L’opération de déguerpissement, entreprise par le préfet d’Abidjan, coordonnateur de l’organisation des secours(Orsec) a démarré le 15 mai par la démolition de Garden Center (un quartier précaire d’Adjamé). Plus d’une semaine après, les populations de Yopougon Banco, de Gobelet-2 Plateaux, et d’Abobo attendent la visite des bulldozers du préfet d’Abidjan. Ils préviennent : ce sera l’argent contre leur départ.
L’agent de police de la mairie de Yopougon qui rôde aux alentours du Banco, attire les regards des habitants. Mais il rassure : il ne s’agit pas des mises en demeure que le préfet d’Abidjan a promis remettre aux habitants des zones sinistrées pour ensuite les déguerpir le moment venu. Ce matin, il est là pour remettre des tickets à quelques commerçants qui vendent aux abords du quartier. Cependant, avant de se retirer, il prend soin de préciser qu’il remet effectivement des mises en demeure aux populations, bien que, ce matin, ce ne soit pas le cas. « Et, c’est difficile. C’est à peine si les habitants ne nous frappent pas lorsque nous leur remettons des mises en demeure. Ils nous lancent à voix haute : pas question de partir », explique le fonctionnaire de la mairie de Yopougon. Il plaide pour que le préfet, premier responsable du plan Organisation des secours (Orsec), songe à leur offrir des moyens de coercition pour obliger les gens à partir. Mais qui dit moyen de coercition, dit force. Et c’est justement ce que les habitants du Banco désapprouvent. Ce matin, la question du déguerpissement alimente les causeries. On ne sait toujours pas, à moins d’une semaine de juin, comment la question va être abordée au Banco, où 19 personnes ont péri en juin 2009 à la suite d’éboulement. La conférence de presse de Sam Etiassé, puis le déguerpissement de Garden Center ont fait croire aux populations d’Agban-Aghien que ce serait bientôt leur tour. « Le préfet d’Abidjan a parlé de plusieurs quartiers ; mais ici, on ne voit rien. Nous n’avons encore reçu aucune mise en demeure », explique Berté Modeste, propriétaire de maison dans ce quartier précaire. En 2009, il a perdu 4 de ses locataires dans des éboulements. Ici, beaucoup de personnes, comme lui, sont propriétaires de maison. Et, pour eux, abandonner leurs maisons serait synonyme de ruine. A moins que l’équivalent leur soit donné en dédommagement, commente Berté Modeste. Mais le gouvernement a-t-il cet argent ? « C’est vrai que je veux partir d’ici après ce que j’ai vécu en 2009, cependant il faut que nous soyons bien traité. A défaut, je préférerais rester et affronter la mort », confie Modeste. Koré Mady, également propriétaire de maison, a perdu une personne dans les éboulements de juin 2009. « Nous habitons dans des maisons dangereuses, c’est vrai, mais nous préférons encore mourir que d’être déguerpis sans moyen consistant », déclare-t-il. La rumeur court ici que Sam Etiassé aurait promis 100.000 Fcfa aux locataires pour qu’ils quittent l’endroit, révèle l’un d’entre eux: « Même ici, cela ne vaut pas la caution des maisons que nous louons ». Le jeune qui parle se nomme Abdoulaye. Il affirme qu’il est né dans ce quartier. « Nous attendons le préfet de pied ferme. Depuis 2009, il ne fait que nous faire tourner en bourrique, sans jamais trouver de solutions à nos problèmes. S’il vient pour nous déguerpir, soit il a un site approprié avec des maisons, soit il a de l’argent consistant pour nous », ajoute-t-il. M.B, gérant de l’unique coin de café noir dans le coin, le soutient. « Je suis moi aussi né ici. J’ai donc assisté à tous les feuilletons qui ont bouleversé le Banco depuis l’affaire de pylônes jusqu’aux éboulements. Je n’ai rien contre le départ d’ici, mais ce sera la manière qui va tout déterminer. Nous attendons que le préfet viennent nous expliquer comment nous allons partir d’ici ». Tout comme ici, le quartier les deux-Plateaux où les éboulements de l’année dernière ont fait un mort, sont également concernés par le programme de déguerpissement du plan Orsec. Mais là également, rien ne bouge. Aucune mise en demeure n’est parvenue aux habitants. Ce matin, la plupart des maisons qui sont restées sur le site, sont fermées. Leurs habitants sont allés au boulot. Quelques résidents du quartier précaire nous renseignent. Ils ne sont pas encore concernés par les mises en demeure et le programme de déguerpissement de Sam Etiassé. Ils en entendent tout simplement parler. Ici, on est moins optimiste. Si les bulldozers débarquent, les résidents plieront tout simplement bagages. Le président des jeunes, Ouédraogo Karim, espère toutefois que le responsable du plan Osec sera plus entreprenant cette année. A Abobo, les différentes zones à risque n’ont pas été déguerpies. A Clotcha, l’une des zones à risque, les résidents tiennent le même langage que ceux du Banco. “Pas d’argent consistant, pas bougé”.
