Une maison, deux baraques et un garage de mécaniciens ont été détruits, hier sur le coup de 11 heures à Abobo, non loin des immeubles ‘’4 étages’’. Cette ‘’offensive’’ a été menée par les hommes de Sam Etiassé dans le cadre du plan Orsec. Arbres déracinés, baraques et maisons détruites. Il ne reste plus que des planches et des briques provenant des habitations de trois familles qui jonchent le sol. En effet, ce site sur lequel ces familles se sont installées est, selon Amonkou Kassi, secrétaire général de la préfecture d’Abidjan, un espace public réservé à la construction des canaux d’épuration des eaux usées de la commune. Koué Marguerite, une dame de la trentaine, habite ce site depuis 1975. Les premiers occupants de cet espace sont ses défunts parents. «J’habitais ici avec mes parents qui sont morts. Je vis désormais avec mes frères et mes enfants. Le plus grave, c’est que personne ne nous a informés de la destruction de nos maisons. C’est seulement hier que nous l’avons appris de bouche à oreille », dénonce-t-elle, les larmes aux yeux. Cette information est contraire à celle d’Amonkou Kassi qui indique que des mises en demeure avaient été distribuées depuis le mois d’avril aux habitants. Selon J.K., la sœur cadette de Koué Marguerite, la situation est grave : « Les enfants sont allés à l’école ce matin. Où allons-nous dormir quand ils seront là ce soir. Nous ne savons pas où donner de la tête. On espère que les autorités vont nous aider financièrement pour qu’on puisse prendre une autre maison », souhaite-t-elle. Une autre dame, apparemment plus jeune que les deux premières, vit aussi sur ce site avec sa famille. S. Ange habite et vend également à cet endroit. Elle est désemparée : « Je ne sais plus où aller. C’est ce commerce qui me permet aussi de scolariser mes enfants. Qu’allons-nous devenir ?», s’interroge-t-elle les yeux bouffis de larmes. Pendant ce temps, le bulldozer continue son travail. Il s’attaque maintenant au garage. Là-bas, les occupants évacuaient leurs effets. De jeunes gens aidaient les mécaniciens à retirer les dernières affaires de la baraque. En moins d’une heure, ce site a été déblayé. Le secrétaire général qui a supervisé ce déguerpissement, indique qu’après Abobo, cap, sera mis sur Yopougon. Là-bas, une autre station d’épurement des eaux usées, située non loin de la zone industrielle, est occupée par des populations qui y ont construit leurs habitations. « Les occupants ont également reçu des mises en demeure. Nous allons les faire partir pour reconstruire les sites d’épurement d’eaux usées pour qu’en saison des pluies, les eaux de ruissellement soient canalisées », a-t-il expliqué. Pour le moment, le Plan Orsec ne concerne que les petits sites. Le déguerpissement des grands sites comme Banco, Gobelet et autres n’ont pas encore débuté. Parce qu’il semblerait que le fonds pour aider ces populations, déguerpies, à se réinstaller dans des maisons viabilisées n’a pas encore été décaissé.
Adélaïde Konin
Adélaïde Konin
