La Côte d’Ivoire est le pays au monde où le carburant est le plus cher. On l’a dit, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, l’a répété au cours d’une rencontre avec les opérateurs économiques. Surtout quand l’on se fonde sur la production pétrolière ivoirienne et sur la présence d’une raffinerie (Sir) en Côte d’Ivoire qui traite le pétrole brut. Mais ce qui occasionne l’ire des transporteurs, c’est le fait qu’ils sont contraints d’acheter le litre du gasoil à 645 FCFA là où ils souhaitent 450 FCFA. Et fait révoltant, dans la sous-région, le carburant n’est pas aussi cher qu’en Côte d’Ivoire. Cela est d’autant plus dramatique pour les transporteurs ivoiriens que tout près de nous, au Burkina Faso qui s’approvisionne en Côte d’Ivoire, le gasoil est vendu à 575 Fcfa le litre. Pourquoi alors cet écart de prix ? Pourquoi ce paradoxe des prix ? Selon des indiscrétions, la cherté des prix du carburant est due aux nombreuses taxes et prélèvements faits par le gouvernement ivoirien. En effet, sur chaque litre de pétrole, des prélèvements sont faits pour contenter certains pans ou certaines entités. Ainsi, pour la construction du troisième pont, Marcory-Riviera, l’Etat prélève 20Fcfa sur le litre du gasoil. Pour approvisionner le Fonds d’entretien routier, c’est la somme de 16 Fcfa qui est prélevée. Au chapitre du paiement de la dette de la Sir (Société ivoirienne de raffinage), l’on assiste a une retenue de 40 Fcfa sur le litre du carburant. Avec comme répartition, 20 Fcfa pour rembourser le pool de banquier qui a prêté 35 milliards de Fcfa à la Sir et 20 Fcfa pour la Sir. Les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) ne sont pas en reste. L’Etat prélève également 10 Fcfa sur le litre du carburant pour approvisionner la grande muette. Mais comme nous le savons, cela s’est avéré insuffisant puisque les Fanci, en plus de ce qui a été prélevé pour eux, sont allés au-delà de ce qui avait été prévu par la Sir pour eux. Cela a occasionné un dépassement de 7 milliards de Fcfa. En outre, dans le cadre de la participation, précisément de la contribution au budget de l’Etat, le prélèvement s’élève à 134 Fcfa par litre. Quant à la parafiscalité sur le gasoil, des sources avancent que l’Etat prélève 7,45 Fcfa par litre. Ce qui fait officiellement un total de 227,45 Fcfa par litre que prélève l’Etat ivoirien. Ainsi, pour un coût du carburant estimé à 645 Fcfa par litre, l’Etat y a une grande part puisqu’il y contribue fortement. Ce qui signifie que les taxes de l’Etat sont de 227,45 Fcfa sur 645 Fcfa, coût du gasoil. Officiellement, ce n’est pas moins de 227 Fcfa que l’Etat fait peser sur le prix final de ce carburant. Soit 35%. Mais d’autres sources avancent que le coût total des prélèvement de l’Etat est estimé à environ 45%. L’on comprend aisément aujourd’hui pourquoi le carburant est si cher en Côte d’Ivoire malgré tous ses atouts, contrairement à des pays de la sous-région, notamment le Burkina Faso. Ce pays s’approvisionne en Côte d’Ivoire, transporte le carburant jusqu’au Burkina Faso et le revend aux usagers à prix nettement en dessous de celui pratiqué par la Côte d’Ivoire. Puisque le Gasoil y est vendu à 575 Fcfa le litre contre 645 Fcfa le litre en Côte d’Ivoire et le Super, 642 Fcfa contre 779 Fcfa en Côte d’Ivoire. En dépit donc de l’achat en Côte d’Ivoire, du coût du transport, le carburant coûte moins cher au pays des hommes intègres qu’en terre d’Eburnie. Pourquoi ? Tout simplement parce que les taxes de l’Etat burkinabé ne sont pas aussi nombreuses que celles de la Côte d’Ivoire. C’est ce qui se passe dans les pays de la sous-région et qui permet aux usagers du Mali, du Niger, du Sénégal, du Burkina Faso, du Togo et autres de payer moins cher dans leurs pays. Le trop plein de taxes et de prélèvements est donc à l’origine du coût élevé du carburant en Côte d’Ivoire. Et c’est le consommateur final qui en pâtit.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA
