D’habitude si grouillante et bruyante, San-Pedro avait, hier, l’image d’une ville fantôme. Point de taxi-ville, de cars et mini cars de transport en commun, de gros camions chargés de sacs de café et cacao, ou encore de camions transportant grumes, planches , ciment et autres. Il n’y avait non plus aucun ‘’coxer’’, ces petits chargeurs qui courent du matin au soir, dans les gares, à la recherche de voyageurs. La ville était donc totalement paralysée suite au mot d’ordre de grève des transporteurs qui se plaignent de l’augmentation unilatérale des prix du carburant par l’Etat. Pour mieux réussir leur arrêt de travail, des brigades ont été constituées et postées aux deux sorties ou entrées de la ville : route San-Pedro, Béréby et Tabou, et sur la voie menant à la Côtière et à la route qui conduit à Soubré, Gagnoa, Daloa…A l’intérieur de la ville, ce fut d’abord la surprise et, ensuite la panique générale : des travailleurs, élèves, ménagères ne savaient à quel Saint se vouer pour rejoindre, qui son lieu de travail, qui son école ou le marché pour le repas de midi. Seuls les véhicules personnels et les motocyclistes circulaient. A leur suite, de longues files de marcheurs et marcheuses qui, coûte que coûte, voulaient rallier leur lieu de travail. Sous un soleil de plomb, les visages dégoulinants de sueur étaient tendus. Pour la première fois, une grève des transporteurs était suivie à 100% à San-Pedro. Dans la cour des sociétés de transport, cars et mini cars sont stationnés. Aux abords des voies, d’interminables lignes de gros camions immobilisés. Pour cette première journée de grève, San-Pedro, 2ème poumon économique de la Côte d’Ivoire, a connu l’arrêt systématique presque généralisé des activités de production dans de nombreuses usines de café/cacao et bois, faute de matières premières ou de personnels qui n’ont pu se déplacer.
SORY BLINTIAKA (Correspondant)
SORY BLINTIAKA (Correspondant)