Diplomate et Secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire, (UDPCI) le Pr. Alhassane Salif N’Diaye se prononce ici sur la situation sociopolitique actuelle en Côte d’Ivoire.
Le Patriote : Dans un entretien, récemment sur RFI, le chef de l’Etat affirmait qu’il n’ira pas en France tant qu’il n’y aura pas de discussion sur un différend qui, selon lui, oppose la Côte d’Ivoire à l’Etat français. Pour vous qui avez été Ambassadeur de de Côte d’Ivoire en France, selon vous, quel est ce différend ?
Alassane Salif N’Diaye : D’entrée, je voudrais dire qu’à mon humble avis, ça été une erreur que le chef de l’Etat ait été absent à la rencontre Afrique-France de Nice. Il s’agissait de l’Etat français qui rencontrait toute l’Afrique, pour essayer avec elle de voir comment le partenariat allait se renforcer dans un monde qui est en turbulence, notamment au plan économique. Or nous savons tous que les gros problèmes de notre pays, ce sont les problèmes économiques, les problèmes de mal gouvernance. Il était donc bon que notre chef d’Etat fut à Nice. Pour essayer, d’abord, de donner sa position et ensuite, de voir comment nous pouvons renouer avec la Communauté internationale via la France. Je pense deuxièmement que dans l’analyse du chef de l’Etat, il fait une grosse erreur dès lors qu’il parle de différend entre l’Etat de Côte d’Ivoire et l’Etat français. Une manière de personnaliser le débat. Puisque pour lui, l’Etat français c’est Chirac, c’est Dominique De Villepin. Et aujourd’hui, il s’adresse à l’Etat français à travers Sarkozy pour régler un problème qu’il impute à Chirac et à De Villepin. C’est une contradiction qui m’a frappée dans son interview. La deuxième chose, lorsqu’on est chef d’Etat, on dépasse certaines contingences. Je dis cela, surtout parce qu’il prétend que c’est l’Etat français qui a tenté de le déstabiliser, voire de le dégager du pouvoir. Alors, si on reprend les choses telles qu’elles sont, Gbagbo ne va pas à Nice parce qu’il a un contentieux à régler, non plus avec l’Etat français, mais avec Sarkozy. Or, je voudrais rappeler que feu le président Félix Houphouët-Boigny, qui a été un gaulliste de la première heure, donc libéral et homme de droite, n’a pas manqué non plus d’avoir des relations de partenariat, d’amitié et d’alliance avec François Mitterand, socialiste pure et dure. Je veux dire en cela que ceux qui ont la notion de ce qu’est un chef d’Etat, savent bien que ce dernier doit dépasser ce type de contingence. Aujourd’hui, je ne vais pas à Nice parce que j’ai un problème avec l’Etat français. Mais n’oublions pas que l’Etat est une continuité.
L.P. : Selon le président Gbagbo, il s’agit d’un problème tellement essentiel que ce n’était ni l’opportunité ni le cadre pour en discuter.
A.S.N. : Mais comme lui-même a eu à le dire, si, le problème est essentiel, allons-y discuter. On ne peut pas laisser passer une occasion comme celle-là et envoyer un représentant que je ne dirai pas anonyme, mais qui est en tout cas sur la deuxième marche de ceux qui étaient à Nice. A mon avis, ça été une erreur. S’il estime que ce problème était un problème de fond, il aurait savoir qu’en politique, on saisit toutes les opportunités. Peut-être que pour Laurent Gbagbo, ce n’était pas une opportunité. Mais ça été le cadre, par exemple, pour le président Bouteflika de l’Algérie pour résoudre ses problèmes avec la France. En politique, on saisit les opportunités. Combien de fois en marge de certains grands sommets, les problèmes extrêmement sérieux ont été traités en bilatéral ? Cela ne se dit pas et ne se voit pas, puisque la presse n’en est pas saisie. Mais on profite justement de ce genre de rencontre pour régler ses problèmes. Nous avons raté l’occasion et personnellement, je pense que c’est une erreur du chef de l’Etat.
