Dans un récent rapport du Groupe d’Experts de l’Onu sur la Côte d’Ivoire au conseil de sécurité, il a été observé des violations graves de l’embargo qui frappe le pays depuis 2006. Par ailleurs, le Groupe au cours de la première partie de son mandat, a continué d’évaluer l’état de la flotte aérienne militaire de la Force aérienne de Côte d’Ivoire (FACI) et celle des Forces armées des forces nouvelles. Il a également contrôlé les appareils loués au Gouvernement ivoirien par Helog AG, qui servent au transport des hauts responsables civils et militaires non sans lever un coin de voile sur l’assistance militaire étrangère.
Vérification de la capacité de la flotte aérienne
Les sections ci-après résument les activités de contrôle des aéronefs militaires menées par le Groupe dans le sud, qui est contrôlé par le Gouvernement, et le nord, qui est contrôlé par les Forces nouvelles.
1-Aéronefs entreposés à la base aérienne d’Abidjan
La FACI n’a effectué aucun vol avec l’appareil en état de navigation depuis octobre 2008. L’hélicoptère de combat MI-24, immatriculé TU-VHO, ne semble pas avoir bougé de sa place depuis la présentation du rapport final du Groupe d’Experts précédent (S/2009/521). L’Antonov 12, immatriculé TU-VMA, appartient en principe aux FANCI, bien qu’il ait été affecté par le passé à des usages civils. Cet appareil reste au sol depuis le 11 novembre 2007 en raison d’un défaut constaté dans son moteur gauche. Un officier de la FACI a confirmé que le premier test du moteur encore en état de marche remontait au 19 mars 2008. L’hélicoptère IAR-330, immatriculé TU-VHM, ne semble pas être en état de voler. Toujours selon l’officier de la FACI, le dernier vol de l’appareil datait du 14 octobre 2008, l’embargo sur les armes ayant empêché l’importation des pièces nécessaires à son entretien.
2-Aéronefs entreposés à la base aérienne de Bouaké
Le 27 janvier 2010, le Groupe a inspecté la base aérienne de Bouaké, qui est contrôlée par les Forces nouvelles. Le site, inutilisé se trouve à l’abandon. Le Groupe a examiné 5 Alpha Jets, 6 Beechcraft Bonanza et 1 Cessna 421, qui étaient tous en très mauvais état et ne semblent pas avoir été déplacés ni réparés depuis longtemps. Selon un officier des FDS-FN présent lors de l’inspection, ces appareils n’ont pas volé depuis le 06 novembre 2004, c’est-à-dire depuis que les forces armées françaises avaient détruit le gros de la flotte aérienne de la FACI. Le Groupe estime qu’il faudra beaucoup de ressources pour remettre l’appareil en état et que cette dépense est infaisable. Il pense donc pouvoir affirmer que l’appareil ne volera plus.
3-Le drone Aerostar entreposé à Yamoussoukro
En janvier 2010, le Groupe a inspecté la base aérienne de la FACI à Yamoussoukro. Aucun avion piloté n’a décollé de la base depuis le 06 novembre 2004, date à laquelle la FACI a transféré tous ses appareils en état de voler à la base d’Abidjan. Le Groupe a inspecté l’unique appareil qui se trouve encore à la base, un drone Aerospar. Cet appareil non armé est destiné à la surveillance aérienne. Il était entretenu par des techniciens militaires israéliens, qui ont quitté la Côte d’Ivoire en novembre 2004. Le drone est en apparence bien entretenu. Le Groupe a également inspecté le poste de contrôle mobile qui lui aussi est maintenu en bon état. Selon l’officier de la FACI, le drone avait volé jusqu’en novembre 2006 mais plus jamais depuis, l’embargo sur les armes et le matériel connexe ayant empêché son entretien. Le 15 mars 2010, le Groupe a appris que le drone et le poste de contrôle ne se trouvaient plus à la base de Yamoussoukro. Il a demandé aux observateurs militaires de l’Onuci à Yamoussoukro d’inspecter la base pour vérifier la véracité de ces informations. Les responsables de la FACI ont toutefois refusé l’entrée de la base à l’équipe sous prétexte qu’elle ne les avait pas avertis de l’inspection. Le Groupe craint que le drone ait été transféré dans les environs d’Abidjan pour servir à des fins de surveillance. Il rappelle qu’un de ses membres a vu un drone du même type, qui n’appartenait pas aux Forces impartiales (ONUCI et Licorne), survoler le 14 février 2010. La Côte d’Ivoire n’a probablement pas les moyens techniques pour entretenir et faire voler le drone, vu qu’elle devait auparavant recourir pour cela à l’aide de techniciens étrangers. Le Groupe continue de chercher à localiser le drone.
