x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 3 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

Lettre ouverte à Son Eminence le Cardinal Bernard Agré : “Quels conseils donnez-vous à votre fils Gbagbo pour que cesse la crise ivoirienne ?”

Eminence,

Je vous adresse mes salutations filiales, à la veille de la Pâques chrétienne catholique, jour de résurrection du Roi des Juifs, notre Seigneur Jésus-Christ.

Vous êtes prélat catholique, distingué au rang de Cardinal, disciple de notre Seigneur.

Pour n'avoir jamais cautionné l'injustice et, surtout, pour avoir pris fait et cause pour le faible, Jésus-Christ est vu comme le plus grand justicier au monde et le Sauveur. La Théorie de la libération confère au prêtre une dimension que seul Dieu transcende. D'où la vénération que le peuple confère aux hommes de Dieu car, aux yeux des populations opprimées, ils sont de vrais guides et des libérateurs.

La religion, dans toutes les sociétés, occupe une place de choix. L'église catholique, rien qu'à admirer les grands édifices bâtis à la gloire du Seigneur par Houphouët-Boigny, tient une place prépondérante dans la vie de la société ivoirienne. Nous savons beaucoup de nos prélats conseillers de nos dirigeants. Et, le livre-entretien sur vous, Eminence, écrit par Lebry Léon Francis, dont de larges extraits ont été proposés par " Le Nouveau Réveil " prouve que vous êtes pénétré des choses de la république terrestre. A preuve, vous y parlez de vos rapports avec tous les présidents et chefs d'Etat qui ont eu à diriger la Côte d'Ivoire. On aura remarqué que vous n'avez jamais été en bons termes avec aucun de ces dirigeants, sauf celui qui est actuellement au pouvoir. Ils n'écoutaient pas vos conseils, même si l'un d'eux était votre " fils spirituel ". On se demande bien pourquoi. L'actuel chef d'Etat vous écoutait-il avant votre mise à la retraite ? Avec ce que nous observons depuis son avènement au pouvoir et surtout la conduite de la sortie de crise, rien n'est moins sûr ! Soit, vous êtes un piètre conseiller, soit Dieu ne vous inspire pas bien. Au demeurant, avez-vous toujours écouté la voix du Seigneur ? Je n'en douterais pas, mais certaines de vos réponses nous laissent perplexe. A une question sur les trois crises politiques majeures que la Côte d'Ivoire ait connues, à savoir le coup d'Etat du 24 décembre 1999, la fin du régime militaire en 2000, la rébellion du 19 septembre 2002, et de vos rapports avec Dieu en ces moments-là, vous répondez : " Je n'interrogeais jamais Dieu…Je fonctionne et je vis les évènements comme ils arrivent. " Un athée et un fataliste ne feraient pas mieux ! Et, on croirait entendre ceux qui, en politique, sèchent leurs vêtements partout où brillent un peu de soleil sous tous les régimes qui se sont succédé à la tête de la Côte d'Ivoire. Ainsi, " Le coup d'Etat de 1999, je l'ai subi comme tout le monde ". Surpris ?! La suite de votre conversation ( ?) avec le président est fort révélatrice : " Donnez-leur deux milliards. Cela évitera un coup d'Etat. " Croyez-vous, Eminence, que des individus qui ont préparé un coup d'Etat en voie de réussite étaient dans les détails de deux milliards ? Il faut être naïf comme un curé pour le croire ! Au demeurant, quand le président a reçu les militaires, il a satisfait toutes les doléances. Vous devriez, quand même, savoir qu'ils étaient manipulés, nos militaires ! A moins qu'on ne soit leur complice. Il est vraiment difficile de croire à votre ignorance dans l'avènement du coup d'Etat de 1999, surtout que vous faites vos choses, l'affirmez-vous, " Sans jamais m'afficher. ". Oh, cela peut bien se comprendre. Du président Bédié, vous dites : " Je le rencontrais de temps en temps, mais je n'avais pas l'impression d'avoir beaucoup d'influence. " Frustration d'un Evêque qui se croyait incontournable et qui voyait le président Bédié mettre toutes les religions sur le même pied d'égalité par ses visites au Nord du pays ? Un tel président déboulonné ferait l'affaire, surtout que celui qu'on accusera d'avoir fomenté le coup (Guéi) était votre fils spirituel quand vous étiez Evêque à Man. C'est pourquoi, la mort de ce dernier dans la cathédrale dont vous avez la charge a ému plus d'un Ivoirien.

Vous savez, Eminence, quand la rébellion a éclaté le 19 septembre 2002, tous les Ivoiriens vous croyaient à Rome en train d'aider celui que vous considérez comme l'un de vos fils à être reçu par le Pape. Si ce n'est à travers votre livre, nul n'aurait su que vous étiez à l'Archevêché. A quel moment, Son Eminence a-t-elle quitté son domicile pour ne pas voir arriver Guéi ? Quelle témérité de sortir cette " nuit des longs couteaux " quand on sait que les Marcellin Yacé rentrant ont été criblés de balles par les rebelles !? Et puis, vous en savez des choses : Vous dites savoir que Boga Doudou savait qu'il allait être éliminé. Il faut être dans le secret des Dieux pour avoir une telle information. Heureusement que, comme le dit le père René Agbo, le curé de la Cathédrale du Plateau qui a vu les militaires violer ce lieu saint, se saisir de Guéi dont le corps sera retrouvé à la Corniche, que l'Eglise sait garder le silence. Ainsi, ne saurions-nous jamais si on a eu le courage de dire au tenant du pouvoir actuel ce que vous avez dit aux généraux Palenfo et Doué : " On ne viole jamais les lieux sacrés comme la cathédrale, où vous venez chercher des gens. Si vous le faites, votre régime ne durera pas. " Vous avez été bien inspiré, Eminence, comme le jour où vous avez quitté la cathédrale, laissant Guéi aux mains des escadrons de la mort. Vous n'êtes point à blâmer, outre mesure. Vous aviez votre démarche d'Evêque : " Je n'interrogeais jamais Dieu." Mais Dieu, lui, n'oublie pas les siens. Tel est votre cas.

Sery Gervais

Enseignant à Jacqueville
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