L.P. : Si vous avez un conseil à donner à Laurent Gbagbo, dans le cadre de ses relations avec la France et le reste du monde, que diriez-vous ?
A.S.N. : Qu’il veille d’abord sur le rôle des Ambassadeurs. Que les Ambassadeurs de la Côte d’Ivoire à l’étranger soient de véritables ambassadeurs. Qu’ils travaillent dans les postes et les missions qui leur sont confiés. Aujourd’hui, lorsque je regarde le tableau de notre représentation dans le monde, je me rends compte que nos ambassadeurs passent les trois quarts de leur temps en Côte d’Ivoire. Généralement, pour des activités militantes. Il faut que cela cesse. Un Ambassadeur va pour porter la voix de son pays à l’extérieur. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, ils ont pour rôle d’aller poser à nos amis ce que sont les problèmes de notre pays. Pour qu’ensemble, nous puissions, dans le partenariat et non pas dans la servitude, résoudre ces problèmes-là. Mais, nos ambassadeurs sont tous les week-end dans les meetings du FPI en Côte d’Ivoire. Alors, je le dis et je le répète, notre diplomatie nous a ramené à un niveau très bas. Ce que je pourrais éventuellement donner comme conseil au chef de l’Etat, c’est que nos ambassadeurs doivent être de vrais ambassadeurs. Ils n’ont à la vérité, rien à faire en permanence en Côte d’Ivoire. Je prends le cas de la France, où s’est déroulée la rencontre Afrique-France. Comment expliquez-vous que notre ambassadeur ait quitté Abidjan pour aller à Paris ? C’est une aberration, une incongruité. C’est d’Abidjan que l’Ambassadeur a embarqué avec la délégation du représentant du chef de l’Etat, en la personne de M. Fologo. Bien entendu, c’est aussi une aberration de lui confier l’organisation du cinquantenaire. En somme, c’est la méconnaissance totale de la gestion d’un pays. Tout part de là. Ils sont incompétents. Ils sont irrationnels. Et ils pensent que gérer un Etat peut se faire comme à la place de la Sorbonne au Plateau. Chacun pense qu’il doit indiquer qu’il est plus ‘’gbagboïste’’ que tous les autres ‘’gbagboïstes’’. Prenez notre représentant à l’ONU. Peut-être qu’il passe quelques heures à nous représenter à l’ONU. Le reste du temps, il est ici à Abidjan en tant que conseiller juridique du chef de l’Etat. Cela est malheureux, cela est triste et cela ne fait que démontrer que ces gens-là n’ont aucune compétence pour gérer un Etat. C’est pourquoi je résume tout cela dans ma formule que je répète à satiété, nous n’avons plus d’Etat.
L.P. Toujours dans cette interview accordée à RFI, Laurent Gbagbo affirme qu’il est sûr de remporter la prochaine élection présidentielle. Parce que, selon lui, il incarne le peuple ivoirien du fait de sa popularité. Quels commentaires ?
A.S.N. : Vous savez, les logorrhées sont admises. Les fantasmes aussi. On peut rêver et dire tout ce qu’on a envie de dire. C’est de bonne guerre. Voici un candidat qui, pendant dix ans, était le chef d’Etat de Côte d’Ivoire. Il sait que l’élection est proche. Peut-être pour se revigorer, pour se donner de la contenance, qu’il dise à ses militants « Je vais gagner ». C’est de bonne guerre. Mais enfin, en son âme et conscience, il sait pertinemment que s’il y a des élections, c’est sa fin. Alors, « je vais gagner », « le peuple se reconnaît en moi », ce sont des slogans de campagne. Chacun des candidats peut le dire. Mais peuple ! Que de crimes sont commis en ton nom.