4-Les hélicoptères de la flotte présidentielle
La société allemande Helog AG loue aux autorités ivoiriennes quatre hélicoptères IAR-330, qui sont immatriculés DH-AXE, DH-AXF,DH-AXR, et ST-AXU, respectivement, et entreposés et entretenus près de la base aérienne d’Abidjan. Trois de ces hélicoptères sont opérationnels. ST-AXU et DH-AXR sont réservés au service du Président. DH-AXE et DH-AXF doivent servir à diverses opérations, notamment la formation des pilotes de Helog. Un représentant de Helog AG a informé le Groupe que les appareils de la société sont exclusivement utilisés à des fins civiles.
5-Les appareils de la flotte présidentielle
Comme il est indiqué dans le rapport des groupes d’Experts précédents, la présidence de la Côte d’Ivoire dispose de trois appareils : un Fokker 100, immatriculé TU-VAA, qui a été endommagé par une attaque à la roquette en 2007 ; un Gulfstream 3, immatriculé TU-VAF, qui est en réparation à St. Louis dans l’Etat du Missouri (Etats-Unis) depuis octobre 2009 (cet appareil n’aurait pas été ramené en Côte d’Ivoire parce que ses frais d’entretien n’ont pas été payés) ; et un Gulfstream 4, immatriculé TU-VAD, qui est le seul appareil opérationnel de la flotte présidentielle.
Assistance militaire étrangère
Le 18 février 2010, le Groupe a été informé par une source confidentielle de la présence de Robert Montoya à Abidjan. M. Montoya avait dans le passé servi d’intermédiaire dans une vente d’armes bélarussienne à la Côte d’Ivoire, en particulier du Mi-24 et du Sukhoi, vente qui avait été signalée par les groupes d’experts précédents. Selon des informations parues dans la presse le 4 mars 2010, M.Montoya avait conduit une délégation bélarussienne, qui comprenait notamment le Ministre des affaires étrangères et le Ministre de l’agriculture et de l’alimentation, en Côte d’Ivoire. Le Groupe a appris plus tard que M. Montoya, ressortissant français, était alors accompagné par Mikhail Kapylou, ressortissant bélarussien. Ces deux hommes passent pour avoir recruté les techniciens étrangers qui, avant fin 2006, avaient assuré l’entretien et veillé au bon fonctionnement de l’hélicoptère Mi-24 immatriculé TU-VHO. Le 10 mars 2010, le chef d’état-major des FANCI a envoyé à l’Onuci et à la Force Licorne une lettre annonçant la reprise des travaux d’entretien du Mi-24. Ces travaux auraient été interrompus en 2006, le régime de sanctions ayant empêché le pays de recevoir l’aide de techniciens étrangers et d’importer les pièces nécessaires. La Côte d’Ivoire n’a pas de techniciens capables de remettre en état le Mi-24, ni de pilotes compétents. Le Groupe pense que le Mi-24 peut être remis en état et piloté que par des techniciens étrangers et qu’il faudra probablement importer les pièces nécessaires. Chacune de ces activités constituerait une violation du régime de sanctions. Au moment de la rédaction du présent rapport, les travaux d’entretien de l’appareil n’avaient pas encore commencé. Le Groupe demeure vigilant, guettant tout indice de la présence de techniciens étrangers ou de l’importation de pièces. Il constate que les vols précédents du Mi-24, en 2005 et 2006, avaient eu pour effet d’exacerber les tensions à Abidjan et de perturber la sécurité dans tout le pays.