Raphaël Tanoh
L’agent de police de la mairie de Yopougon qui rôde aux alentours du Banco, attire les regards des habitants. Mais il rassure : il ne s’agit pas des mises en demeure que le préfet d’Abidjan a promis remettre aux habitants des zones sinistrées pour ensuite les déguerpir le moment venu. Ce matin, il est là pour remettre des tickets à quelques commerçants qui vendent aux abords du quartier. Cependant, avant de se retirer, il prend soin de préciser qu’il remet effectivement des mises en demeure aux populations, bien que, ce matin, ce ne soit pas le cas. « Et, c’est difficile. C’est à peine si les habitants ne nous frappent pas lorsque nous leur remettons des mises en demeure. Ils nous lancent à voix haute : pas question de partir », explique le fonctionnaire de la mairie de Yopougon. Il plaide pour que le préfet, premier responsable du plan Organisation des secours (Orsec), songe à leur offrir des moyens de coercition pour obliger les gens à partir. Mais qui dit moyen de coercition, dit force. Et c’est justement ce que les habitants du Banco désapprouvent. Ce matin, la question du déguerpissement alimente les causeries. On ne sait toujours pas, à moins d’une semaine de juin, comment la question va être abordée au Banco, où 19 personnes ont péri en juin 2009 à la suite d’éboulement. La conférence de presse de Sam Etiassé, puis le déguerpissement de Garden Center ont fait croire aux populations d’Agban-Aghien que ce serait bientôt leur tour. « Le préfet d’Abidjan a parlé de plusieurs quartiers ; mais ici, on ne voit rien. Nous n’avons encore reçu aucune mise en demeure », explique Berté Modeste, propriétaire de maison dans ce quartier précaire. En 2009, il a perdu 4 de ses locataires dans des éboulements. Ici, beaucoup de personnes, comme lui, sont propriétaires de maison. Et, pour eux, abandonner leurs maisons serait synonyme de ruine. A moins que l’équivalent leur soit donné en dédommagement, commente Berté Modeste. Mais le gouvernement a-t-il cet argent ? « C’est vrai que je veux partir d’ici après ce que j’ai vécu en 2009, cependant il faut que nous soyons bien traité. A défaut, je préférerais rester et affronter la mort », confie Modeste. Koré Mady, également propriétaire de maison, a perdu une personne dans les éboulements de juin 2009. « Nous habitons dans des maisons dangereuses, c’est vrai, mais nous préférons encore mourir que d’être déguerpis sans moyen consistant », déclare-t-il. La rumeur court ici que Sam Etiassé aurait promis 100.000 Fcfa aux locataires pour qu’ils quittent l’endroit, révèle l’un d’entre eux: « Même ici, cela ne vaut pas la caution des maisons que nous louons ». Le jeune qui parle se nomme Abdoulaye. Il affirme qu’il est né dans ce quartier. « Nous attendons le préfet de pied ferme. Depuis 2009, il ne fait que nous faire tourner en bourrique, sans jamais trouver de solutions à nos problèmes. S’il vient pour nous déguerpir, soit il a un site approprié avec des maisons, soit il a de l’argent consistant pour nous », ajoute-t-il. M.B, gérant de l’unique coin de café noir dans le coin, le soutient. « Je suis moi aussi né ici. J’ai donc assisté à tous les feuilletons qui ont bouleversé le Banco depuis l’affaire de pylônes jusqu’aux éboulements. Je n’ai rien contre le départ d’ici, mais ce sera la manière qui va tout déterminer. Nous attendons que le préfet viennent nous expliquer comment nous allons partir d’ici ». Tout comme ici, le quartier les deux-Plateaux où les éboulements de l’année dernière ont fait un mort, sont également concernés par le programme de déguerpissement du plan Orsec. Mais là également, rien ne bouge. Aucune mise en demeure n’est parvenue aux habitants. Ce matin, la plupart des maisons qui sont restées sur le site, sont fermées. Leurs habitants sont allés au boulot. Quelques résidents du quartier précaire nous renseignent. Ils ne sont pas encore concernés par les mises en demeure et le programme de déguerpissement de Sam Etiassé. Ils en entendent tout simplement parler. Ici, on est moins optimiste. Si les bulldozers débarquent, les résidents plieront tout simplement bagages. Le président des jeunes, Ouédraogo Karim, espère toutefois que le responsable du plan Osec sera plus entreprenant cette année. A Abobo, les différentes zones à risque n’ont pas été déguerpies. A Clotcha, l’une des zones à risque, les résidents tiennent le même langage que ceux du Banco. “Pas d’argent consistant, pas bougé”.
Raphaël Tanoh