1990-2000 :10 ans de lutte, de casses, d’incitation au désordre et d’injures
2000-2002 : La refondation à l’épreuve de la bonne gouvernance
2002-2005 : l’Etat se meurt
2005-2010 : cinq ans de pouvoir illégitime sans élection
« Gagner les élections pour une Côte d’Ivoire libre, indépendante et souveraine » ; tel était le thème de la "Fête de la liberté 2010" organisée par le Fpi.
Après le coup de positionnement en force des "vrais houphouétistes" au sein de la minorité présidentielle, il était opportun pour le Fpi de se signaler et revendiquer son statut de « fleuve » dans lequel se sont jetées les petites rivières qu sont les quelques vieux houphouétistes en rupture d’héritage.
Mais en relisant le thème de cette fête (qu’est-ce qu’ils aiment les fêtes, ces refondateurs !) on croirait lire un discours de campagne d’un challenger proposant une alternative à l’actuelle gestion du pouvoir. La forme traduit une belle perspective que le Fpi, déjà au pouvoir depuis 10 ans et ayant conduit notre pays dans une aventure ambiguë et insoutenable, ne peut porter comme espérance nouvelle. Oui, la critique est aisée, l’art, difficile.
Ce thème ne renvoie t-il pas à la relecture des textes « Pour une alternative démocratique » et « Gouverner autrement la Côte d’Ivoire » de Laurent Gbagbo ? Ces œuvres si féconds en propositions de bonne gouvernance et de garanties de toutes les libertés, de la prospérité et de la démocratie au bénéfice de tous dans la quiétude retrouvée des filles et fils de ce pays. Comme loin ils sont, ces mots si bien choisis pour séduire le peuple, le temps d’une opposition farouche.
A cette heure du bilan que nous offre le Fpi, visitons son parcours pour la mémoire de la nation.
1990-2000 :10 ans de lutte, de casses, de « braise », d’incitation au désordre et d’injures.
Créé en 1982 à Dabou, le Front populaire ivoirien est inspiré du Front populaire français de 1936 avec le même symbole de la « Rose » socialiste remplacé aujourd’hui par « les deux doigts ». Il a quitté la clandestinité au début des années 1990 qu’il marquera de violences, de défiance permanente de l’autorité, d’incivisme, d’injures, de diffamation et d’incitation à l’insurrection contre le pouvoir. La parole venait ainsi d’être vraiment ‘‘libérée’’ et ne respectait plus aucune mesure de civisme et de règle sociale.
Les campus devinrent (ils le demeurent) des laboratoires de violences et de révolte où »les maîtres » enseignent l’art du « refus ». Les produits finis livrés à la nation, répondent des noms de Soro Guillaume, Eugène Djué, Blé Goudé, et bien d’autres que je vous laisse juger, par pudeur intellectuelle.
2000-2002 : La refondation à l’épreuve de la bonne gouvernance.
Pour juger la refondation, il est important de dresser le tableau des acquis dont il a hérité des régions ‘‘houphouétistes’’ du Pdci : la Côte d’Ivoire que laisse le Pdci au Fpi (et Gbagbo l’a reconnu), est « un pays essentiel », à tous points de vue, dans la sous région ; c’est une nation jouissant d’un prestige diplomatique sur le plan mondial ; c’est la nation à laquelle les nations Unies ont fait l’honneur d’une Fondation et d’un prix pour la Recherche de la Paix ; un prix décerné aux grandes personnalités du monde ayant œuvré à la quête et /ou au maintien de la paix. On doit comprendre aujourd’hui que c’est humiliant que ce pays-là, confie son destin de recherche de la paix au Burkina Faso qui copiait le modèle ivoirien.