L.P. : Mais le disant, il s’inspire certainement des différents sondages de la Sofres qui le donne aussi gagnant…
A.S.N. : Ces sondages expriment la contradiction et l’aberration. La grosse équivoque, c’est que je suis candidat à une élection. Tous les sondages me donnent gagnant. Mais, j’en profite pour aller très rapidement aux élections. Dans les pays où il y a des gestionnaires de l’Etat, ceux qui sont au pouvoir apprécient la température au niveau de l’opinion publique. Dès lors qu’ils se rendent compte que cette opinion leur est favorable, ils vont jusqu’à faire des élections anticipées, pour profiter de l’aura qui les suit. Mais ici, les sondages disent que Gbagbo gagne et c’est lui qui freine des fers pour ne pas aller aux élections. Chacun sait exactement l’origine, la nature et l’objectif de ces sondages. Ce sont des sondages commandités, voulus pour essayer déjà de préparer l’opinion publique à une victoire incertaine. Ceux qui produisent ces sondages commandités par ce candidat, savent pertinemment que c’est du faux. Cependant, nous pensons que s’ils sont sur d’eux du fait des sondages, qu’on nous fixe la date des élections et nous y irons.
L.P. : Parlant justement du processus électoral, le contentieux sur la liste dite « grise » a pris fin le 5 juin dernier. Est-ce à dire que le processus est véritablement remis en marche ?
A.S.N. : Nous le souhaitons. Au niveau du RHDP nous travaillons à ce niveau. Car, dès lors que le contentieux sur la liste grise, qui a donné les résultats que nous savions – c`est-à-dire que la montagne a accouché d’une souris – est terminé, le moment est maintenant venu de s’attaquer à la liste blanche. Cela, sur la base du mode opératoire retenu. Nous allons même un peu plus loin, en disant que tout comme pour la liste grise, la liste blanche ne nous relèvera rien. Vous savez, nos amis d’en face ont la faculté chaque fois de créer des problèmes, d’inventer des situations où à les entendre, ils sont sûr de leur fait. Maintenant que nous avons vu le résultat sur leur demande, avec insistance, de visiter la liste grise, peut-être qu’ils seront moins profonds pour aller à ce qu’ils appellent « audit ». Et là, je m’arrête un instant pour vous expliquer que dans le mode opératoire qui nous a été remis, il est tout à fait normal qu’il y ait deux types requêtes pour ce qui est de la liste blanche. Premièrement, pour ceux qui y sont inscrits et qui estiment qu’il y a eu des erreurs dans leurs noms, dans leur filiation ou leur date naissance, etc. Ceux-là font une requête. La faisant, ils revisitent la liste blanche. Tout comme ceux qui estiment que des noms de gens qui ne sont pas Ivoiriens existent sur cette liste. Dans ce cas, on leur demande d’apporter la preuve que ces gens ne sont pas Ivoiriens. Et dans les deux cas, on regardera la liste blanche. Si eux, ils appellent cela un « audit », nous disons que nous sommes tout à fait en phase sur la base du mode opératoire. Mais, s’ils disent qu’il faut prendre un a un les 5, 3 millions d’inscrits pour savoir s’ils sont Ivoiriens, ils font là preuve de très mauvaise foi. Puisque la colonne vertébrale de cette liste est bien la liste électorale de 2000. SI on estime que cette liste était truffée d’étrangers, la conclusion est que nous avons aujourd’hui un chef d’Etat qui a été élu par les étrangers. Nous sommes donc totalement sereins pour que les réclamations se fassent sur la liste blanche selon le mode opératoire consensuel. Dans le cas contraire, il s’agira pour le camp présidentiel de vouloir nous faire perdre du temps et nous amener jusqu’en 2011. Ce contre quoi nous nous érigerons.
L.P. : Vous parlez de perte de temps. Et au sortir de sa rencontre avec le président Alassane Dramane Ouattara, le 17 mai dernier, le chef de l’Etat avait promis de rencontrer, dès la semaine suivante, le Premier ministre et la CEI pour discuter de date des élections. Mais, jusqu’à aujourd’hui, cette date des élections n’est pas connue. Alors quelle lecture?
