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Politique Publié le jeudi 8 avril 2010 | Notre Voie

Processu de paix : Mangou met au pas les femmes du Rhdp

Le mardi dernier, le chef d’Etat major des armées, le général de division Philippe Mangou a reçu les femmes militantes du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Il leur ouvert son cœur. Nous vous proposons ses propos tels que rapportés par Le Nouveau Réveil dans son édition d’hier.

“Mme la présidente, je voudrais vous saluer et saluer la démarche. Elle nous va droit au cœur. C'est ce que nous disons chaque jour aux Ivoiriens. Si nous prenons la peine de nous asseoir comme nous le faisons ce soir, on va éviter pas mal de problèmes à notre pays. Et j'ai toujours dit à mes hommes : on ne règle rien par la violence. On ne peut rien obtenir par la violence. La preuve, nos frères d'armes ont pris les armes contre la République, on est pratiquement à dix ans, et on n'a trouvé aucune solution. Moi, je n'ai rien contre l'opposition. Ce sont des Ivoiriens qui sont dans l'opposition. Mais Mme la présidente, je voudrais vous dire que peut-être vous ne connaissez pas l'histoire de ce pays. Et vous ne connaissez pas les hommes qui animent ce pays. Vous parlez d'armée républicaine. Qu'est-ce que c'est qu'une armée républicaine, Madame ? Nous ne sommes pas rentrés dans l'armée en 2000 comme certains pourraient le penser. J'ai 38 ans d'armée. Le président Gbagbo n'a fait que dix ans au pouvoir. Donc, c'est dire que j'ai passé les 28 autres années avec Félix Houphouët Boigny, avec Alassane Ouattara, avec Bédié. Madame, peut-être que vous ne connaissez pas mon histoire. Je suis un militaire, je suis fils de pasteur, donc ce que je vous dis, ce n'est que la vérité. En 1999, j'étais le commandant du bataillon blindé quand des officiers sont venus me voir, en l'occurrence, le cousin du Général Guéi pour nous demander d'aller contre le régime de Bédié. Nous avons pris position et nous avons dit non. Moi, j'étais au bataillon blindé, Remarck était à la Firpac, et avec nous, beaucoup d'officiers, de soldats, de sous officiers. Nous avons dit non. Nous avons fait sortir les chars, nous avons pris position. Nous avons dit qu'il n'était pas question. Nous avons empêché qu'un coup d'Etat se réalise. J'ai été affecté après à la présidence où j'ai travaillé aux côtés du président Bédié. Et puis, sentant que les élections allaient venir, on m'a réaffecté au bataillon blindé. Et en 1999, lorsque ceux qui ont tenté le premier coup d'Etat l'ont réussi, Madame, j'ai porté ma croix comme Christ l'a fait il y a de cela quelque temps avec ma famille. Je porte des séquelles en moi. Ma femme a été violentée, elle venait d'avoir un bébé de trois mois. Des propres frères d'armes sont arrivés chez moi, ils ont tout cassé, ils ont cassé mon véhicule. Ils ont pris mon enfant, pistolet sur la tempe, parce que disaient-ils, mon épouse était la nièce de Bédié. Ça, nous l'avons fait parce que nous accomplissions notre mission. Je suis passé à la poudrière, Madame, de 9 h jusqu'à 19 h sous les barbelés, battu à sang, pratiquement laissé pour mort. On m'a trimballé au camp commando d'Abobo avec pour consigne de ne pas me donner à boire et à manger. J'ai été sauvé par Dieu, je puis vous le dire, Madame. Ma mission, c'était de défendre les Institutions de la République en tout temps et en tout lieu, en toute circonstance. Pendant que des cadres du Pdci à l'époque se déculottaient, retournaient leur veste, nous avons porté notre croix, avec moi, beaucoup d'officiers et de sous-officiers. Nous croupissons-là, à la Maca. Mais vous savez, tout ce que Dieu fait est bon. C'est ce même Dieu qui a permis qu'aujourd'hui, nous soyons au premier plan avec cette crise. Et ce même Dieu a fait que je sois désigné commandant du théâtre des opérations. Nous avons vu beaucoup de choses. Les éléments des Forces de défense et de sécurité ont donné leur poitrine pour vous permettre d'avoir le peu de paix pour faire la politique que vous êtes en train de faire, parce que vous aurez pu ne pas la faire. On l'a vu