La Côte d’Ivoire avait une politique d’ouverture vers tous les partenaires au développement pour accroître ses acquis, et cela, grâce au charisme de ses dirigeants et aux compétences avérées de ses cadres. Cette nation possédait le plus grand et le plus élaboré réseau routier de la sous région et offrait donc toutes les faveurs d’un développement agro économique et commercial sans pareil en Afrique de l’Ouest, parce qu’un développement durable doit être soutenu par une solide politique de formation de ses cadres. La Côte d’Ivoire des régimes houphouétistes a entrepris la construction et l’équipement d’écoles jusque dans les moindres villages, des collèges et lycées, de Grandes Ecoles de références internationales (Instituts polytechnique de Yamoussoukro, l’Ens, l’Infas, l’Ensa l’Infes, l’Insa,…), des Centres de recherche et d’encadrement au profit du développement (Cnpra, Cnra, Iro, Anader…) des universités avec des unités universitaires régionales. La Côte d’Ivoire léguée à Gbagbo possédait aussi une politique hardie de santé avec construction et équipement de grands centres hospitaliers (Chu, Chr, Centre épidémiques, laboratoires de recherches…) avec les plateaux techniques de grandes référence scientifique et l’initiative de Centres de santé urbains.
Au plan de la sécurité, le Fpi a hérité d’une organisation militaire et paramilitaire performante, conformément aux normes internationales et répondant aux exigences nationales (Forces armées nationales, unités de Police nationale, police forestière, polices municipales…) ; celle-ci est soutenue par des accords internationaux de non agression et d’intervention en cas d’agression. L’administration ivoirienne l’une des plus structurée du continent, à l’effet de couvrir les sollicitations des populations en termes de services publics. Au plan économique, les refondateurs ont hérité d’une puissance assise nourrie de toutes les richesses minières, agricoles, et d’un système de trésorerie permettant un recouvrement des recettes et une lisibilité des dépenses de l’Etat. Enfin, la Côte d’Ivoire, c’est surtout un peuple ouvert, hospitalier et uni par de multiples liens d’affinités positives.
Après une élection exclusive à double résultat, Laurent Gbagbo et le Fpi accèdent au pouvoir d’Etat dans les conditions que l’on sait ‘‘calamiteuses’’. Mais le rêve s`est réalisé, et ceux d’entre les Ivoiriens qui y ont cru ont eu raison de danser et de chanter l’évènement. Ils ont fondé espoir sur la refondation si riche en propositions de bonne gestion pour tous dans la prospérité du pays, la justice pour tous et l’équitable distribution des richesses nationales. Avec eux, il n’y a aura plus de citoyens très riches et d’autres très pauvres : tel est le dogme socialiste que revendique le Fpi.
Le temps n’était-il pas venu de « gouverner autrement la Côte d’Ivoire » avec l’école gratuite pour tous, l’assurance maladie pour tous, l’éveil de l’école d’excellence, la fin de la corruption, des enrichissements illicites et du favoritisme ? Il y aurait à boire et à manger pour tous. Viva, viva, le messie est là !
Le Fpi avait contre lui, une situation de crise qu’il connaissait avant de prétendre au poste à l’Exécutif : crise au sein de l’armée avec des officiers et des soldats en exil ; situation sociale et politique du pays, précaire. Mais le Fpi s’était installé dans une vantardise qui lui a fait croire que tout lui était possible. « Votez moi et tous les soldats retourneront dans les casernes », avait promis le candidat Gbagbo en 2000. En 2001, ce sont les ministres Lida Kouassi en charge de la Défense nationale et Boga Doudou de la Sécurité intérieure qui ont averti : « Quiconque s’attaquera à la Côte d’Ivoire recevra une pluie de feu ».
Gérer un Etat, c’est en avoir l’aptitude acquise par apprentissage et non par essayage de copies importées ; c’est d’abord connaître le pays dans ses compartiments fondamentaux ; c’est prévoir et anticiper sur les événements pour lesquels le peuple vous a cédé ses pouvoirs de par la constitution.
Or, au pouvoir, le Fpi, malgré les crises sociales, politique et militaire dont il était censé avoir la nette mesure est demeuré dans une ‘‘logique de brave’’, sourd à tous les signaux rouges du tableau de bord ; il a cru pouvoir, dans une impossible improvisation de données, venir imprimer sa refondation sur une page vierge ! Deux ans seulement ont suffi pour mettre son régime à genoux. La constitution apparait garante de l’intégrité du territoire le premier responsable de cette fracture qui consacre la partition du pays en deux territoires sous deux autorités administratives, deux autorités militaires, deux autorités économiques et deux régimes de gestion des biens et richesses de la Côte d’Ivoire.