A.S.N : Nous disons qu’il s’agit toujours des manœuvres dilatoires du FPI et du camp présidentiel. Mais, nous ferons pression maintenant que le contentieux sur la liste grise est terminé, pour que celui de la liste blanche puisse commencer.
L.P. : A l’occasion des assises des Assemblées annuelles de la BAD, la marche de protestation de la jeunesse du RHDP n’a pu se faire le 15 mai dernier. Cette situation a semblé créer des dissensions au sein de la coalition des houphouétistes. Bien qu’il y ait eu des échanges entre les leaders de cette coalition, quelle est aujourd’hui l’ambiance au sein du RHDP ?
A.S.N : Le RHDP est plus que jamais soudé. L’ambiance est à la limite plus forte qu’avant le report de la marche du 15 mai. Voyez-vous, les rassemblements des partis politiques comme les nôtres réagissent un peu comme le corps humain. C`est-à-dire que lorsque ce corps est agressé, la réaction pour se défendre devient plus forte. Lorsque la marche a été reportée, il y a eu effectivement l’impression que le rassemblement allait connaître des difficultés. Des pêcheurs en eau trouble ont vite fait de crier que l’implosion est arrivée, que c’était fini pour le RHDP, etc. Mais tout simplement parce que ces personnes ne savent pas comment fonctionne le RHDP.
L.P. : Comment fonctionne le RHDP ?
A.S.N : Au RHDP, nous sommes quatre partis politiques. Sur la base des dispositions de la plateforme du 18 mai 2005, chaque parti politique conserve son autonomie, c’est-à-dire la liberté d’analyse et de jugements par rapport aux problèmes qui se posent. Il se trouve que dans le cas d’espèce, le PDCI, le RDR avaient une analyse disant qu’il fallait surseoir à cette marche. Il se trouve également que l’UDPCI et le MFA ont estimé qu’il fallait maintenir cette marche pour que nous obtenions du camp présidentiel et notamment du candidat, chef de l’Etat une date des élections. C’étaient des analyses différentes et lorsqu’il s’est agi de signer un papier commun, nous avons marqué notre différence pour dire que nous ne signons pas ce papier. Mais ce n’est pas nouveau au RHDP sauf que la presse n’en est jamais saisie. C’est que la presse pour n’avoir pas été saisie ne pouvait pas faire échos de cela. Mais combien de problèmes n’avons-nous pas eus à traiter quand il y a eu des divergences de point de vue ? Au RHDP, c’est lorsque tous les quatre partis sont d’accord que nous parlons dans le communiqué de presse, dans les points de presse. Dans le cas que nous avons vécu aux alentours du 15 mai, on n’était pas d’accord, on l’a signifié et les choses se sont passées telles qu’elles se sont passées. Vous savez que quelques jours après, nous nous sommes retrouvés et comme je le disais, le corps réagissant face à l’agression qui nous était faite – je parle d’agression parce que nous avons entendu beaucoup de choses –, c’est à la suite de toutes ces choses que nous avons décidé d’élaborer un programme commun de gouvernement. Nous allons réfléchir et prendre les textes nécessaires pour le parti unifié.
L.P : Que renferme justement cette expression de parti unifié ?