pendant deux ans. Qui parlait du Rhdp ? Qui parlait de politique alors que certains des vôtres allaient à genoux pleurer devant les rebelles qui avaient éventré des femmes, aligné nos frères d'armes pour les assassiner lâchement ? Ils s'étaient mis à genoux, pour leur demander pardon. Aujourd'hui, la paix est là. Nous avons vu tout cela sur le terrain. Nous avons vu tomber des frères d'armes. Nous avons vu des familles décimées. Vous êtes des femmes, c'est vous qui enfantez, vous connaissez la douleur de l'accouchement. C'est à vous qu'on doit parler. Vous devez jouer auprès de vos époux, de vos enfants, des rôles primordiaux pour les amener à une prise de conscience. (…) Beaucoup n'ont pas vécu les affres de la guerre. Beaucoup ne savent pas ce que c'est. Quand je quittais le théâtre, ne serait-ce que pour dire bonjour à ma vieille mère, à Yopougon, ça dansait, Abidjan était animé. Je me demandais si le pays était en guerre. Nous, nous étions sur la ligne de front. Des gens tombaient chaque jour. Aujourd'hui, je comprends pourquoi certains responsables politiques frappent du poing sur la table pour dire, c'est nous qui voulons faire la guerre, faire ceci et cela. Ils n'ont pas connu les affres de la guerre. Un gars comme Djédjé Mady, s'il avait connu ça, il n'aurait pas invité les enfants dans la rue. Alassane peut-être le sait, il a trouvé que ce que nous avons fait en défendant la patrie, c'était mauvais. Il l'a dit, j'ai eu à répliquer. Et vous avez trouvé qu'en répliquant, on s'immisçait dans les affaires politiques. Mais non ! On ne peut dire qu'on a défendu la république et être traité de sot. Quand une balle sort du canon, elle ne choisit pas l'individu. Ce que nous avons fait c'est sot, alors il faut se taire et écouter ? Nous ne pouvons accepter cela. Nous avons pris la parole lorsque Djédjé Mady a dit qu'on ne reconnaissait plus le président de la République en tant que tel. Madame, dans n'importe quel Etat, vous tenez un tel propos, on vous arrête sur le champ. C'est un coup d'Etat qui ne dit pas son nom. Et nous, notre mission, c'est de défendre et de protéger les Institutions de la République au prix de nos vies comme je l'ai fait hier pour Bédié. Aujourd'hui, je suis en train de le faire pour Gbagbo. Demain si Alassane vient, je le ferai pour lui. C'est ça la quintessence de notre mission. Et c'est ce que vous ne comprenez pas parce que pour vous, on est républicain quand on est au pouvoir, on reçoit les honneurs de l'armée, on est défendu et protégé par l'armée. Quand on est de l'opposition, alors l'armée n'est pas républicaine. Hier Bédié disait qu'on était républicain. (…) Je n'ai rien contre l'opposition. Hier, c'est moi qui ai sauvé Anaky Kobena avec les histoires de déchets toxiques. Lorsque son véhicule a été pris à partie, brûlé et qu'il ne savait où partir, il a été recueilli par les éléments du premier bataillon d'infanterie. C'est moi qui ai pris l'hélico sans l'autorisation de qui que ce soit pour aller chercher, son épouse, son enfant et lui, le faire manger et le conduire au village. Et ce monsieur s'asseoit aujourd'hui pour dire “faisons comme à Madagascar”. En lançant cet appel, c'était un clin d'œil qu'il faisait à l'armée. On devrait réagir, on a réagi. Parce que l'histoire nous enseigne qu'ici, quand quelqu'un dit quelque chose, il faut prendre le devant. La Côte d'Ivoire telle qu'elle était divisée, déjà à l'époque, il y a de cela quelques années, le journal “Le Patriote” avait fait le même dessin, personne n'avait trouvé à redire. Il s'est réalisé. Nous avons pris sur nous la responsabilité de réagir dès qu'il y a quelque chose pour que ça n'aille pas plus loin. Ne lancez pas de piques à nos hommes, ils ont été merveilleux. Ils se battent pour le pays, ils se battent pour vous protéger de jour et de nuit dans des conditions extrêmement difficiles. (…) On nous dit que l'armée n'est pas républicaine, qu'elle parle trop. Oui Madame, l'armée va parler. L'armée est muette en caserne quand les gens en politique s'asseyent pour discuter, pour construire le pays et non inviter les gens