Peu de femmes sont employées par les institutions chargées de la sécurité. C'est la conclusion de l'enquête d'une semaine menée en Côte d'Ivoire par le Réseau africain sur le secteur de la sécurité (Assn). Les résultats desdites investigations, qui ont porté sur le genre ont été présentés à un public issu du secteur concerné, hier au Golf hôtel. A la police nationale, il n'y a que 1.887 soit 11,80 de l'effectif, dont 33 femmes commissaires et autres 207 officiers. Les collègues des hommes en kaki ont des réticences à aller dans les domaines d'intervention, d'après les confidences par les responsables de la corporation à Michèle Pépé, l'une des enquêteurs. « Ce sont les femmes elles-mêmes qui rechignent à aller vers les unités d'intervention. (…) A la PJ (police judiciaire, actuelle police criminelle) il n'y avait que deux femmes ; l'une est décédée et l'autre est partie. Depuis lors, les femmes ne sont plus orientées vers les domaines d'interventions », a-t-elle dit aussi. Si la gendarmerie ne compte aucune femme, il va de soi qu'elle ne prend pas des mesures spécifiques pour le traitement de la femme en son sein. Toutefois, le corps d'élite que dirige le général de division Tiapé Kassaraté participe volontiers à des réflexions sur le genre, quand la gendarmerie est sollicitée à cet effet. Les hommes en uniforme gris et bleu ont des préjugés sur le commandement de la femme. Ils pensent qu'il est impossible pour une femme de commander. Si elle devait le faire, ce n'est pas évident, ont dit des gendarmes que les troupes lui obéissent. Pis, des interviewés ont dit que « si on intègre les femmes, cela va dissoudre le corps », a rapporté Michèle Pépé. Laquelle a été informée que s'il y a des femmes dans l'armée, elles ne sont pas affectées à tous les niveaux de responsabilité. Pour cause, elles sont souvent préoccupées par leurs familles (époux et enfants). L'étude en question a été très appréciée par l'assistance. Des acteurs de la division Genre des Nations Unies ont promis y apporter leur contribution. Et, l'Unicef (Fonds des Nations Unies pour l'enfance), représentée, est «intéressée» pour le suivi. A terme, les résultats de l'étude devraient amener les décideurs à former les responsables des corporations concernées à la gestion du genre, avec un accent particulier sur l'intégration de la femme. Notons que l'enquête en question a vu la collaboration du comité scientifique du Groupe de travail restructuration et refondation de l'armée (Gtrra), le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), le Réseau des femmes pour la paix et la sécurité en Afrique (Wipsen-Africa).
Bidi Ignace
Bidi Ignace