A cause de la dérégulation, le prix de la fève verte dégringole. La filière ivoirienne est menacée de disparition.
Le café ivoirien a perdu des fleurs et le miracle se mue en cauchemar. La preuve de la débâcle, la production nationale qui enregistre, au fil des campagnes, d’importantes baisses. En quelques années, le niveau de la production ivoirienne est passé de 320.000 tonnes à moins de 150.000 tonnes. La spéculation vit un véritable drame d’autant que cette descente aux enfers ne semble émouvoir personne. Par exemple, pour la fixation périodique des prix, le président du Comité de gestion de la filière café cacao a toujours oublié le café. «Le café, lui, c’est une autre affaire», se contente de dire Gilbert Ano N’Guessan, laissant les producteurs à la merci des pisteurs et autres démarcheurs véreux.
Les caféiculteurs orphelins
Pourtant, les fèves vertes avaient changé la vie de milliers de paysans. Au niveau des zones de production, les agriculteurs racontent presque tous la même chose : l‘époque où les plantations grouillaient d’ouvriers, s’affairant à récolter les fèves de café... Aujourd’hui, ils égrènent la misère, décrivent les plantations qu’ils abandonnent. Cette mauvaise conjoncture de la fève verte, affirment les dirigeants de la Coopérative Ikoda de Divo, a plongé plusieurs familles rurales dans une sorte d’indigence.
Selon le président André Koffi, les petites plantations qui représentent la quasi-totalité de la production, sont, en effet, les plus touchées. Pour lui, le passage d’un marché relativement organisé à un marché submergé est la principale cause de l’effondrement des cours. Les cours de l’arabica et du robusta ont, certes, légèrement remonté depuis le début de l’année, pour s’afficher à 70 cents-dollars par livre, mais difficile de faire oublier les 300 cents dollars affichés, il y a quelques années. Cette compression de prix influence les revenus des caféiculteurs et les démotive à la pratique de la spéculation. Le 26 février au Guatemala, le directeur exécutif de l’Organisation internationale du café (Oic), Nestor Orio, a reconnu que la forte fluctuation des prix augmente les risques à l’investissement dans les caféières. De ce fait, les revenus plus élevés générés par les cultures concurrentes rendent, aujourd’hui, la culture du café moins attirante. De nombreux paysans ont reconverti leurs caféières en d’autres cultures pérennes (palmier à huile et hévéa) qu’ils trouvent plus rentables. Pour eux, ces dysfonctionnements réduisent la capacité des producteurs à entreprendre des investissements dans leurs parcelles dont un volet est l‘accès difficile à la terre. Cette situation est exacerbée par le blocage foncier que connaît la Côte d’Ivoire, depuis plusieurs années. Pour le président Koffi, ces défaillances entravent la création de nouvelles parcelles. Par ailleurs, en période de prix bas, les ouvriers refusent de travailler dans les plantations de café. «C’est l’une des principales causes de l’abandon des parcelles de café», dit-il. Mais ce n’est pas tout. Les paysans ivoiriens sont confrontés au manque de moyens financiers : cela les met dans l’incapacité d’acquérir des intrants chimiques, du matériel végétal sélectionné. Conséquence, le verger caféier est vieillissant et est constitué en grande partie de plants non sélectionnés. Ces deux facteurs, en plus des conditions écologiques, ont un impact négatif sur les rendements des plantations. En effet, les pratiques culturales se limitent à deux ou trois sarclages annuels et très peu d’intrants sont utilisés. La création de nouvelles plantations, la pratique du recepage et de la replantation sont devenues rares compte tenu de l’absence de réserves de terre et de l’inaccessibilité de la main d’œuvre. Selon un cadre du Centre national de recherche agronomique (Cnra), plus de la moitié du verger caféier a dépassé la durée de vie économique et les opérations de replantation et de recépage sont pratiquées par très peu de paysans.
La relance est possible
L’institut de recherche travaille à la remise en production du verger abandonné. Il s’agit de la régénération des vieilles caféières de plus de 25 ans qui devra se faire par une replantation avec du matériel végétal sélectionné (donnant des rendements plus élevés, résistant aux maladies et insectes). «Il faut également réhabiliter le verger en respectant les itinéraires techniques (désherbage, égourmandages, application d’intrants chimiques) », explique-t-il. Mais également, le Cnra s’attelle à diffuser les hybrides H79, H80, H81, H82, qu’il a mis en place. Les semences sont distribuées sous forme de cerises, faciles à manipuler, à transporter, avec des techniques culturales simples. L’association de ces hybrides donne des résultats assez satisfaisants en production : 2,5 à 3 tonnes à l’hectare et une bonne résistance aux maladies telles que la rouille orangée. En outre, les plantations entrent en production au bout de 2 années après le planting. Cependant, le facteur prix est difficilement influençable dans la mesure où la filière café est dans un contexte de libéralisation.