2002-2005 : l’Etat se meurt
L’Etat n’est pas encore mort ; c’est ce que dirait le médecin constatant des signes cliniques de vie de la nation pourtant en déconfiture très avancée.
Depuis la date du 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est entrée dans un tourment comme dans un naufrage face auquel les commandants du navire sont impuissants ; mais ils clament haut, leur pouvoir à qui voudrait le leur arracher. C’est l’option du suicide collectif : les investissements fuient le pays, la gabegie, l’enrichissement illicite, l’impunité, le pillage des ressources nationales, la justice aux ordres, les attaques contre les presses de l’opposition, les escadrons de la mort, le chômage à allure exponentielle, la dégradation des mœurs, l’incivisme, la pauvreté aigue, la destruction des valeurs d’excellence de l’école, la corruption généralisé, etc., sont le lot de malheurs qui frappent l’héritage d’Houphouët Boigny avec les refondateurs et leurs nouveaux alliés attirés par le miel salé du palais.
Des institutions de l’Etat embouchent la trompète de griot pour Laurent Gbagbo ; et on est parti pour le naufrage collectif si rien n’est fait : plus de marches, plus d’opposition, plus de liberté d’expression, plus de medias libres. On y est, on y reste. La santé est en hospitalisation d’urgence, l’éducation est anémiée, l’armée fait des convulsions, l’économie est atteinte au cœur ; la classe paysanne fait une hémorragie de ses richesses ; notre diplomatie est grippée… tout va mal. Chut ! « L’Etat de Côte d’Ivoire est sous contrôle car on vient de sauver madame Houphouët d’une expropriation de son domicile ».
2005-2010 : cinq ans de pouvoir illégitime sans élection
La constitution accorde à un président élu une légitimité de son exercice sur une période de cinq ans et définit les conditions d’un report d’élections n’excédant pas 90 jours (art 48). Mieux, Laurent Gbagbo a lutté toute sa vie dans l’opposition pour obtenir une limitation du mandat afin de ne plus voir quelqu’un faire plus de dix ans au pouvoir et ainsi « régler le cas Houphouët » dixit Gbagbo à la tribune du Forum national pour la réconciliation.
Mais le plaisir et les privilèges du palais, enrobés dans une soixante dizaine de milliards de fonds de souveraineté ont eu raison des théories et promesses du temps de la conquête du pouvoir. Des gouvernements seront faits et défaits, le temps qu’on passe des marchés avec commission encaissées ou qu’on rachète des entreprises qu’on « tue » par des taxes fiscales surévaluées et insupportables. Voici, la nouvelle bourgeoisie est née. Plus gourmande, plus vorace. Elle a les moyens de recruter et entretenir des hommes et organisations sociales à ses côtés pour empêcher des élections et préserver ses gains. Là se trouve toute l’explication de la non élection. Car ce n’est pas au Fpi qui a gagné des élections contre un pouvoir militaire qu’on dira qu’on ne peut tenir des élections les armes à la main. Ce ne fut pas un préalable en 2000 alors que le Fpi avait des raisons de craindre que la junte utilise sa force pour confisquer le pouvoir. La constitution est claire sur le sujet : « La souveraineté appartient au peuple ; aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice » (art 31). Au peuple ivoirien de savoir désormais que son destin dépend de ce qu’il voudra en faire lui-même.
Pour la gouverne des penseurs et organisateurs de cet événement (la fête de la liberté), le peuple n’a pas attendu le Fpi pour déclarer librement, ceci à travers le texte de la constitution : « L’Etat de Côte d’Ivoire est une République indépendante et souveraine » (art 29, al1). Serait-on en panne d’inspiration maintenant dans les réflexions sur ‘‘la fête de la liberté’’ au Fpi ? Ou cela arrive dans l’improvisation d’un show politique pour faire simplement une réplique aux vrais faux houphouétistes de plus en plus envahissants au sein de la minorité présidentielle depuis la création de leur union ? Voyez-vous, chers refondateurs : la liberté est tellement précieuse qu’elle ne se recueille que dans des mains saines !
guy charles wayoro
Journaliste consultant
Pdt du Mouvement pour le Néo-houphouétisme.
guycharleswayoro@yahoo.fr
2000-2002 : La refondation à l’épreuve de la bonne gouvernance
2002-2005 : l’Etat se meurt
2005-2010 : cinq ans de pouvoir illégitime sans élection
« Gagner les élections pour une Côte d’Ivoire libre, indépendante et souveraine » ; tel était le thème de la "Fête de la liberté 2010" organisée par le Fpi.