(A suivre… )
Source : Rapport du Groupe d’Experts sur la Côte d’Ivoire
Vérification de la capacité de la flotte aérienne
Les sections ci-après résument les activités de contrôle des aéronefs militaires menées par le Groupe dans le sud, qui est contrôlé par le Gouvernement, et le nord, qui est contrôlé par les Forces nouvelles.
1-Aéronefs entreposés à la base aérienne d’Abidjan
La FACI n’a effectué aucun vol avec l’appareil en état de navigation depuis octobre 2008. L’hélicoptère de combat MI-24, immatriculé TU-VHO, ne semble pas avoir bougé de sa place depuis la présentation du rapport final du Groupe d’Experts précédent (S/2009/521). L’Antonov 12, immatriculé TU-VMA, appartient en principe aux FANCI, bien qu’il ait été affecté par le passé à des usages civils. Cet appareil reste au sol depuis le 11 novembre 2007 en raison d’un défaut constaté dans son moteur gauche. Un officier de la FACI a confirmé que le premier test du moteur encore en état de marche remontait au 19 mars 2008. L’hélicoptère IAR-330, immatriculé TU-VHM, ne semble pas être en état de voler. Toujours selon l’officier de la FACI, le dernier vol de l’appareil datait du 14 octobre 2008, l’embargo sur les armes ayant empêché l’importation des pièces nécessaires à son entretien.
2-Aéronefs entreposés à la base aérienne de Bouaké
Le 27 janvier 2010, le Groupe a inspecté la base aérienne de Bouaké, qui est contrôlée par les Forces nouvelles. Le site, inutilisé se trouve à l’abandon. Le Groupe a examiné 5 Alpha Jets, 6 Beechcraft Bonanza et 1 Cessna 421, qui étaient tous en très mauvais état et ne semblent pas avoir été déplacés ni réparés depuis longtemps. Selon un officier des FDS-FN présent lors de l’inspection, ces appareils n’ont pas volé depuis le 06 novembre 2004, c’est-à-dire depuis que les forces armées françaises avaient détruit le gros de la flotte aérienne de la FACI. Le Groupe estime qu’il faudra beaucoup de ressources pour remettre l’appareil en état et que cette dépense est infaisable. Il pense donc pouvoir affirmer que l’appareil ne volera plus.
3-Le drone Aerostar entreposé à Yamoussoukro
En janvier 2010, le Groupe a inspecté la base aérienne de la FACI à Yamoussoukro. Aucun avion piloté n’a décollé de la base depuis le 06 novembre 2004, date à laquelle la FACI a transféré tous ses appareils en état de voler à la base d’Abidjan. Le Groupe a inspecté l’unique appareil qui se trouve encore à la base, un drone Aerospar. Cet appareil non armé est destiné à la surveillance aérienne. Il était entretenu par des techniciens militaires israéliens, qui ont quitté la Côte d’Ivoire en novembre 2004. Le drone est en apparence bien entretenu. Le Groupe a également inspecté le poste de contrôle mobile qui lui aussi est maintenu en bon état. Selon l’officier de la FACI, le drone avait volé jusqu’en novembre 2006 mais plus jamais depuis, l’embargo sur les armes et le matériel connexe ayant empêché son entretien. Le 15 mars 2010, le Groupe a appris que le drone et le poste de contrôle ne se trouvaient plus à la base de Yamoussoukro. Il a demandé aux observateurs militaires de l’Onuci à Yamoussoukro d’inspecter la base pour vérifier la véracité de ces informations. Les responsables de la FACI ont toutefois refusé l’entrée de la base à l’équipe sous prétexte qu’elle ne les avait pas avertis de l’inspection. Le Groupe craint que le drone ait été transféré dans les environs d’Abidjan pour servir à des fins de surveillance. Il rappelle qu’un de ses membres a vu un drone du même type, qui n’appartenait pas aux Forces impartiales (ONUCI et Licorne), survoler le 14 février 2010. La Côte d’Ivoire n’a probablement pas les moyens techniques pour entretenir et faire voler le drone, vu qu’elle devait auparavant recourir pour cela à l’aide de techniciens étrangers. Le Groupe continue de chercher à localiser le drone.
