette revalorisation soit aujourd'hui une réalité. Et pour cela, il a même été taxé d'instigateur de la grève ?

Nous n'y étions pas pour lui porter la contradiction. C'est trop facile. Depuis une dizaine d'années, l'enseignement supérieur et la recherche ne n'est pas de qualité. N'eût été la grande valeur des enseignants du supérieur et des chercheurs, qui ont été formés pour les plus anciens en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, l'enseignement supérieur et la recherche en Côte d'Ivoire serait un secteur totalement sinistré. J'invite tous les Ivoiriens qui en doutent à se rendre sur le campus de l'université de Cocody pour se rendre compte dans quel état se trouve notre université. J'appelle le gouvernement à reconsidérer son attitude vis-à-vis de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui est un secteur stratégique de développement. Nous sommes peinés qu'avec autant d'intellectuels dans le gouvernement, ce secteur qui a formé tous les cadres de ce pays, qui peut apporter beaucoup au développement économique et social de l'Afrique soit délaissé. Je voudrais dire aux intellectuels ivoiriens qu'avec la naissance de la Cnec, qu'ils soient fiers d'avoir fait les études qu'ils ont faites. Grâce à eux, le pays pourra se développer.

Interview réalisée par Jean Prisca
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