A.S.N : Revenons à l’histoire avant l’indépendance en Côte d’Ivoire, vous aviez plusieurs partis politiques, les socialistes, les communistes, la SFIO, le RDA, etc. Lorsque nous avons eu l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, dans sa sagesse, dans la vision qu’il avait de la gestion d’un pays souverain, d’un pays qui voulait la modernité, a demandé à ses frères de ces partis politiques-là de se retrouver ensemble pour bâtir la Côte d’Ivoire. D’où la rencontre de toutes ces tendances des Ivoiriens dans les partis divers pour créer le PDCI-RDA. On a alors crié à la dictature d’un parti unique. Pour même mieux faire les choses, il est même inscrit dans notre Constitution, la possibilité de recourir au multipartisme. Dès lors que le consensus qui était fait à la fin des années 50 a été rompu au début des années 90, nous sommes retournés au multipartisme. Aujourd’hui, je prends seulement les quatre partis qui se réclament de l’Houphouétisme mais qui était des partis indépendants, nous avons estimé qu’au regard de la situation que vit la Côte d’Ivoire et dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire, il fallait que nous mettions ensemble nos forces. C’est pourquoi, vous nous entendez parler non pas de parti unique parce que les gens d’en face vont extrapoler dans leur mauvaise foi habituelle pour dire : « vous voyez, ils veulent le retour au parti unique. Ils veulent nous entraîner pour refaire le parti unique ». Nous disons non. Les quatre partis du RHDP feront un parti unifié. J’insiste sur le mot unifié.
L.P : A l’intérieur du RHDP, chaque parti avait son autonomie. Est-ce à dire que cette expression de parti unifié va « tuer » ces autonomies ?
A.S.N : Dès lors que nous faisons un parti unifié, vous imaginez comme cela se voit en diplomatie, excusez-moi d’en parler, chacun perd une partie de sa souveraineté. Donc lorsqu’on sera unifié, dans notre esprit, c’est que chacun de nos partis perd pratiquement toute sa souveraineté.
L.P : Cela voudrait-il dire qu’il n’y aura plus de PDCI, de RDR, d’UDPCI, de MFA ?
A.S.N : Bien sûr que non, lorsque le parti unifié sera constitué, il y aura le RHDP. Peut-être qu’on trouvera un nouveau nom, mais le nom RHDP, nouveau parti unifié, pour l’instant, c’est le sigle qui nous convient. Maintenant, dans les réflexions qui ont cours justement pour créer ce parti unifié, toutes ces questions seront abordées. Ce n’est pas une mince affaire.
LP : Comment vont se dissoudre les partis comme le PDCI, comme le RDR, comme l’UDPCI, comme le MFA, dans le parti unifié ?
A.S.N. : Je vous le dis ce n’est pas simple. Ce n’est pas du jour au lendemain, avec un coup de baguette magique, qu’on va dire : « c’est terminé, vos statuts sont complètement caducs, voici désormais les nouveaux statuts ».
L.P : Le président de l’UDPCI a souhaité que la formation de ce parti unifié s’opère avant les élections ?
A.S.N : Oui, cela rentre dans les débats. Est-ce qu’on le fait avant les élections ou est-ce qu’on le fait après ?
L.P : Qu’en est-il de la candidature unique ?
A.S.N : Ce sont des choses qu’il faudrait vraiment analyser de manière très fine. Il ne faudrait pas de façon légère, en voulant résoudre un problème, créer d’autres problèmes. Ce sont ces analyses-là que la commission numéro 1 qui a été demandée par nos leaders est en train de travailler pour trouver les contours de l’unification des 4 partis en un seul parti avec toutes les conséquences que cela suppose. On ne va pas du jour au lendemain, parce qu’on a dit qu’on est en train de travailler sur le statut et le règlement intérieur, dire avant les élections, c’est-à-dire dans quelques mois, « voilà le parti unifié » sans voir tous les échos que cela peut avoir au niveau de nos partis politiques. Chacun a son histoire pour avoir été amené à présenter un candidat unique. Il faut donc polir un peu tout cela avant d’annoncer le parti unifié. Pour résumer, chacun de nos partis politiques est en train de réfléchir aux voies et moyens pour arriver à ce parti unifié. Si cela se passe avant les élections, peut être qu’alors sur le table de nos réflexions, on posera le problème du candidat unique qui, à l’heure où je vous parle, n’est même pas dans nos préoccupations. Nous avons reçu des instructions de nos leaders, prémièrement, pour faire un programme commun de gouvernement, deuxièmement, pour faire les textes devant régir le futur parti unifié. Quant à la candidature unique, je le dis à la date d’aujourd’hui, elle n’est pas à l’ordre du jour.