Après le coup de positionnement en force des "vrais houphouétistes" au sein de la minorité présidentielle, il était opportun pour le Fpi de se signaler et revendiquer son statut de « fleuve » dans lequel se sont jetées les petites rivières qu sont les quelques vieux houphouétistes en rupture d’héritage.
Mais en relisant le thème de cette fête (qu’est-ce qu’ils aiment les fêtes, ces refondateurs !) on croirait lire un discours de campagne d’un challenger proposant une alternative à l’actuelle gestion du pouvoir. La forme traduit une belle perspective que le Fpi, déjà au pouvoir depuis 10 ans et ayant conduit notre pays dans une aventure ambiguë et insoutenable, ne peut porter comme espérance nouvelle. Oui, la critique est aisée, l’art, difficile.
Ce thème ne renvoie t-il pas à la relecture des textes « Pour une alternative démocratique » et « Gouverner autrement la Côte d’Ivoire » de Laurent Gbagbo ? Ces œuvres si féconds en propositions de bonne gouvernance et de garanties de toutes les libertés, de la prospérité et de la démocratie au bénéfice de tous dans la quiétude retrouvée des filles et fils de ce pays. Comme loin ils sont, ces mots si bien choisis pour séduire le peuple, le temps d’une opposition farouche.
A cette heure du bilan que nous offre le Fpi, visitons son parcours pour la mémoire de la nation.
1990-2000 :10 ans de lutte, de casses, de « braise », d’incitation au désordre et d’injures.
Créé en 1982 à Dabou, le Front populaire ivoirien est inspiré du Front populaire français de 1936 avec le même symbole de la « Rose » socialiste remplacé aujourd’hui par « les deux doigts ». Il a quitté la clandestinité au début des années 1990 qu’il marquera de violences, de défiance permanente de l’autorité, d’incivisme, d’injures, de diffamation et d’incitation à l’insurrection contre le pouvoir. La parole venait ainsi d’être vraiment ‘‘libérée’’ et ne respectait plus aucune mesure de civisme et de règle sociale.
Les campus devinrent (ils le demeurent) des laboratoires de violences et de révolte où »les maîtres » enseignent l’art du « refus ». Les produits finis livrés à la nation, répondent des noms de Soro Guillaume, Eugène Djué, Blé Goudé, et bien d’autres que je vous laisse juger, par pudeur intellectuelle.
2000-2002 : La refondation à l’épreuve de la bonne gouvernance.
Pour juger la refondation, il est important de dresser le tableau des acquis dont il a hérité des régions ‘‘houphouétistes’’ du Pdci : la Côte d’Ivoire que laisse le Pdci au Fpi (et Gbagbo l’a reconnu), est « un pays essentiel », à tous points de vue, dans la sous région ; c’est une nation jouissant d’un prestige diplomatique sur le plan mondial ; c’est la nation à laquelle les nations Unies ont fait l’honneur d’une Fondation et d’un prix pour la Recherche de la Paix ; un prix décerné aux grandes personnalités du monde ayant œuvré à la quête et /ou au maintien de la paix. On doit comprendre aujourd’hui que c’est humiliant que ce pays-là, confie son destin de recherche de la paix au Burkina Faso qui copiait le modèle ivoirien.
