Ah ! Boston…

On connaît ‘‘Abobo la guerre’’, mais il y a un autre surnom attribué à cette commune populaire, un surnom inconnu des profanes : Boston. Seuls les baramôgô (les durs) connaissent son histoire. Dimba Sangaré, un pur sang d’Abobo est de la trempe de ceux-là.
-Alors, déjà condamné…indique le juge occupé à éplucher le dossier du prévenu, cet après-midi.
C’est un garçon de 25 ans, coiffure à la zazou, démarche de fiérot, un vrai dur à cuir, quoi.
-Ouais, confirme Dimba.
-C’était pourquoi ? lui demande le juge.
Il prend le micro, mais ne dit rien.
-Vous avez fait quoi et puis on vous a condamné, reprend le tribunal plus simplement.
-Accusation…
-Accusation ? Pour vol ?
-Han ?
Le magistrat qui s’impatiente lui crie :
-C’était pour vol ?
-Ouais.
-Et vous êtes là aujourd’hui pour vol.
-Accusation, reprend Dimba d’une voix de saoulard.
Le juge a des migraines.
-ça s’est passé à Boston, explique Dimba, j’ai vu un groupe de jeunes qui courraient vers moi, ils m’ont frappé.
On ne comprend rien à son explication. Le procureur se lève :
-C’est une tentative de vol de nuit. Il pourchassait une jeune fille pour l’agresser. En courant, celle-ci a été renversée par un gbaka (véhicule de transport commun). Des passants qui ont remarqué Dimba, l’ont arrêté.
Heureusement que la jeune fille s’en est sortie avec des blessures.
5 ans fermes ! La peine n’a même pas effrayé Dimba, qui hausse les épaules. Il vient de Boston…