à la violence et à la destruction. Si vous avez un peuple discipliné, travailleur, uni, vous aurez une armée silencieuse, disciplinée. Mais si vous avez un peuple belliqueux, vous aurez une armée belliqueuse. Vous ne pouvez pas inviter les enfants des gens dans la rue alors que vos enfants n'y sont pas. Ils sont tous en France pour faire de grandes études. Dans cette marche, a-t-on vu les enfants de Bédié, d'Alassane Ouattara, de Djédjé Mady ? Vous, vous conservez ce qui vous est cher et vous mettez en pâture ce qui est cher aux autres. Vous pensez que c'est normal ? (…) Quand vous lancez un message, on analyse. “Par tous les moyens”, ça veut dire quoi ? Alors, nous avons dit trop c'est trop. Nous ne pouvons pas rester là les bras croisés. D'ailleurs, nous ne sommes pas formés pour aller contre la population, mais pour la défendre. Parce que le comble dans tout cela, vous avez dit : on n'entre pas à la Cei, au gouvernement. Le coq a-t-il chanté que vous êtes déjà à la Cei et au gouvernement ? Et ces morts, vous en faites quoi ? Parce que vous, votre objectif, c'était de copier ce qui se passe dans les autres pays, ce qui s'est passé en Guinée, qu'on dénombre les morts et puis vous faites le calcul macabre pour qu'on accuse le pouvoir. Mais, ce fauteuil, il n'y a qu'une seule place. Et vous vous battez souvent inutilement. (…) Vous ne pouvez pas vous asseoir entre vous femmes, hommes pour discuter. Ceux qui ont eu des parents assassinés ont réussi à pardonner Qu'est-ce que vous ne pouvez pas pardonner. C'est vous femmes qui connaissez le prix de la vie, qui aujourd'hui prenez position de la sorte ? (…) Madame, réfléchissons, qu'est-ce que nous voulons faire de notre pays ? On s'acharne sur le Sud où l'on fait des efforts et puis le Nord, on le laisse. Parce que quelque part, il y a un lien et pourtant on sait que ce qui se fait est mauvais. On réclame le désarmement pour permettre de travailler, on dit pourquoi on le réclame. Mais c'est dans l'intérêt de tous. Moi, j'ai mal au cœur. Chacun n'a qu'à l'esprit son intérêt. (…) Ayons pitié des Ivoiriens. Je dis à mes militaires, nous gagnerons à avoir un bon comportement avec la population, nous gagnerons à défendre notre pays. Si ce n'est pas fait, on se retrouve dans la mer, tous. Les dispositions que nous prenons, ce n'est pas pour aller contre vous. C'est vous qui vous en prenez aux éléments des Forces de défense et de sécurité. Quelle est cette marche où on tire sur le policier avec un calibre 12 ? Vous concevez et vous donnez la mort. Vous avez un grand rôle à jouer. Tendez la main à vos sœurs du Fpi. Parlez à vos époux. Qu'on ne nous pousse pas à la violence, à la guerre. Ce qui me fait mal, on utilise le nom d'un illustre homme, Houphouët, un homme de paix, on a un parti qui porte son nom et aujourd'hui, c'est la haine, la violence. Je crois que vous devez être de ceux à qui si on donne une gifle sur la joue droite, devez donner la joue gauche. Ce que vous faites ne reflète pas Houphouët Je suis sûr que là où est Houphouët dans sa tombe, il tourne et se retourne, mais il n'arrive pas à avoir la position idéale qu'il faut. Nous l'avons connu, nous l'avons servi. Pourquoi avez-vous fait toutes ces destructions ? Vous détruisez ce que vous avez construit et qui fait votre fierté. Qu'est-ce que vous laissez à la jeunesse ? (…) Les morts ne doivent pas être fiers de vous tout comme nous les humains, nous ne sommes pas fiers de vous. Moi, je pensais que pour avoir pris cette position, on allait dire, on n'entre pas au gouvernement, on n'entre pas au gouvernement. On va jusqu'au bout. A la Cei, on n'entre pas. Mais les corps étaient chauds qu'on les enjambe pour prendre la porte du palais. Qu'est-ce que vous voulez ? Et c'est à nous que vous venez demander notre mission ? Mais vous la connaissez. Vos leaders pour lesquels vous vous battez, ils disaient la même chose hier quand ils étaient au pouvoir. Si vous êtes vraiment de vraies Ivoiriennes, faites quelque chose pour sauver ce pays ”.

Source : Le Nouveau Réveil
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