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Société Publié le lundi 12 avril 2010 | Nord-Sud

Brigade motorisée de circulation et de regulation : Comment les policières sont draguées

Incursion dans le monde des femmes policières d'Abidjan. Marlène, membre de la brigade motorisée de la circulation et de la régulation (Bmcr), révèle qu'elles et ses collaboratrices sont draguées aux différents carrefours. Sans vergogne. Elle n'y voit aucun inconvénient. Au contraire…

Marlène vient d'achever sa douche. Il sera bientôt 6 heures du matin. Et à cette heure-là, elle devra être présente à l'Ecole de police à Cocody. Comme chaque matin depuis quatre mois, elle, qui habite la Riviera III, presse le pas pour être à l'heure lors du rassemblement et de la désignation du carrefour où elle et cinq autres jeunes policières seront de service. Vêtue de sa tenue kaki, de son arme de dotation et de ses bottes, elle casse la croûte rapidement (car elle n'aura pas le temps de manger jusqu'à sa descente à 21h) et met le cap sur Cocody. Son pantalon lui sied parfaitement. Avec sa taille d'un mètre 77 pour 69 kg, elle ressemble à une vraie gazelle. Le charme en plus. Elle s'est faite coquette ce matin car, depuis une semaine, un jeune cadre qui passe presque tous les matins vers 7h au carrefour Saint-Jean de Cocody, lui fait la cour. Assidument. A bord de son véhicule bleu, il ne la laisse plus indifférente. Et elle aime bien ses manières. Marlène croise donc les doigts afin d'être désignée ce matin à ce fameux carrefour. Ne serait-ce que pour voir passer son amoureux. Une fois à l'Ecole de police, elle récupère sa moto et son casque de protection. Avec son grade de sergent, la jeune policière espère vite devenir sergent-chef, puis adjudant, etc. Mais, c'est là une autre histoire… Issue de la promotion (2007-2009) « Laurent Gbagbo », Marlène qui vient juste de fêter ses 26 ans nous explique sa mission ainsi que celle des 299 autres policières détachées à la Bmcr. « Avant nous, il existait déjà l'Unité de régulation et de contrôle (Urc). Le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro a souhaité que des agents, de préférence des filles, soient formées et complètent le travail de l'Urc », confie-t-elle. Virilisation de la femme ou féminisation d'un corps réputé « viril » ? Et Marlène de poursuivre : « Nous sommes en mouvement et avons aussi le droit de faire des contrôles. Notre particularité est que nous sommes mobiles… », explique-t-elle. Marlène précise que ses « sœurs » et elle sont sur le terrain depuis le 27 décembre 2009. Soit quatre mois. Leur formation, par vagues, s'est déroulée à la Bae de Yopougon sous les ordres du champion ivoirien de la moto, Pascal Vigneron. « Aujourd'hui, nous savons toutes monter à moto. Monsieur Vigneron nous a bien formées », rassure-t-elle. Malgré tout, les accidents sont légion. Si ces jeunes policières ne sont pas renversées par des automobilistes, ce sont elles-mêmes qui tombent comme des mangues mûres et endommagent leurs engins. « J'ai une amie qui s'est récemment embourbée dans un tas de graviers et a fait une chute. Elle s'est fait mal au genou et est au repos depuis trois semaines… », nous a encore confié Marlène. Il est exactement 6 heures du matin. Les désignations vont commencer. En dehors de quelques cas de maladies, les 300 policières sont là. Marlène croise les doigts afin de retrouver le carrefour Saint-Jean. Elle espère aussi être avec sa copine de toujours, Brigitte. Manque de pot, son responsable l'a plutôt désignée pour le terminus du bus 81 à Angré. Elle est déçue mais ne le montre pas. Pas sûr qu'elle voit « son » amoureux, Richard, ce matin. Dommage ! A la question de savoir si en dehors de Richard elle a d'autres dragueurs, Marlène, un peu agacée, nous crache au visage : « connaissez-vous une seule femme qui ne se fait pas draguer dans ce pays ? ». Et même lorsque nous lui faisons remarquer que, contrairement aux autres filles, elle a un statut de policière. Elle se montre catégorique. « En tout cas, ça ne freine pas les ardeurs. Certains sont timides. D'autres nous invitent sans gêne. Face à cela, seule notre conscience nous parle. Et s'il se trouve que le dragueur nous plaît, nous n'hésitons pas à lui donner notre contact téléphonique ». Voilà qui est clair ! « Certains dragueurs sont sérieux. D'autres, en revanche, sont de vrais plaisantins », raconte-t-elle. Et de nous faire ce témoignage. « J'ai eu le malheur d'accepter un rendez-vous d'un dragueur, il y a deux mois. J'oublie son prénom… Il m'avait plu et comme je suis encore célibataire, je me disais que j'étais certainement tombée sur celui qui allait peut-être me rendre heureuse et me donner des enfants. Après un dîner, il m'a directement emmenée dans un hôtel, comme pour se faire payer la facture du repas ! C'était trop facile ! J'ai donc très vite compris quel genre de mec il était et je lui ai dit bonsoir ». Marlène oublie toutefois de préciser si elle est entrée dans l'hôtel. De son travail, elle le trouve franchement « fatigant ». Tenez, rouler à moto de 6h à 21h, rester en groupe entre collègues à un carrefour et réguler la circulation lorsqu'il y a embouteillage n'est quand même pas de la tarte. « Ce n'est pas aussi simple que cela. Nous faisons très souvent des palabres avec les chauffeurs. Surtout ceux qui conduisent les taxis et les woro-woro. Ils sont indisciplinés et ne nous respectent pas », lâche-t-elle, déçue. Pourquoi? « Ils disent que nous sommes des femmes. Certains n'hésitent pas à nous lancer que nous sommes trop petites… », renchérit Marlène. Le soleil se couchera très bientôt. Le terminus 81 grouille de monde. Il y a quelques bouchons qui se forment par endroit. Marlène et ses collègues sont sur la brèche. Nous prenons congé d'elle et de ses sympathiques collègues.

Guy-Florentin Yaméogo
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