Pas besoin d’être spécialiste en intrigues et manœuvres politiques pour se rendre compte que dans ce pays, la Côte d’Ivoire, la volonté d’aller aux élections est un leurre. Mais sur les responsables du blocage dans le processus de sortie de crise, les avis sont loin de faire l’unanimité. Beaucoup d’Ivoiriens ont vu à travers les décisions de dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante prises le 12 février 2010 par le chef de l’Etat, une preuve de plus que Laurent Gbagbo allait aux élections mais dans la direction opposée à celle qui mène aux urnes. Ils ont pesté contre cette façon de repousser par tous les moyens les échéances. Les demandes récentes et récurrentes du camp du chef de l’Etat, et candidat à sa succession, de recomposer les commissions électorales locales, et d’auditer la liste électorale déjà certifiée par l’Onu les confortent dans leur position. Autre versant de la montagne politique ivoirienne, autre certitude. Et là, la dernière trouvaille vient du fils du prince. Samedi dernier, dans la commune de Yopougon d’où il entend lancer ses conquêtes politiques, celui que certains barons du sérail voient déjà comme « un autre fils de… » a affirmé que « l’opposition ivoirienne ne veut pas aller aux élections et affronter le champion de La majorité présidentielle ». Michel Gbagbo, c’est de lui qu’il s’agit, est allé plus loin en accusant cette opposition, réunie au sein du Rhdp, de vouloir un coup d’Etat. Joli renversement de situation dira l’autre ! Le plus important en politique n’est-il pas de mettre ses adversaires en situation de répondre des accusations qu’ils vous portent ? Michel joue ici en virtuose. Le temps d’expliquer qu’il ne mange pas de ce pain là, l’opposition aura laissé le champ libre au prince. Pour continuer à gagner du temps !
D. Al Seni
D. Al Seni