L.P : Aujourd’hui, quel bilan pouvez-vous faire du RHDP ?
A.S.N : Je pense que si le RHDP n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Parce que la situation, telle que vous l’avez vécue à partir du 19 septembre 2002, aurait été dramatique. Dans la mesure où je crois que l’option du camp présidentiel était d’en découdre par la force. Ce sont les idées, ce sont les indications de nos leaders politiques du RHDP qui ont conduit en 2003 à voir le fameux dialogue qui a eu lieu entre les 2 belligérants à Lomé. Je vous rappelle que les délégations étaient conduites par Guillaume Soro lui-même pour le Forces Nouvelles et Laurent Dona Fologo pour le camp présidentiel, cela a donné ce que ça a donné. Sans les idées du RHDP, qui ont été ensuite traduite dans les réunions du directoire qui nous conduit à Marcoussis, à Pretoria, à Accra. C’est tout cela et un certain nombre de choses qui nous ont amenés à créer le RHDP le 18 mai 2005. Le bilan que nous avons fait est que si, premièrement, depuis 2003, nous avons connu une certaine accalmie et des avancées sur la voie de la sortie de crise, on la doit en grande partie au RHDP. J’ajoute que le RHDP est mondialement connu aujourd’hui comme l’opposition significative en Côte d’Ivoire. C’est déjà un acquis. Rien désormais ne peut se passer sans la position du RHDP. Cela est extrêmement important. Deuxièmement, nos quatre partis, avec des sensibilités particulières, depuis 2005 jusqu’à aujourd’hui, les militants à la base sont plus RHDP que le sommet. Je le dis, j’ai fait la fête des mères initiées par l’UDPCI à Gagnoa le samedi, mais c’est le RHDP qui a parlé. L’initiative est venue des femmes de l’UDPCI, mais c’est le RHDP qui a organisé la manifestation. Cela est valable partout. Je pense que ça peut rentrer dans notre bilan pour dire que nous avons bien fait de nous retrouver en tant qu’Houphouëtistes.
L.P : La BAD, c’est terminé. Les incompréhensions au RHDP sont réglées. Que faire maintenant ?
A.S.N : Continuer à exiger la liste définitive des électeurs, ce qui conduira automatiquement à la fixation de la date des élections et nous nous battrons pour cela. Ce que nous allons faire maintenant, c’est de tout faire pour obtenir la date des élections et que le chronogramme suive son cours afin qu’en 2010 nous ayons l’élection présidentielle.
L.P : Nous avons connu six reports. De quels moyens disposent le RHDP pour que l’élection présidentielle se tienne effectivement cette année, comme vous le souhaitez ?
A.S.N : Nous partons de la déclaration du Chef de l’Etat et sa dernière interview à la radio mondiale, il l’a indiquée clairement. Il est conscient, il est d’accord, il affirme que l’élection aura lieu cette année. C’est la position que nous avons eue nous au niveau du RHDP. Et les déclarations de nos différents leaders indiquent même une fourchette de date. Vous avez entendu l’un de nos leaders dire que ça peut se passer fin juillet début août. C’est possible. Au RHDP, nous avons travaillé sur un chronogramme qui part de la date à partir de laquelle le contentieux sur la liste blanche doit commencer et là encore, ce sont des décisions qui ont été prises par le facilitateur. A savoir que le contentieux sur la liste blanche ne doit pas durer plus de 21 jours. Si après demain, on commence le contentieux, 21 jours après, c`est-à-dire vers le 25 juin, on aura fini avec la liste blanche. On aura donc eu la liste définitive et à partir de cette liste définitive, en se basant sur ce que dit le code électoral, on peut même dire que c’est possible avant la fin juillet, si les choses se passaient comme elles devraient l’être.
