La Côte d’Ivoire, un pays extraordinaire. Tel est le qualificatif qui sied le mieux à ce territoire roi des aberrations et des contrastes à couper le souffle. Deux trésoreries, deux armées et deux administrations qui se côtoient depuis 2002, faisant perdre plus de 40 milliards de FCFA par mois à l’Etat central qui, lui, revendique… 160.000 fonctionnaires. Ce qui dépasse l’entendement est que des années durant, seul le ministère de l’Economie et des Finances s’est lamenté du drame que cela constitue pour les finances nationales et il y a de quoi. 814 milliards de FCFA, c’est ce que coûtent ces fonctionnaires, dont une frange importante n’existe que sur les fichiers de paie, et pourtant. Chaque année, il leur est automatiquement versé 43% des recettes fiscales au lieu de 35% comme recommandé par les textes de l’UEMOA, pour un budget annuel de seulement 2500 milliards de FCFA. Que reste-t-il alors pour assurer le fonctionnement de l’Etat et réaliser les investissements ? Presque rien. Dès lors, l’on comprend pourquoi depuis des années, presque rien n’est sorti de terre en Côte d’Ivoire, le développement n’existant que sur papier et dans les esprits, sous forme de projet. La mise en place le 16 avril dernier du comité de coordination et de pilotage du recensement desdits fonctionnaires, apparaît donc comme une délivrance. D’abord pour les caisses de l’Etat qui ne méritent pas un tel gaspillage. Ensuite pour les vrais fonctionnaires dont le niveau salarial aurait été amélioré si ce gaspillage n’existait pas. Enfin pour l’Administration financière nationale, dont la sueur était ainsi déversée chaque mois dans un trou sans fond. S’endetter auprès de tout le monde, annuler une pléthore de projets d’investissements, opérer sans sourciller des restrictions budgétaires, assister impuissant au délabrement continu des infrastructures, du tissu industriel, économique et social près d’une décennie durant pour une seule raison : garantir la rémunération de 160.000 fonctionnaires dont une grande partie n’existe que sur les fiches de paie. C’est surtout cette injustice que va réparer le recensement ainsi programmé. Goupillé conjointement par le ministère de l’Economie et des Finances et celui de la Fonction Publique, cet acte apportera surtout la rectification nécessaire à la réalisation du développement durable. En ce sens qu’il dégagera les fonds qui, depuis plusieurs années, étaient versés à des citoyens connus de personne.
Ces citoyens voraces du gain illicite
Dans l’Administration ivoirienne, chaque service à son lot de faux fonctionnaires. Ceci est d’autant plus réel que depuis 2000, ce pays vit une instabilité gouvernementale hors norme. Parce que nous sommes en Afrique où la promotion sociale doit être ressentie par toute la tribu, chaque citoyen nommé est automatiquement assailli. Les services ne devant comporter qu’une demi-douzaine d’agents, sont alors obligés de supporter des dizaines de personnes, composés essentiellement de cousins, cousines, nièces, neveux et connaissances, auxquels il faut compter avec les maitresses et amis de longues dates. Lorsqu’il s’agit d’une nomination à un poste de responsabilité politique, il faut alors rajouter les laudateurs et les suiveurs, que l’on récompense pour avoir assez applaudi. C’est donc partout que le comité devra dénicher d’abord les faux fonctionnaires. Pléthoriques et n’ayant aucune attribution exacte, ceux-là sont présents dans les rouages de l’Administration rien que sur la base de la complaisance, du favoritisme et du tribalisme. Ils émargent les matins, se consacrent à leurs activités personnelles le reste de la journée pour revenir se faire payer à la fin du mois. Leur existence est de nul effet sur le développement national, parce qu’inutiles à souhait. Il y a ensuite les fonctionnaires fictifs. Ceux-là n’ont même pas besoin d’émarger, puisqu’ils n’existent que sur les fichiers de paie. Voraces du gain illicite, ces fossoyeurs de l’économie nationale y ont été inscrits par d’autres citoyens non moins gangsters financiers. Après chaque virement, eux et leurs protecteurs se partagent cet argent ainsi extorqué aux deniers publics, qui ne sont que la somme des efforts de l’ensemble des contribuables. 400 d’entre eux ont été dénichés à la Présidence de la République, ce qui veut dire qu’il en existe dans chaque ministère. C’est donc d’une grande œuvre de salubrité financière qu’il s’agit, dont la réussite concourra sans aucun doute à l’assainissement des finances publiques.
Franck Boyo
Légende 1 : Un bon recensement rapprochera davantage la Côte d’Ivoire du point d’achèvement de l’initiative PPTE.
Légende 2 : La régularisation salariale permettra au Trésor d’avoir une surface financière plus grande.
Ces citoyens voraces du gain illicite
Dans l’Administration ivoirienne, chaque service à son lot de faux fonctionnaires. Ceci est d’autant plus réel que depuis 2000, ce pays vit une instabilité gouvernementale hors norme. Parce que nous sommes en Afrique où la promotion sociale doit être ressentie par toute la tribu, chaque citoyen nommé est automatiquement assailli. Les services ne devant comporter qu’une demi-douzaine d’agents, sont alors obligés de supporter des dizaines de personnes, composés essentiellement de cousins, cousines, nièces, neveux et connaissances, auxquels il faut compter avec les maitresses et amis de longues dates. Lorsqu’il s’agit d’une nomination à un poste de responsabilité politique, il faut alors rajouter les laudateurs et les suiveurs, que l’on récompense pour avoir assez applaudi. C’est donc partout que le comité devra dénicher d’abord les faux fonctionnaires. Pléthoriques et n’ayant aucune attribution exacte, ceux-là sont présents dans les rouages de l’Administration rien que sur la base de la complaisance, du favoritisme et du tribalisme. Ils émargent les matins, se consacrent à leurs activités personnelles le reste de la journée pour revenir se faire payer à la fin du mois. Leur existence est de nul effet sur le développement national, parce qu’inutiles à souhait. Il y a ensuite les fonctionnaires fictifs. Ceux-là n’ont même pas besoin d’émarger, puisqu’ils n’existent que sur les fichiers de paie. Voraces du gain illicite, ces fossoyeurs de l’économie nationale y ont été inscrits par d’autres citoyens non moins gangsters financiers. Après chaque virement, eux et leurs protecteurs se partagent cet argent ainsi extorqué aux deniers publics, qui ne sont que la somme des efforts de l’ensemble des contribuables. 400 d’entre eux ont été dénichés à la Présidence de la République, ce qui veut dire qu’il en existe dans chaque ministère. C’est donc d’une grande œuvre de salubrité financière qu’il s’agit, dont la réussite concourra sans aucun doute à l’assainissement des finances publiques.
Franck Boyo
Légende 1 : Un bon recensement rapprochera davantage la Côte d’Ivoire du point d’achèvement de l’initiative PPTE.
Légende 2 : La régularisation salariale permettra au Trésor d’avoir une surface financière plus grande.