Aujourd'hui s'ouvre à l'hémicycle la première session ordinaire de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire. Et, en attendant de savoir davantage ce qui va occuper ses élus, le peuple en est à s'interroger sur le rôle que jouent de ceux-ci, depuis au moins trois ans notamment dans la sortie de crise.
Que devient le parlement ivoirien ? Au moment où s'ouvre, ce matin, la première session de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, cette interrogation prend tout son sens. Car, depuis bientôt trois ans, cette importante institution de la République semble n'être que l'ombre d'elle-même. Les chaudes empoignades, signes de l'expression démocratique auxquelles l'opinion nationale avait droit depuis l'avènement du multipartisme ont cédé la place à la monotonie. Une situation qui n'est pas sans exaspérer certains députés quelque peu obligés de se tourner les pouces, qui mettent la situation sur le compte de la crise que traverse le pays. « Tous les pouvoirs sont affaiblis. Ils sont vidés de leur substance. Les différents accords ont mis de côté toutes les institutions de la Côte d'Ivoire. Dès lors que la communauté internationale s'est immiscée dans la gestion de l'Etat, cela suppose que nous sérions plus ou moins sous-tutelle », regrette Me Jeannot Ahoussou Kouadio, député Pdci-Rda de la commune et sous-préfecture de Didiévi. Mais pour ce cadre de l'ancien parti au pouvoir, la deuxième institution de la République aurait pu, aujourd'hui, connaître un meilleur sort si les députés avaient fait bloc autour d'elle. Un autre député du Pdci-Rda que nous avons joint, hier, a cependant un avis contraire à celui de Me Ahoussou. « Qui vous a dit que l'Assemblée nationale ne travaille pas. Nous siégeons le plus normalement du monde », a-t-il assuré. Pour rappel, le mandat du parlement s'est achevé depuis le 16 décembre 2005. Dans l'impossibilité de tenir des élections, il a été décidé de reconduire les anciens députés. Au nom d'une stratégie politique, certains parlementaires de l'opposition dont les partis politiques ont proclamé la fin du mandat du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, ont émis un avis contraire à cette «prolongation» accordée aux députés. C'est l'ancien député Pdci de Tiébissou, Yves Fofana, qui avait conduit la fronde. Si finalement, les choses sont rentrées dans l'ordre, la palabre n'a pas manqué de laisser quelques séquelles sur cet appareil, fragilisé. Car, en tout état de cause, elle a pleinement joué sa participation dans la mise en œuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis. La bataille des pro et anti prolongation y est donc, indubitablement pour quelque chose. En plus de l'incidence de la bataille politicienne, la mise sur la touche de l'Assemblée s'explique par les accords, notamment ceux de Ouagadougou (ceux-ci étant venus corriger les insuffisances des précédentes), signés par les acteurs de la politique nationale pour sortir de la crise. Dans ce contexte exceptionnel dans lequel la vie politique, économique, sociale, etc., semble régentée par les différents accords internationaux, que peut le parlement ivoirien ? « Nous gérons les menus fretins », répond avec un brin d'humour, un parlementaire proche du camp présidentiel. Sans doute un début de vérité dont ont besoin les Ivoiriens qui en sont à se demander si leur assemblée nationale est grippée. Surtout que le patron de cette institution ne paraît plus avoir le cœur à l'ouvrage.
Marc Dossa
Que devient le parlement ivoirien ? Au moment où s'ouvre, ce matin, la première session de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, cette interrogation prend tout son sens. Car, depuis bientôt trois ans, cette importante institution de la République semble n'être que l'ombre d'elle-même. Les chaudes empoignades, signes de l'expression démocratique auxquelles l'opinion nationale avait droit depuis l'avènement du multipartisme ont cédé la place à la monotonie. Une situation qui n'est pas sans exaspérer certains députés quelque peu obligés de se tourner les pouces, qui mettent la situation sur le compte de la crise que traverse le pays. « Tous les pouvoirs sont affaiblis. Ils sont vidés de leur substance. Les différents accords ont mis de côté toutes les institutions de la Côte d'Ivoire. Dès lors que la communauté internationale s'est immiscée dans la gestion de l'Etat, cela suppose que nous sérions plus ou moins sous-tutelle », regrette Me Jeannot Ahoussou Kouadio, député Pdci-Rda de la commune et sous-préfecture de Didiévi. Mais pour ce cadre de l'ancien parti au pouvoir, la deuxième institution de la République aurait pu, aujourd'hui, connaître un meilleur sort si les députés avaient fait bloc autour d'elle. Un autre député du Pdci-Rda que nous avons joint, hier, a cependant un avis contraire à celui de Me Ahoussou. « Qui vous a dit que l'Assemblée nationale ne travaille pas. Nous siégeons le plus normalement du monde », a-t-il assuré. Pour rappel, le mandat du parlement s'est achevé depuis le 16 décembre 2005. Dans l'impossibilité de tenir des élections, il a été décidé de reconduire les anciens députés. Au nom d'une stratégie politique, certains parlementaires de l'opposition dont les partis politiques ont proclamé la fin du mandat du chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, ont émis un avis contraire à cette «prolongation» accordée aux députés. C'est l'ancien député Pdci de Tiébissou, Yves Fofana, qui avait conduit la fronde. Si finalement, les choses sont rentrées dans l'ordre, la palabre n'a pas manqué de laisser quelques séquelles sur cet appareil, fragilisé. Car, en tout état de cause, elle a pleinement joué sa participation dans la mise en œuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis. La bataille des pro et anti prolongation y est donc, indubitablement pour quelque chose. En plus de l'incidence de la bataille politicienne, la mise sur la touche de l'Assemblée s'explique par les accords, notamment ceux de Ouagadougou (ceux-ci étant venus corriger les insuffisances des précédentes), signés par les acteurs de la politique nationale pour sortir de la crise. Dans ce contexte exceptionnel dans lequel la vie politique, économique, sociale, etc., semble régentée par les différents accords internationaux, que peut le parlement ivoirien ? « Nous gérons les menus fretins », répond avec un brin d'humour, un parlementaire proche du camp présidentiel. Sans doute un début de vérité dont ont besoin les Ivoiriens qui en sont à se demander si leur assemblée nationale est grippée. Surtout que le patron de cette institution ne paraît plus avoir le cœur à l'ouvrage.
Marc Dossa