Lanciné Bakayoko
Le café ivoirien a perdu des fleurs et le miracle se mue en cauchemar. La preuve de la débâcle, la production nationale qui enregistre, au fil des campagnes, d’importantes baisses. En quelques années, le niveau de la production ivoirienne est passé de 320.000 tonnes à moins de 150.000 tonnes. La spéculation vit un véritable drame d’autant que cette descente aux enfers ne semble émouvoir personne. Par exemple, pour la fixation périodique des prix, le président du Comité de gestion de la filière café cacao a toujours oublié le café. «Le café, lui, c’est une autre affaire», se contente de dire Gilbert Ano N’Guessan, laissant les producteurs à la merci des pisteurs et autres démarcheurs véreux.
Les caféiculteurs orphelins
Pourtant, les fèves vertes avaient changé la vie de milliers de paysans. Au niveau des zones de production, les agriculteurs racontent presque tous la même chose : l‘époque où les plantations grouillaient d’ouvriers, s’affairant à récolter les fèves de café... Aujourd’hui, ils égrènent la misère, décrivent les plantations qu’ils abandonnent. Cette mauvaise conjoncture de la fève verte, affirment les dirigeants de la Coopérative Ikoda de Divo, a plongé plusieurs familles rurales dans une sorte d’indigence.
Selon le président André Koffi, les petites plantations qui représentent la quasi-totalité de la production, sont, en effet, les plus touchées. Pour lui, le passage d’un marché relativement organisé à un marché submergé est la principale cause de l’effondrement des cours. Les cours de l’arabica et du robusta ont, certes, légèrement remonté depuis le début de l’année, pour s’afficher à 70 cents-dollars par livre, mais difficile de faire oublier les 300 cents dollars affichés, il y a quelques années. Cette compression de prix influence les revenus des caféiculteurs et les démotive à la pratique de la spéculation. Le 26 février au Guatemala, le directeur exécutif de l’Organisation internationale du café (Oic), Nestor Orio, a reconnu que la forte fluctuation des prix augmente les risques à l’investissement dans les caféières. De ce fait, les revenus plus élevés générés par les cultures concurrentes rendent, aujourd’hui, la culture du café moins attirante. De nombreux paysans ont reconverti leurs caféières en d’autres cultures pérennes (palmier à huile et hévéa) qu’ils trouvent plus rentables. Pour eux, ces dysfonctionnements réduisent la capacité des producteurs à entreprendre des investissements dans leurs parcelles dont un volet est l‘accès difficile à la terre. Cette situation est exacerbée par le blocage foncier que connaît la Côte d’Ivoire, depuis plusieurs années. Pour le président Koffi, ces défaillances entravent la création de nouvelles parcelles. Par ailleurs, en période de prix bas, les ouvriers refusent de travailler dans les plantations de café. «C’est l’une des principales causes de l’abandon des parcelles de café», dit-il. Mais ce n’est pas tout. Les paysans ivoiriens sont confrontés au manque de moyens financiers : cela les met dans l’incapacité d’acquérir des intrants chimiques, du matériel végétal sélectionné. Conséquence, le verger caféier est vieillissant et est constitué en grande partie de plants non sélectionnés. Ces deux facteurs, en plus des conditions écologiques, ont un impact négatif sur les rendements des plantations. En effet, les pratiques culturales se limitent à deux ou trois sarclages annuels et très peu d’intrants sont utilisés. La création de nouvelles plantations, la pratique du recepage et de la replantation sont devenues rares compte tenu de l’absence de réserves de terre et de l’inaccessibilité de la main d’œuvre. Selon un cadre du Centre national de recherche agronomique (Cnra), plus de la moitié du verger caféier a dépassé la durée de vie économique et les opérations de replantation et de recépage sont pratiquées par très peu de paysans.
La relance est possible
L’institut de recherche travaille à la remise en production du verger abandonné. Il s’agit de la régénération des vieilles caféières de plus de 25 ans qui devra se faire par une replantation avec du matériel végétal sélectionné (donnant des rendements plus élevés, résistant aux maladies et insectes). «Il faut également réhabiliter le verger en respectant les itinéraires techniques (désherbage, égourmandages, application d’intrants chimiques) », explique-t-il. Mais également, le Cnra s’attelle à diffuser les hybrides H79, H80, H81, H82, qu’il a mis en place. Les semences sont distribuées sous forme de cerises, faciles à manipuler, à transporter, avec des techniques culturales simples. L’association de ces hybrides donne des résultats assez satisfaisants en production : 2,5 à 3 tonnes à l’hectare et une bonne résistance aux maladies telles que la rouille orangée. En outre, les plantations entrent en production au bout de 2 années après le planting. Cependant, le facteur prix est difficilement influençable dans la mesure où la filière café est dans un contexte de libéralisation.
Lanciné Bakayoko