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Économie Publié le vendredi 16 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

Diabaté Eric (président du comité de crise des syndicats et auxiliaires du transport) : “Nous maintenons la grève tant que l`Etat reste campé sur sa position”

© Le Nouveau Réveil Par DR
Hausse du prix du carburant - Les transporteurs observent un arrêt de travail à Abidjan
Après l`annonce à la télévision de la suspension de la grève des chauffeurs, Eric Diabaté, président du comité de crise des syndicats et auxiliaires du transport, principal initiateur de la grève, dans cet entretien à nous accordé, se prononce.

La suspension du mot d`ordre de grève des chauffeurs de taxis communaux a été annoncée au journal télévisé de 13h (NDLR: hier) par Serge Koffi qui affirme être le porte-parole du comité de crise. Etes-vous concernés par cette déclaration?
Nous ne sommes pas concernés par la suspension de la grève. J`ai été reçu par le porte-parole du gouvernement, Gervais Coulibaly, à qui j`ai fait part de nos doléances. A notre grande surprise, je vois Serge qui faisait partie du comité de crise aller faire une déclaration.

S`est-il donc désolidarisé du comité de crise?
J`appelle cela une désolidarisation parce qu`un comité de crise, c`est un ensemble de personnes qui représente les différents organes du secteur du transport. Il fallait qu`on se rassemble, qu`on mette nos idées ensemble pour voir comment décanter la situation. Nous sommes aussi mandatés par des gens qui sont la base. Il faut attendre leur consentement d`abord, leur expliquer les démarches que nous avons effectuées avec l`Etat, ce que nous avons obtenu. Le gouvernement ne nous a pas demandé de lever le mot d`ordre de grève, il nous a demandé de rencontrer la base et leur faire part des propositions. Il n`a jamais été question de lever le mot d`ordre.

Koffi Serges a-t-il vraiment été membre d`un syndicat de transport ?
La réponse se voit dans les faits. Ma base est à Yopougon. Ce que je veux dire, c`est qu`il y a les chauffeurs en activité, les organisations syndicales, des chargeurs. Serges Koffi fait partie du Gor, qui est une organisation des généraux derrière l`eau. (Ndlr: Ceux qui encaissent les chauffeurs après le chargement des véhicules).

Que fait-il exactement ?
Je ne l`ai jamais vu rouler. Il est du Gor parce qu`à la présentation officielle du Gor, il était le porte-porale. Ce que je peux vous dire c`est qu`il n`est pas un membre du directoire du comité de crise. M. Diabaté Lossény et M. Tchèkoraby sont nos porte-parole. Si M. Tchèkoraby avait parlé, cela allait me poser un peu de problèmes, ce qui n`est pas le cas.

Jusqu`à ce jour, il n`existe aucun véritable compromis entre les émissaires du gouvernement et vous. L`Etat propose une réduction de 15F alors que vous réclamez une baisse de 145F. Qu`est-ce qui bloque à votre avis?
C`est un manque de considération. En février dernier, le gouvernement avait augmenté le prix du carburant avec 15f sur le prix du carburant. Nous avons déposé un préavis de grève que nous avons levé après, parce qu`il n`y avait pas de gouvernement et ce, par manque d`interlocuteur. Au lieu de prendre en compte nos préoccupations d`antan en compte, l`Etat augmente de 30f. L`Etat joue avec notre esprit. Pour ne pas qu`on parle des 30f, on nous informe que le carburant a été réduit de 15f. A la limite, ils peuvent faire le sacrifice d`enlever au moins 100f sur les 145F que nous exigeons. Si c`est cela, nous sommes partants, car quand on part à une table de négociation, il faut ouvrir une porte de sortie. Je suis conscient de ce qui se passe mais il faut que l`Etat nous prenne aussi en considération.

Si l`on s`en tient à vos propos, l`Etat ne considère pas les chauffeurs que vous êtes ?
C`est ce que je dis. Ils ont augmenté en l`espace de deux mois le coût du carburant. Ils ont ajouté 45f et ils veulent enlever 15f. Ce n`est pas seulement l`Etat qui cherche de l`argent, nous aussi, nous payons nos véhicules pour avoir de l`argent et pour nourrir nos familles. Maintenant, si l`Etat veut, nous allons leur ouvrir des portes de sortie.