L.P : Que fera le RHDP si les choses ne se passent comme vous l’expliquez ?
A.S.N : Nous aviserons. Pourquoi voulions nous marcher le 15 mai dernier ? C’était pour arracher une date de l’élection présidentielle. Si les choses ne se passent pas comme elle devraient se passer, permettez-moi de ne pas dévoiler ici l’arsenal de pression que nous aurons.
L.P : Les déclarations du RHDP se suivent et se ressemblent. N’empêche que depuis 2005, Laurent Gbagbo est Chef de l’Etat avec vos sentiments de colère souvent. Peut-on dire que Laurent Gbagbo est trop fort pour le RHDP ou que le RHDP est trop faible pour Laurent Gbagbo ?
A.S.N : Là aussi, je laisse à chacun son appréciation. Vous dites qu’il est trop fort. Il y en a qui disent même qu’il est un génie politique. S’ils se gargarisent avec cela, laissons-les. Regardez aujourd’hui dans quel isolement politique se trouve celui qui est censé être fort ! Cela est important pour un pays. Voilà quelqu’un qui est très fort, mais qui est tout seul et cela du fait de l’action menée par le RHDP. On parle souvent de cette opposition de salon, je pense que c’est très sévère dans le jugement qu’on fait du RHDP. Vous savez, lorsque vous envoyez les 24, 25, 26, 27 et 28 mars 2004 vos militants pour dire que nous voulons seulement l’application de l’accord de Marcoussis et que vous avez sur les bras 500 morts, vous réfléchissez avant d’appeler vos militants dans la rue. Aujourd’hui, marcher en Côte d’Ivoire signifie aller à l’abattoir, c’est très grave pour un Etat. Lorsque vous dites : « on veut marcher », on vous invite à venir à l’abattoir. On vous dit que l’armée fera son travail, lequel travail n’est autre que de tuer les gens. Dans ces conditions, je pense que les responsables politiques regardent par deux fois avant de faire certaines choses. Dans le cadre du 15 mai, on était conscient de cela. Je l’ai dit quelque part avec un peu d’humour : « on n’a fait que reporter notre mort ». Parce que si nous décidons de marcher pour obtenir la date définitive de l’élection, tout en sachant qu’on va nous tuer, on fait quoi ? Au stade où on en est, et ayant le dos au mur, je dois dire à la guerre comme à la guerre. Je ne dis pas qu’on va envoyer les gens à l’abattoir. Je voudrais vous inviter à réfléchir sur la question. C’est curieux qu’un Etat, qui se dit démocratique, invite l’armée à faire son travail de tuer dès lorsque l’opposition veut marcher. L’armée a donc une mission. On répète, ils envoient les enfants des autres à l’abattoir, mais ce sont leurs enfants à eux qu’on arme de kalachnikov pour tuer les enfants des autres. Il faut le dire. Si l’armée doit faire son travail, ce sont leurs enfants ou les enfants de leur camp qui le font, ces derniers sont armés pour tuer leurs frères, qui veulent tout simplement marcher de manière pacifique. Voilà la dictature qui s’est instaurée en Côte d’Ivoire. Celle-ci, s’appuie comme toute dictature, sur la terreur. Si le peuple est terrorisé tout le temps, alors vous dites que les leaders du RHDP sont des femmelettes, en même temps que vous dite cela, vous rentrez dans votre contradiction. Sur la base d’analyse de la presse que je vois, et où on peut lire que la Côte d’Ivoire est en train d’aller dans le calme, ils veulent marcher encore, il y aura des morts, c’est-à-dire qu’on intériorise la position du camp présidentiel, qui consiste à dire : « s’ils sortent, on les tue ». On ne peut pas rester dans cette situation-là. C’est pourquoi, sans vous dévoiler ce que nous allons faire, nous continuons notre marche au niveau du RHDP. Mais déjà, le fait de dire que nous aurons un parti unifié leur donne des insomnies très dures.
