L'arrêt de travail des transporteurs a été préjudiciable, ce lundi, à plusieurs salariés de la capitale économique. Par manque de wôrô-wôrô, de gbaka, (véhicules de transports communs) et de taxi-compteur, les travailleurs non-véhiculés se sont rabattus sur les bus pour se rendre à leurs différents lieux de travail. Mais, avoir le bus dans ces conditions n'est pas chose facile. Ce sont des véhicules bondés à craquer. Et, encore faut-il avoir des bus qui font la ligne qu'on emprunte. Marcel, la trentaine, habite Abobo-Samaké. Il travaille aux II-Plateaux, dans une agence commerciale. Le salarié, ambitieux et fraîchement marié, a l'habitude de prendre son wôrô-wôrô, devant la mairie d'Abobo, qu'il rejoint par gbaka. Là-bas, il emprunte un autre wôrô-wôrô, à la gare d'Angré, à 300 Fcfa. Celui-ci le laisse à Angré-Pétro-ivoire. De là, il prend enfin un troisième wôrô-wôrô jusqu'à son lieu de travail, à la 8ème tranche. Il lui arrivait quelquefois d'emprunter un taxi-compteur, quand il est trop pressé. Mais, jamais de bus, car, aucun bus ne fait cette ligne. Ce lundi, donc, c'est le cœur meurtri qu'il apprend que les transporteurs font la grève. Point de wôrô-wôrô, pas de taxi-compteur à l'horizon. Que faire, alors que ce travailleur exemplaire, un modèle dans son entreprise, doit être à son job, ce lundi ? Il décide de marcher de son domicile (Abobo-Samaké) à son lieu de travail, (Cocody 8ème tranche). Une distance d'environ 5 kilomètres qu'il se tape en une heure 30. Arrivé à l'entreprise, tout en sueur et en retard, le salarié affirme avoir remarqué que certains de ses collègues ont suivi son exemple. La marche ! Mais, ils ne sont pas les seuls à avoir rejoint leurs lieux de travail, ce lundi, à pied. Maurice, lui, c'est le bus qui l'a découragé. Ce « Abobolais » (habitant d'Abobo) travaille à Adjamé-Renault, dans une petite maison d'assurance. Jeune comme Marcel, il a l'habitude de se rendre au travail en gbaka. Avec la grève, il comptait sur les bus qui font la ligne, jusqu'à la « gare Nord » de la Sotra. Ce sont le 45, le 76 et le 15. Mais, l'attente est longue aux différents arrêts, à Abobo, vers le rond-point de la gare, où il habite. Et, les quelques bus qui passent sont déjà pleins. C'est alors que le travailleur décide de prendre le « onze barré ». Dans leur jargon, cela signifie qu'il marche. Et, ce sont près de cinq kilomètres qu'il a dans les jambes quand il arrive au boulot. Sa seule inquiétude : « j'espère que mon patron qui est véhiculé, viendra me déposer, le soir. »
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh