Tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent, et l’escroquerie n’est pas est reste. Tel est l’objectif que se sont assigné Traoré Lacina et Bamba Ibrahim, deux larrons qui ne vivent que de délits. Nous sommes le 26 mars dernier, jour choisi par les deux amis pour opérer contre Y.F., gérant de cabine. La scène se passe à Gagnoa. Traoré Lacina, le maître d’œuvre de l’opération demande au gérant de composer un numéro qui, d’ailleurs, ne passe pas malgré l’insistance du commerçant. Pendant ce temps, Ibrahim les observe de loin en attendant que son heure d’entrer en scène arrive. Lancina prend place aux côtés de sa future victime et tente à nouveau d’appeler. Toujours pas de correspondant au bout du fil. C’est alors qu’entre en action le second acteur de cette comédie perfide. Ibrahim vient à passer devant Y.F. A peine a-t-il dépassé la cabine que Lacina souffle à l’oreille du gérant « je parie que cet homme qui va là a de gros ennuis. Quelque chose me dit que sa femme est enceinte et qu’elle est internée à l’hôpital. Il y va de ce pas ». Le gérant décide de vérifier les propos de son client, alors il fait appel à Ibrahim. Celui-ci n’attendait que cette occasion. Il confirme les propos de son acolyte et fait même semblant de s’étonner que Lacina, un inconnu, soit informé des moindres détails de sa vie. Cet étonnement finit par convaincre le gérant de cabine que Lacina est détenteur de pouvoirs mystiques. Voyant que la victime est en train de mordre à l’appât, Lacina en profite pour lui faire une révélation qui coïncide avec la réalité. « Tu es issu d’une famille de quatre enfants. Dans tes rêves une femme te poursuit constamment. C’est l’œuvre de ta grand-mère qui veut te livrer aux sorciers ». Crédule, le gérant sent sa vie menacée. Quitter ce monde si tôt avec tout ce qu’il comporte de plaisir ? Il n’est pas prêt à l’accepter. L’escroc voit venir sa victime et lui tend la perche. « J’ai la possibilité de changer le cours de ton destin par un sacrifice », lui propose-t-il sous l’œil complice d’Ibrahim qui ne faisait que les écouter. Sa partition étant certainement achevée. « Je suis partant », s’empresse de dire le gérant, trop pressé de passer à l’attaque contre sa grand-mère. Les deux escrocs accompagnés de leur victime abandonnent la cabine téléphonique pour se retrouver au centre ville. Le sacrifice consiste à se vider les poches et déposer tout le contenu par terre. Prendre un caillou à ce même endroit pour le transporter jusqu’au troisième poteau électrique plus loin. Puis revenir sur le lieu de départ. Le gérant adhère au principe. Il dépose sa recette évaluée à 60 mille francs, ses cartes de recharges et deux téléphones portables. Il prend donc la route en comptant les poteaux. A son retour, point de Lacina encore moins d’Ibrahim. Les deux hommes se sont évanouis comme du gaz à l’air libre. Le gérant comprend qu’il a été fait comme un rat. Il porte plainte au commissariat de police tout en menant ses propres investigations. Quelques jours plus tard, il découvre les deux complices dans un kiosque à café en train de se la couler douce. Discrètement, il fait appel à la police qui les prend. Lorsqu’ils comparaissent devant le juge, ils feignent de ne pas se connaître et tentent de distraire le tribunal. Mais cette fois, la mayonnaise ne prend pas. Leur culpabilité a été vite établie par le plaignant et le tribunal. Déclarés coupables ils vont séjourner deux ans à la maison d’arrêt et payer 100 mille francs d’amende quand ils sortiront de prison.
Alain Kpapo a Gagnoa
Alain Kpapo a Gagnoa
