« Le respect de la diversité culturelle, facteur d’intégration et de paix » est le thème de la sixième édition du Festival international de court métrage d’Abidjan (Fica) prononcé par le professeur Séry Dedi jeudi dernier au conseil économique et social. Pour le conférencier ouvrir un débat sur le respect de la diversité culturelle ou ethnique comme facteur de stabilité, d’intégration et de paix, revient, à engager une réflexion sur la gestion du multiculturalisme et de la citoyenneté dans trois directions, au moins, à savoir susciter une réflexion globale d’intérêt anthropologique et philosophique, admettre que la démocratie culturelle et la démocratie politique ne sont pas antinomique ; que la diversité culturelle et l’unité nationale ne s’excluent pas et reconnaître un échec paradoxal du système de parti unique. Toujours selon le conférencier, la diversité comme facteur de progrès traverse de part en part la nature, y compris la nature humaine. « Dans certaines conditions, le respect absolu de la diversité peut fonctionner comme une forme d’exclusion, dans la mesure où les structures sociales comportent toujours un aspect positif et un aspect négatif, mais d’importance variable dans le temps et dans l’espace. De là découle l’idée de relativiser le respect de la diversité exactement comme les médecins relativisent le respect du serment d’Hippocrate », a-t-il indiqué. Puis de poursuivre : « pourquoi échapper à la biologie, source de division et de tribalisme, il faut inventer de nouvelles convivialités et de nouvelles solidarités, notamment sur le plan des échanges culturels et matrimoniaux ». Le professeur Dédi Séry souligne que la Côte d’Ivoire doit tirer les leçons du passé en inventant de nouvelles formes de gestion de la diversité culturelle. « Ici deux conditions s’imposent, une condition politique, le pluralisme linguistique et une condition économique, le financement des initiatives d’ordre culturel ». Selon le professeur, le problème de toute société n’est pas d’avoir rencontré des drames au cours de son histoire. Mais le vrai problème des peuples est de ne pas pouvoir tirer les enseignements de cette histoire douloureuse. « En jetant un regard, même rapide, sur les évolutions qui ont marqué les 50 dernières années, la Côte d’Ivoire dans sa grande et riche diversité ethnoculturelle, doit prendre conscience de l’importance de ce patrimoine pour se ressourcer en direction de ses valeurs, afin de promouvoir l’éducation à la citoyenneté moderne », a-t-il conclu.
Maty Gbané
Maty Gbané