La Côte d’Ivoire avait une politique d’ouverture vers tous les partenaires au développement pour accroître ses acquis, et cela, grâce au charisme de ses dirigeants et aux compétences avérées de ses cadres. Cette nation possédait le plus grand et le plus élaboré réseau routier de la sous région et offrait donc toutes les faveurs d’un développement agro économique et commercial sans pareil en Afrique de l’Ouest, parce qu’un développement durable doit être soutenu par une solide politique de formation de ses cadres. La Côte d’Ivoire des régimes houphouétistes a entrepris la construction et l’équipement d’écoles jusque dans les moindres villages, des collèges et lycées, de Grandes Ecoles de références internationales (Instituts polytechnique de Yamoussoukro, l’Ens, l’Infas, l’Ensa l’Infes, l’Insa,…), des Centres de recherche et d’encadrement au profit du développement (Cnpra, Cnra, Iro, Anader…) des universités avec des unités universitaires régionales. La Côte d’Ivoire léguée à Gbagbo possédait aussi une politique hardie de santé avec construction et équipement de grands centres hospitaliers (Chu, Chr, Centre épidémiques, laboratoires de recherches…) avec les plateaux techniques de grandes référence scientifique et l’initiative de Centres de santé urbains.
Au plan de la sécurité, le Fpi a hérité d’une organisation militaire et paramilitaire performante, conformément aux normes internationales et répondant aux exigences nationales (Forces armées nationales, unités de Police nationale, police forestière, polices municipales…) ; celle-ci est soutenue par des accords internationaux de non agression et d’intervention en cas d’agression. L’administration ivoirienne l’une des plus structurée du continent, à l’effet de couvrir les sollicitations des populations en termes de services publics. Au plan économique, les refondateurs ont hérité d’une puissance assise nourrie de toutes les richesses minières, agricoles, et d’un système de trésorerie permettant un recouvrement des recettes et une lisibilité des dépenses de l’Etat. Enfin, la Côte d’Ivoire, c’est surtout un peuple ouvert, hospitalier et uni par de multiples liens d’affinités positives.
Après une élection exclusive à double résultat, Laurent Gbagbo et le Fpi accèdent au pouvoir d’Etat dans les conditions que l’on sait ‘‘calamiteuses’’. Mais le rêve s`est réalisé, et ceux d’entre les Ivoiriens qui y ont cru ont eu raison de danser et de chanter l’évènement. Ils ont fondé espoir sur la refondation si riche en propositions de bonne gestion pour tous dans la prospérité du pays, la justice pour tous et l’équitable distribution des richesses nationales. Avec eux, il n’y a aura plus de citoyens très riches et d’autres très pauvres : tel est le dogme socialiste que revendique le Fpi.
Le temps n’était-il pas venu de « gouverner autrement la Côte d’Ivoire » avec l’école gratuite pour tous, l’assurance maladie pour tous, l’éveil de l’école d’excellence, la fin de la corruption, des enrichissements illicites et du favoritisme ? Il y aurait à boire et à manger pour tous. Viva, viva, le messie est là !
Le Fpi avait contre lui, une situation de crise qu’il connaissait avant de prétendre au poste à l’Exécutif : crise au sein de l’armée avec des officiers et des soldats en exil ; situation sociale et politique du pays, précaire. Mais le Fpi s’était installé dans une vantardise qui lui a fait croire que tout lui était possible. « Votez moi et tous les soldats retourneront dans les casernes », avait promis le candidat Gbagbo en 2000. En 2001, ce sont les ministres Lida Kouassi en charge de la Défense nationale et Boga Doudou de la Sécurité intérieure qui ont averti : « Quiconque s’attaquera à la Côte d’Ivoire recevra une pluie de feu ».
Gérer un Etat, c’est en avoir l’aptitude acquise par apprentissage et non par essayage de copies importées ; c’est d’abord connaître le pays dans ses compartiments fondamentaux ; c’est prévoir et anticiper sur les événements pour lesquels le peuple vous a cédé ses pouvoirs de par la constitution.
Or, au pouvoir, le Fpi, malgré les crises sociales, politique et militaire dont il était censé avoir la nette mesure est demeuré dans une ‘‘logique de brave’’, sourd à tous les signaux rouges du tableau de bord ; il a cru pouvoir, dans une impossible improvisation de données, venir imprimer sa refondation sur une page vierge ! Deux ans seulement ont suffi pour mettre son régime à genoux. La constitution apparait garante de l’intégrité du territoire le premier responsable de cette fracture qui consacre la partition du pays en deux territoires sous deux autorités administratives, deux autorités militaires, deux autorités économiques et deux régimes de gestion des biens et richesses de la Côte d’Ivoire.
