C’est en véritable maître du sujet, que le ministre Cissé Bacongo s’est prêté aux « grandes questions de la Rédaction » du quotidien « L’Expression ». C’était hier, dans les locaux du confrère à Cocody Angré. Il s’agissait pour lui de débattre de ce grand malade qu’est l’enseignement supérieur ivoirien. Dans le style « B to B » sur des questions relatives au département qu’il a la lourde charge de diriger, Cissé Bacongo, le temps d’une matinée, a tenté de dissiper les inquiétudes des journalistes sur toutes les préoccupations alarmantes que lancinantes de ce compartiment névralgique du système éducatif ivoirien. Entre autres, l’élection à la présidence de l’Université de Cocody, le retour de l’Université de Bouaké à …Bouaké, les avancées de la reforme Licence, Master Doctorat (LMD), la question du désengorgement des facultés, les grèves interminables et le manque d’enseignants, la reforme du BTS, la violence syndicale avec le bicéphalisme à la tête de la FESCI, la question de fraude aux examens et son corollaire de faux diplômes… D’entrée, le directeur de publication du quotidien « L’Expression » Alseni Dembélé de planter le décor de ces échanges chaleureux entre le ministre et les journalistes. « Nous sommes ravis que vous ayez accepté notre invitation pour débattre des questions relatives à votre département », a indiqué le DP. Avant d’enchaîner avec une série de questions, notamment celles relatives à l’élection du président de l’Université de Cocody, le retour des étudiants de Bouaké. Avec une connaissance des problèmes de ces compartiments, le ministre a éclairé la lanterne de son auditoire. Abordant la question de l’élection du président de l’Université de Cocody qui n’est pas encore effective, à cause des blocages relatifs à la candidature du Pr Aké N’go doyen de l’UFR des Sciences économiques, le ministre Bacongo a révélé qu’un arrangement a été trouvé. « Il y avait des divergences dans la compréhension des textes et des principes formels. Après l’audience que le Premier ministre a accordée aux différents candidats un consensus a été trouvé. Celui de laisser tous les candidats se présenter. Je peux vous dire que l’élection à la présidence de l’Université de Cocody aura lieu courant avril », a t-il ajouté. Sur l’épineuse question du désengorgement de l’Université de Cocody qui a fait l’objet d’âpres échanges, l’invité de la Rédaction a décliné les grands chantiers en friche que son équipe et son cabinet s’attèlent à traduire en actes : « Nous avons en projet la création d’universités thématiques à Bingerville et à Grand-Bassam, mais le fait majeur c’est que l’équipe dirigeante actuelle de l’Université de Bouaké a, en priorité, le retour par vagues successives des étudiants affectés à Bouaké à Bouaké ». Ensuite, il a donné des chiffres sur le prétendu effectif pléthorique de l’Université de Cocody. « Prévue pour accueillir six mille étudiants, aujourd’hui l’on a 60 mille à 70 mille étudiants à l’Université de Cocody. Mais tenez-vous bien près de 45 mille de ces étudiants ne sont pas dans les fichiers de la scolarité de Cocody, ce sont des étudiants clandestins, ils se contentent d’inscriptions pédagogiques pour se faire passer pour des étudiants régulièrement inscrits, à l’heure actuelle seulement 10 à 15 mille sont régulièrement dans les fichiers », a précisé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui avait à ses côtés le Pr. Sidibé Valy, directeur général de la recherche scientifique et de l’innovation technologique. S’agissant de la reforme LMD, le premier responsable de l’enseignement supérieur a noté son avancée « dans de bonnes dispositions ». Mais, a prévenu le ministre Bacongo, « son application réelle sur le terrain exige la bagatelle de 20 milliards de nos francs ». Autre sujet qui a déchaîné des passions, la question de faux diplômes et de la licence controversée du leader de la galaxie patriotique. « Pour ce qui est de Blé Goudé, un arrêté du ministre Séry Bailly est formel, son nom figure sur une liste d’étudiants qui n’ont pas validé toutes les unités de valeur de la licence », a tranché le ministre Bacongo. C’est donc un débat très enrichissant qui aura eu le mérite de passer en revue toutes les questions brûlantes de l’enseignement supérieur.
Moussa Keita
Moussa Keita