En faisant quoi ?
Je vous donne un exemple. La ligne Adjamé-Yopougon fait 250f. Nous allons le faire à 500f et là, ils auront aussi la population dans leur dos. Nous allons doubler, voire tripler le coût du transport, comme ils ne veulent pas diminuer. Là, ça ne sera pas seulement nous qui allons ressentir la hausse du prix du carburant. En augmentant le carburant, le salaire des fonctionnaires n`a pas été revu à la hausse. Je suis vraiment peiné et navré parce que je ne sens même pas la population alors que nous faisons du social. Leur salaire n`a pas été augmenté, le panier de la ménagère est vide et c`est dû au coût du carburant. L`aubergine qui quitte à Daloa ou l`igname qui est transportée de Ferké dans un gros camion et qui peut revenir à 100.000f, nous allons le faire à 120.000f, voire plus. Celui qui vient vendre en détail sur le marché va augmenter aussi le prix pour pouvoir entrer dans ses fonds. Voyez-vous à quel point cette situation touche tout le monde. On a des opérateurs économiques qui ont des hôtels au bord des mers qui utilisent du carburant. Si quelqu`un mettait 70.000f dans le carburant pour alimenter son groupe électrogène, il va mettre aujourd`hui 100.000F.
Et nous ne sommes pas compétitifs parce que les chauffeurs de la sous-région (Ghana, Mali, Burkina-Faso…) quand ils viennent ici, ils remplissent les barriques de carburant, et mettent cela dans leur gros camions parce que le litre là-bas fait 500f et en Côte d`Ivoire, cela fait 645f. Peut-on compétir avec ceux-là? Ils viennent avec leur carburant. Tous ces facteurs tuent les opérateurs économiques. Il faut donc que l`Etat mette en place une politique qui permettra à l`opérateur économique de s`en sortir.
Je prends le cas des vignettes qui n`existent plus en France et qui servaient à faire la voirie. Mais ici, on continue de nous vendre les vignettes alors que les routes n`existent que de nom. Ce que je peux vous dire, c`est que c`est une nouvelle révolution dans le transport. J`aime bien Gbagbo mais qu`il prenne une décision gouvernementale. Les ministres des Transports ne vient jamais à la gare. Ils sont toujours accrochés à des bureaux dans les étages au Plateau. Ce n`est pas en montant dans l`ascenseur ou un avion qu`un ministre des Transports exerce son travail.

Maintenez-vous votre mot d`ordre de grève, demain ?
Nous maintenons notre mot d`ordre de grève tant que l`Etat demeure campé sur sa position.

Et si tel n`est pas le cas?
Si tel n`est pas le cas, nous restons sur notre position. Il faut que l`Etat force un peu pour nous satisfaire parce que nous sommes fatigués. C`est nous qui payons toutes sortes de taxes en Côte d`Ivoire, on est fatigué à telle enseigne que nos parcs autos sont vieillissants. Après cela, on nous parle de reforme du permis. Toujours, c`est dans notre secteur qu`on parle de réforme. Toujours, c`est dans notre poche qu`on reforme et dans le fond, on ne fait rien. Que les gens se reforment eux-mêmes avant de chercher à reformer les autres. Nous sommes fatigués de tout cela. C`est aujourd`hui ou jamais. Jusqu`à preuve du contraire, c`est le comité de crise qui dirige cette grève.

S`il s`avère que des transporteurs décident de rouler, qu`allez-vous faire ?
Si les chauffeurs décident de rouler sans gain de cause, on les laisse avec leur conscience. La grève est libérale. Ceux qui ont pris sur eux-mêmes la décision de faire cette déclaration ne sont pas représentatifs. Nous n`aimons pas les échecs. Nous tenons à dire merci à l`ensemble du comité de crise et à toute la Côte d`Ivoire qui a cru en ce combat. Nous allons y arriver et nous disons que l`Etat peut faire plus que les 15 francs. Ce n`est pas dans le carburant que l`Etat peut avoir plus. Qu`il mette 100f sur les factures d`eau et de courant. S`il veut l`argent, il y a beaucoup d`autres secteurs, ce n`est pas le carburant seulement.

Interview réalisée par
Jean Prisca et Cinthia R. Aka
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