Assis comme un enfant innocent sur une chaise, à côté d’un lieutenant, dans un bureau de la police criminelle au Plateau, un homme filiforme, petit de taille, vêtu d’un tricot et d’un pantalon sale et froissé, a le regard hagard, évasif, et triste. Cet individu qui pratiquement gardera la tête baissée jusqu’à notre départ, et qui vient à peine de sortir du violon, hier aux environs de 9 heures, lorsque nous sommes entrés dans ce bureau, n’est autre que le président du mouvement patriotique Akoundan Ouflè, poursuivi en vain depuis des années par bon nombre de ses souscripteurs pour escroquerie portant sur plus d’un milliard FCFA. C’est ce personnage, dans le collimateur des forces de l’ordre depuis quelque temps, qui a été arrêté hier à 5 heures 30, “cueilli à froid”, en plein sommeil, dans une cour commune de Gbinta, un bidonville de la commune de Yopougon. Il est pris sans difficulté dans les filets de la police à l’aube dans un studio de fortune où il se cache depuis quelques jours pour échapper à son arrestation qu’il savait imminente. Orgueilleux, insolent et suffisant, Kouamé N’Guessan Théodore qui a toujours nargué la police, surtout ses victimes (ses souscripteurs) en faisant tabasser certains en public pour avoir osé réclamer leur argent est sermonné par des agents de la police avant sa très longue audition, une demie journée pratiquement. “C’est vous qui cassez les véhicules de la police lorsqu’on vous arrête en pleine circulation, c’est vous qui narguer la police”, lui dit un agent de la police en colère quelques minutes avant son audition. Aucune réaction de sa part, contrairement à ses habitudes. C’est plutôt au journaliste de Notre Voie qu’il s’adresse à voix basse. “Pourquoi n’avez-vous pas cherché à me rencontrer avant d’écrire sur moi ?”, me dit-il, apparemment très affecté par cette arrestation. “Je vous ai appelé par deux fois par téléphone pour m’informer sur les raisons des nombreuses plaintes de vos souscripteurs. Vous m’avez dit également par téléphone que je peux écrire ce que je veux parce que personne ne peut vous arrêter dans ce pays, parce que vous avez avec vous les forces de l’ordre, la justice, le régime en place”, lui répond son interlocuteur.
Après ce bref échange sous les regards amusés et surpris des policiers, il est conduit dans un autre bureau, toujours pour son audition en présence d’agents de la police économique, d’autres flics de différents commissariats où des plaintes massives ont été enregistrées. Pendant ce temps, dans la cour de la police criminelle, on assiste à un curieux ballet de personnalités civiles et politiques, notamment des élus, qui tentent de le faire libérer, en frappant à toutes les portes. Les quelques victimes venues se faire auditionner, ou déposer d’autres plaintes, ne cachent pas leur joie. “Nous espérons que cette fois-ci, ces mains occultes laisseront nos policiers travailler normalement. Nous ne pouvons pas comprendre qu’un tel individu puisse défier la loi, impunément, battre sauvagement quand il veut ses souscripteurs qui réclament leur argent. Que les hommes politiques que nous connaissons et qui le soutiennent à tort pour des dessous de table arrêtent de le soutenir. Qu’ils pensent au peuple qui est la majorité. Nous ne pouvons pas comprendre qu’un tel individu puisse endommager des véhicules de la police pour un simple contrôle de routine. Il y a un dieu pour les pauvres. Notre police a pris ses responsabilités face à l’injustice. Il a appauvri beaucoup d’Ivoiriens, semé la désolation. La police criminelle en l’arrêtant va soulager beaucoup de familles. C’est un escroc notoire qui mérite la prison”, lance R.T, le cœur meurtri, une des nombreuses victimes de Kouamé N’Guessan Théodore.
Au moment où nous quittions les lieux aux environs de 17 heures, la pression sur les responsables de la police judiciaire ne porte toujours pas ses fruits. Le président du mouvement patriotique est toujours aux mains de la police à la grande désillusion de la poignée de ses supporters éparpillés hors de la cour de la police criminelle.
N’Guessan Kouamé Théodore est seul contre tous. Aucun de ses nombreux “chiens de garde”, de ses “gros bras” et de ses nombreux partisans qui l’accompagnent habituellement dans tous ses déplacements spectaculaires, n’est visible. Le président du mouvement patriotique Akoundan Ouflè est arrivé, menotté, sans ses Hummers (l’une des voitures de luxe les plus chères au monde), sans son cortège impressionnant de 4x4 de luxe qui ne passe pas inaperçu, sans ses costumes haut de gamme, sans tout ce boucan auquel malheureusement les Ivoiriens étaient obligés de s’accomoder et qui cachait la plus grosse arnaque que la Côte d’Ivoire n’a jamais connue.
Charles Bédé
Après ce bref échange sous les regards amusés et surpris des policiers, il est conduit dans un autre bureau, toujours pour son audition en présence d’agents de la police économique, d’autres flics de différents commissariats où des plaintes massives ont été enregistrées. Pendant ce temps, dans la cour de la police criminelle, on assiste à un curieux ballet de personnalités civiles et politiques, notamment des élus, qui tentent de le faire libérer, en frappant à toutes les portes. Les quelques victimes venues se faire auditionner, ou déposer d’autres plaintes, ne cachent pas leur joie. “Nous espérons que cette fois-ci, ces mains occultes laisseront nos policiers travailler normalement. Nous ne pouvons pas comprendre qu’un tel individu puisse défier la loi, impunément, battre sauvagement quand il veut ses souscripteurs qui réclament leur argent. Que les hommes politiques que nous connaissons et qui le soutiennent à tort pour des dessous de table arrêtent de le soutenir. Qu’ils pensent au peuple qui est la majorité. Nous ne pouvons pas comprendre qu’un tel individu puisse endommager des véhicules de la police pour un simple contrôle de routine. Il y a un dieu pour les pauvres. Notre police a pris ses responsabilités face à l’injustice. Il a appauvri beaucoup d’Ivoiriens, semé la désolation. La police criminelle en l’arrêtant va soulager beaucoup de familles. C’est un escroc notoire qui mérite la prison”, lance R.T, le cœur meurtri, une des nombreuses victimes de Kouamé N’Guessan Théodore.
Au moment où nous quittions les lieux aux environs de 17 heures, la pression sur les responsables de la police judiciaire ne porte toujours pas ses fruits. Le président du mouvement patriotique est toujours aux mains de la police à la grande désillusion de la poignée de ses supporters éparpillés hors de la cour de la police criminelle.
N’Guessan Kouamé Théodore est seul contre tous. Aucun de ses nombreux “chiens de garde”, de ses “gros bras” et de ses nombreux partisans qui l’accompagnent habituellement dans tous ses déplacements spectaculaires, n’est visible. Le président du mouvement patriotique Akoundan Ouflè est arrivé, menotté, sans ses Hummers (l’une des voitures de luxe les plus chères au monde), sans son cortège impressionnant de 4x4 de luxe qui ne passe pas inaperçu, sans ses costumes haut de gamme, sans tout ce boucan auquel malheureusement les Ivoiriens étaient obligés de s’accomoder et qui cachait la plus grosse arnaque que la Côte d’Ivoire n’a jamais connue.
Charles Bédé