« De l’espérance à l’illusion démocratique en Côte d’Ivoire » tel était le thème de la conférence publique animée par le Pr. Yacouba Konaté. Après avoir défini les deux concepts majeurs du thème, le conférencier a fait savoir que « l’avalanche positive du premier s’oppose à la connotation négative du second ». Son exposé fort enrichissant a consisté à démontrer « comment dans la Côte d’Ivoire tendue vers la démocratie, on en est arrivé à troquer les grandes espérances contenues dans les projets de changement de société formulés au début des années 1990 contre la fausse monnaie des vendeurs d’illusions qui, au pouvoir depuis dix ans, ne démontrent aucune volonté à aller aux élections ». Dans son développement, le conférencier a fait savoir qu’en réalité, la Côte d’Ivoire n’est pas passée de l’espérance à l’illusion, mais plutôt de l’espérance à la fiction. « Le régime Fpi a fictionné la démocratie » a-t-il affirmé. En termes clairs, Gbagbo et ses camarades frontistes ont redéfini la démocratie à l’image des conditions désastreuses de leur accession au pouvoir. Pour conserver, dit-il, ce pouvoir mal acquis, sans aucune légitimité populaire dans le cadre des « principes républicains de l’égalité des citoyens », ils fonctionnent par fictions. C’est pourquoi depuis la venue de la refondation au pouvoir, la Côte d’Ivoire est entrée dans une ère de fiction permanente : fiction de l’insurrection, fiction de complot de l’Etranger. Le Fpi et ses animateurs vont alors, au nom de faire barrage aux complots et aux insurrections, réprimer toute velléité de dénonciation ou de contestation de leur régime. D’où les événements de mars 2004 dont il est question ici. Et le conférencier de marteler : « ces évènements sont injustes, injustifiés et injustifiables ». En fait, le Fpi n’a pas apaisé le climat politique ivoirien. Gbagbo n’a pas cherché à asseoir sa légitimité comme Houphouët l’a fait en cherchant un consensus autour de son pouvoir. Et pourtant, a dit le Pr. Konaté « Tout régime a le devoir de faire mieux que son prédécesseur ». Alors, il pose ces questions à la conscience des Ivoiriens : Qu’en est-il du premier des Refondateurs ? Qu’est-ce qu’il fait de ce pouvoir ? Ce régime est-il bénéfique pour la Côte d’Ivoire ou les Ivoiriens en général ? Etc. « Ensemble nous pouvons faire échec à la capture de l’Etat et de la Nation par des groupes qui ont misé sur des idéologies plus ou moins nationalistes et ethnicisées. Leur propension à imposer comme norme leurs propres pratiques est une menace contre la citoyenneté et l’ordre républicain » a conclu le Pr. Konaté.
I.B. Kamagaté
I.B. Kamagaté