La scène était presque réelle. Des manifestants très en colère barrent une rue avec des pneus enflammés. A la vue des policiers harnachés (casques, boucliers, gilets spéciaux, matraques et grenades lacrymogènes), ils s'effarouchent. Des injures fusent, des cailloux s'envolent qui ricochent sur les boucliers. La charge de la police risquant d'être insuffisante, ces derniers font appel à un détachement militaire. Ce renfort arrive avec des armes conventionnelles. Les lance-grenades entrent en action. Les manifestants qui reculent, sont pourchassés par les Fds. Quelques arrestations un tantinet musclées. La rue est dégagée et des patrouilles parcourent les alentours pour sécuriser les lieux et empêcher d'éventuels rassemblements de manifestants en vue d'une ''reprise des hostilités''. C'était samedi dernier à l'Emprise de l'Aéroport de Yamoussoukro, anciennement réservée au fret que squattaient des soldats français de l'Opération Licorne. Cette emprise est actuellement aux mains des militaires nationaux (Dmir et fusiliers de l'air des Fanci). L'opération était le dernier acte de la formation au maintien de l'ordre de 140 militaires dépendant du Commandement du théâtre des opérations (Comthéâtre), après 2 semaines de cours tant théorique que pratique. Des soldats des Fanci issus de la Garde républicaine (1 section), du groupement Ouest, Daloa (2 sections), du Commandement des opérations (1 section) du Sous-groupement-Centre de Daoukro (1section), des fusiliers commandos de l'air et du Dmir (Détachement mobile d'intervention rapide (1 section). Une démonstration que le comthéâtre, le capitaine de vaisseau, Konan K. Boniface, entouré des formateurs, le commissaire divisionnaire Gnepa Kola Philippe, préfet de police, le lieutenant-colonel Abé Séka Arsène commandant la 3ème légion de gendarmerie et plusieurs officiers de police. C'est que le maintien d'ordre est généralement dévolu à la police et à la gendarmerie nationale. Qui, en cas de nécessité, peuvent faire appel aux militaires, des spécialistes en défense du territoire. Les grands commandements des Fds ont donc décidé, afin de permettre aux soldats de se familiariser avec cet exercice et le pratiquer dans les règles de l'art en cas de nécessité, de procéder à cette formation assurée par la préfecture de police de Yamoussoukro. Auparavant, le colonel Gnepa Philippe, le formateur principal, s'est réjoui du fait que ses stagiaires aient ''fait le parallèle entre la guerre et le maintien d'ordre. Demain, vous pourriez être appelés, en cas de troubles au maintien d'ordre. Souvenez-vous qu'en face, ce ne sont pas des ennemis…'', a-t-il expliqué aux militaires. Quant au comthéâtre, le capitaine de vaisseau Konan K. Boniface expliquera qu'il s'agit là ''d'apprendre aux militaires comment limiter l'usage de la force en vue d'éviter tous les excès''. Ce qui, explique-t-il, n'est pas chose aisée, les manifestants pouvant être violents tant verbalement que physiquement. Aux 140 soldats, le comthéâtre insistera pour qu'une fois arrivés dans leurs unités, ils puissent faire la restitution de ce qu'ils ont appris. De sorte qu'ainsi formés, ils puissent éviter, lorsqu'ils sont appelés au maintien d'ordre, un usage disproportionné de leur force. Chaque participant a reçu un diplôme de fin de stage, avec les félicitations du Cema, le général de division Philippe Mangou qui, a expliqué le comthéâtre, a différé sa participation à cette cérémonie pour des raisons de calendrier.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Ousmane Diallo à Yamoussoukro