4-Les hélicoptères de la flotte présidentielle
La société allemande Helog AG loue aux autorités ivoiriennes quatre hélicoptères IAR-330, qui sont immatriculés DH-AXE, DH-AXF,DH-AXR, et ST-AXU, respectivement, et entreposés et entretenus près de la base aérienne d’Abidjan. Trois de ces hélicoptères sont opérationnels. ST-AXU et DH-AXR sont réservés au service du Président. DH-AXE et DH-AXF doivent servir à diverses opérations, notamment la formation des pilotes de Helog. Un représentant de Helog AG a informé le Groupe que les appareils de la société sont exclusivement utilisés à des fins civiles.
5-Les appareils de la flotte présidentielle
Comme il est indiqué dans le rapport des groupes d’Experts précédents, la présidence de la Côte d’Ivoire dispose de trois appareils : un Fokker 100, immatriculé TU-VAA, qui a été endommagé par une attaque à la roquette en 2007 ; un Gulfstream 3, immatriculé TU-VAF, qui est en réparation à St. Louis dans l’Etat du Missouri (Etats-Unis) depuis octobre 2009 (cet appareil n’aurait pas été ramené en Côte d’Ivoire parce que ses frais d’entretien n’ont pas été payés) ; et un Gulfstream 4, immatriculé TU-VAD, qui est le seul appareil opérationnel de la flotte présidentielle.
Assistance militaire étrangère
Le 18 février 2010, le Groupe a été informé par une source confidentielle de la présence de Robert Montoya à Abidjan. M. Montoya avait dans le passé servi d’intermédiaire dans une vente d’armes bélarussienne à la Côte d’Ivoire, en particulier du Mi-24 et du Sukhoi, vente qui avait été signalée par les groupes d’experts précédents. Selon des informations parues dans la presse le 4 mars 2010, M.Montoya avait conduit une délégation bélarussienne, qui comprenait notamment le Ministre des affaires étrangères et le Ministre de l’agriculture et de l’alimentation, en Côte d’Ivoire. Le Groupe a appris plus tard que M. Montoya, ressortissant français, était alors accompagné par Mikhail Kapylou, ressortissant bélarussien. Ces deux hommes passent pour avoir recruté les techniciens étrangers qui, avant fin 2006, avaient assuré l’entretien et veillé au bon fonctionnement de l’hélicoptère Mi-24 immatriculé TU-VHO. Le 10 mars 2010, le chef d’état-major des FANCI a envoyé à l’Onuci et à la Force Licorne une lettre annonçant la reprise des travaux d’entretien du Mi-24. Ces travaux auraient été interrompus en 2006, le régime de sanctions ayant empêché le pays de recevoir l’aide de techniciens étrangers et d’importer les pièces nécessaires. La Côte d’Ivoire n’a pas de techniciens capables de remettre en état le Mi-24, ni de pilotes compétents. Le Groupe pense que le Mi-24 peut être remis en état et piloté que par des techniciens étrangers et qu’il faudra probablement importer les pièces nécessaires. Chacune de ces activités constituerait une violation du régime de sanctions. Au moment de la rédaction du présent rapport, les travaux d’entretien de l’appareil n’avaient pas encore commencé. Le Groupe demeure vigilant, guettant tout indice de la présence de techniciens étrangers ou de l’importation de pièces. Il constate que les vols précédents du Mi-24, en 2005 et 2006, avaient eu pour effet d’exacerber les tensions à Abidjan et de perturber la sécurité dans tout le pays.
(A suivre… )
Source : Rapport du Groupe d’Experts sur la Côte d’Ivoire