2002-2005 : l’Etat se meurt
L’Etat n’est pas encore mort ; c’est ce que dirait le médecin constatant des signes cliniques de vie de la nation pourtant en déconfiture très avancée.
Depuis la date du 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire est entrée dans un tourment comme dans un naufrage face auquel les commandants du navire sont impuissants ; mais ils clament haut, leur pouvoir à qui voudrait le leur arracher. C’est l’option du suicide collectif : les investissements fuient le pays, la gabegie, l’enrichissement illicite, l’impunité, le pillage des ressources nationales, la justice aux ordres, les attaques contre les presses de l’opposition, les escadrons de la mort, le chômage à allure exponentielle, la dégradation des mœurs, l’incivisme, la pauvreté aigue, la destruction des valeurs d’excellence de l’école, la corruption généralisé, etc., sont le lot de malheurs qui frappent l’héritage d’Houphouët Boigny avec les refondateurs et leurs nouveaux alliés attirés par le miel salé du palais.
Des institutions de l’Etat embouchent la trompète de griot pour Laurent Gbagbo ; et on est parti pour le naufrage collectif si rien n’est fait : plus de marches, plus d’opposition, plus de liberté d’expression, plus de medias libres. On y est, on y reste. La santé est en hospitalisation d’urgence, l’éducation est anémiée, l’armée fait des convulsions, l’économie est atteinte au cœur ; la classe paysanne fait une hémorragie de ses richesses ; notre diplomatie est grippée… tout va mal. Chut ! « L’Etat de Côte d’Ivoire est sous contrôle car on vient de sauver madame Houphouët d’une expropriation de son domicile ».
2005-2010 : cinq ans de pouvoir illégitime sans élection
La constitution accorde à un président élu une légitimité de son exercice sur une période de cinq ans et définit les conditions d’un report d’élections n’excédant pas 90 jours (art 48). Mieux, Laurent Gbagbo a lutté toute sa vie dans l’opposition pour obtenir une limitation du mandat afin de ne plus voir quelqu’un faire plus de dix ans au pouvoir et ainsi « régler le cas Houphouët » dixit Gbagbo à la tribune du Forum national pour la réconciliation.
Mais le plaisir et les privilèges du palais, enrobés dans une soixante dizaine de milliards de fonds de souveraineté ont eu raison des théories et promesses du temps de la conquête du pouvoir. Des gouvernements seront faits et défaits, le temps qu’on passe des marchés avec commission encaissées ou qu’on rachète des entreprises qu’on « tue » par des taxes fiscales surévaluées et insupportables. Voici, la nouvelle bourgeoisie est née. Plus gourmande, plus vorace. Elle a les moyens de recruter et entretenir des hommes et organisations sociales à ses côtés pour empêcher des élections et préserver ses gains. Là se trouve toute l’explication de la non élection. Car ce n’est pas au Fpi qui a gagné des élections contre un pouvoir militaire qu’on dira qu’on ne peut tenir des élections les armes à la main. Ce ne fut pas un préalable en 2000 alors que le Fpi avait des raisons de craindre que la junte utilise sa force pour confisquer le pouvoir. La constitution est claire sur le sujet : « La souveraineté appartient au peuple ; aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice » (art 31). Au peuple ivoirien de savoir désormais que son destin dépend de ce qu’il voudra en faire lui-même.
Pour la gouverne des penseurs et organisateurs de cet événement (la fête de la liberté), le peuple n’a pas attendu le Fpi pour déclarer librement, ceci à travers le texte de la constitution : « L’Etat de Côte d’Ivoire est une République indépendante et souveraine » (art 29, al1). Serait-on en panne d’inspiration maintenant dans les réflexions sur ‘‘la fête de la liberté’’ au Fpi ? Ou cela arrive dans l’improvisation d’un show politique pour faire simplement une réplique aux vrais faux houphouétistes de plus en plus envahissants au sein de la minorité présidentielle depuis la création de leur union ? Voyez-vous, chers refondateurs : la liberté est tellement précieuse qu’elle ne se recueille que dans des mains saines !
guy charles wayoro
Journaliste consultant
Pdt du Mouvement pour le Néo-houphouétisme.
guycharleswayoro@yahoo.fr