Que valent les engagements entre Soro et Gbagbo ?

Seydou Diarra a été dégommé 15 mois après sa nomination pour n`avoir pas pu désarmer les rebelles et organiser les élections. Charles Konan Banny, le successeur de Seydou Diarra, a été remercié sans ménagement pour les mêmes raisons, au bout de 22 mois. L`on a dit que le premier ne pouvait pas réussir parce qu`il avait été imposé à Laurent Gbagbo par la France et que le deuxième ne pouvait pas non plus réussir parce qu`il a été imposé par l`Onu. Le troisième, qui n`est autre que M. Soro Guillaume est là depuis plus de 36 mois. Presque le temps cumulé des deux premiers. Personne ne l`a imposé à Laurent Gbagbo. C`est librement et en toute souveraineté qu`il a fait de lui son premier ministre. Ensemble, sur la base du génial accord de Ouagadougou, ils ont promis de conduire le pays aux élections au bout de 10 mois. Et ils ne pouvaient pas échouer parce que ce qu`ils ont tous librement signé ne leur a été imposé par personne et encore moins par la France. Mais voilà, les 10 mois sont devenus 36 mois et aujourd`hui, même les mystiques et prophètes les plus " menteurs " ne peuvent plus se hasarder à indiquer la date à laquelle les élections seront organisées. Car les deux signataires de l`Apo ne s`entendent plus sur le contenu de ce qu`ils ont eux-mêmes signé. Comme le disait Francis Wodié, " soit, ils ne savent pas lire, soit ils ne savent pas écrire ". Aujourd`hui, devant l`impasse qui est totale, il n`est pas exagéré d`écrire que l`Apo ne vaut plus rien et qu`il a même lamentablement échoué. Car sur le désarmement, c`est la confusion. Sur la réunification du pays, c`est la confusion. Sur le mode opératoire du contentieux électoral, c`est également la confusion. Alors que cette dernière question avait été définitivement réglée lors de la dernière médiation du facilitateur après la dissolution de la Cei : " En ce qui concerne la relance du processus électoral, le Facilitateur et les parties ivoiriennes ont fortement recommandé la mise en œuvre des mesures suivantes : prorogation du contentieux administratif et judiciaire de la liste électorale provisoire pour une durée de 21 jours devant prendre fin le 21 mars (1er au 21 mars inclus). Production de la liste électorale définitive à partir du 22 mars 2010. Respect scrupuleux du mode opératoire relatif au contentieux administratif et judiciaire de la liste électorale provisoire. Réexamen par les tribunaux des contentieux judiciaires n`ayant pas respecté le mode opératoire… ". Tel est le contenu du point 4 du communiqué final de la médiation du Facilitateur. Mais à peine avait-il tourné le dos que tout a été remis en cause par le camp présidentiel. Et aujourd`hui, tout est bloqué sur les mêmes questions. Et c`est pour résoudre ces questions que les deux signataires ont eu récemment une rencontre suivie d`une balade sur la lagune. Mais rien n`a bougé après cela. Tout est encore au point mort. Le président Wade est venu faire sa médiation à lui. En pure perte. Rien n`a bougé. Au point où l`on peut raisonnablement s`interroger : Que valent les accords que Gbagbo et Soro ont librement signés ? Que valent les rencontres d`échanges entre les deux chefs de l`Exécutif ? Rien du tout. Mais qu`ils prennent garde, ceux qui veulent aller aux élections alors que tout le monde, sauf le peuple, est heureux. ! Ils trouveront Soro, Gbagbo et les autres sur leur chemin !
ASSALE TIEMOKO