L'étau se resserre de plus en plus autour du gouvernement dans ce qu'il convient désormais d'appeler "la crise du carburant". Une réunion de crise au sommet du comité exécutif de l'Union générale des travailleurs de Côte d'Ivoire (Ugtci) présidée par Adé Mensah, secrétaire général de l'Ugtci en personne et ses plus proches lieutenants, s'est tenue, hier, à la bourse du travail. Cette réunion extraordinaire avait à l'ordre du jour un seul point, la situation socio politique à l'heure d'aujourd'hui, notamment la grève des transporteurs. Ebagnené Joseph, porte-parole du comité exécutif de l'Ugtci, au nom de l'ensemble des travailleurs, dont font partie les transporteurs, parce que membres de la centrale, n'est pas allé par quatre chemins pour lancer cet ultimatum au gouvernement "L'Ugtci voudrait, de manière formelle, interpeller le gouvernement. Si le gouvernement refuse de prendre ses responsabilités, alors l'Ugtci avisera. Nous nous réservons le droit d'utiliser les moyens en notre possession pour faire en sorte que les choses bougent". Véritablement remonté contre les autorités ivoiriennes, il a menacé "Si dans les heures qui suivent, le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, nous aviserons. Nous prendrons nos responsabilités parce que nous ne pouvons accepter que nos travailleurs continuent de souffrir". Parce que selon lui, "depuis 72 h, les nôtres ne peuvent pas travailler. Nous constatons qu'aucune décision, aucune initiative n'est prise pour améliorer la situation". S'offusquant de cette énième augmentation du prix du carburant et de ses conséquences sur les travailleurs, il s'interroge "pourquoi alors ce sont les travailleurs, les pauvres, les plus faibles de la chaîne, ceux qui représentent le maillon le plus sensible, qui payent cash cette situation. Si à la vérité la décision de suspension de cette augmentation ne peut être acquise pour qu'on engage les discussions, cela veut dire qu'en face, on ne décide pas de faire l'effort d'ouvrir les négociations". Selon Ebagnené Joseph, "en 2008, nous avions suspendu notre mot d'ordre en espérant avoir en face des personnes qui soient assez réceptives. Nous constatons avec regret qu'on va donc, il est bon de l'écrire et de l'affirmer, prendre nos responsabilités parce que nous ne pourrons pas accepter que les nôtres continuent de souffrir et que les nôtres soient les seuls à vivre cette situation de crise". Et d'ajouter pour finir : "Si demain, nous appelons nos camarades à prendre place dans la grande salle de l'auditorium de la bourse du travail, cela voudrait dire que nous ne reculerons plus". Aussi a -t-il dénoncé le fait que la fixation du prix actuel du carburant se soit fait unilatéralement par le gouvernement. Avec cette menace, les jours à venir s'annoncent décisifs.
Jean Prisca
Jean Prisca