L.P : Si rien n’est fait, la marche aura lieu ?
A.S.N : Je ne le dis pas ainsi. Si rien n’est fait, quelque chose se fera.
L.P : Quelle est cette chose ?
A.S.N : Nous en discutons.
L.P : Au niveau de votre parti, peut-on dire, avec la dernière tournée qu’a effectué votre président dans le Bas-Sassandra, que la campagne est lancée ?
A.S.N : Ne nous voilons pas la face. Je crois que tout le monde a fait des tournées, tout le monde est en tournée. Je crois qu’un certains DNC du camp présidentiel est partout avec les moyens de l’Etat. La campagne est lancée, je vous rappelle en regardant dans le rétroviseur, il y a quelques mois, toutes les tournées du RDR, du PDCI-RDA. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que nous sommes les seuls à n’avoir pas visité 1/5 des régions de Côte d’Ivoire. Quand on prend le nord, nous avons fait le Denguelé, les Savanes, le Zanzan, le Moyen Cavally, nous avons fait les Montagnes, le Sud Bandama, aujourd’hui nous faisons le Bas-Sassandra que nous avons déjà visité. Il nous restera le Sud Comoé, le Moyen Comoé, l’Agneby. Nous avons déjà fait la Marahoué. Le président Mabri est aujourd’hui en train de boucler toute notre présence sur l’étendue du territoire. Si on dit que nous sommes en campagne, oui, nous sommes en campagne.
Yves M-Abiet et Diawara Samou
Le Patriote : Dans un entretien, récemment sur RFI, le chef de l’Etat affirmait qu’il n’ira pas en France tant qu’il n’y aura pas de discussion sur un différend qui, selon lui, oppose la Côte d’Ivoire à l’Etat français. Pour vous qui avez été Ambassadeur de de Côte d’Ivoire en France, selon vous, quel est ce différend ?
Alassane Salif N’Diaye : D’entrée, je voudrais dire qu’à mon humble avis, ça été une erreur que le chef de l’Etat ait été absent à la rencontre Afrique-France de Nice. Il s’agissait de l’Etat français qui rencontrait toute l’Afrique, pour essayer avec elle de voir comment le partenariat allait se renforcer dans un monde qui est en turbulence, notamment au plan économique. Or nous savons tous que les gros problèmes de notre pays, ce sont les problèmes économiques, les problèmes de mal gouvernance. Il était donc bon que notre chef d’Etat fut à Nice. Pour essayer, d’abord, de donner sa position et ensuite, de voir comment nous pouvons renouer avec la Communauté internationale via la France. Je pense deuxièmement que dans l’analyse du chef de l’Etat, il fait une grosse erreur dès lors qu’il parle de différend entre l’Etat de Côte d’Ivoire et l’Etat français. Une manière de personnaliser le débat. Puisque pour lui, l’Etat français c’est Chirac, c’est Dominique De Villepin. Et aujourd’hui, il s’adresse à l’Etat français à travers Sarkozy pour régler un problème qu’il impute à Chirac et à De Villepin. C’est une contradiction qui m’a frappée dans son interview. La deuxième chose, lorsqu’on est chef d’Etat, on dépasse certaines contingences. Je dis cela, surtout parce qu’il prétend que c’est l’Etat français qui a tenté de le déstabiliser, voire de le dégager du pouvoir. Alors, si on reprend les choses telles qu’elles sont, Gbagbo ne va pas à Nice parce qu’il a un contentieux à régler, non plus avec l’Etat français, mais avec Sarkozy. Or, je voudrais rappeler que feu le président Félix Houphouët-Boigny, qui a été un gaulliste de la première heure, donc libéral et homme de droite, n’a pas manqué non plus d’avoir des relations de partenariat, d’amitié et d’alliance avec François Mitterand, socialiste pure et dure. Je veux dire en cela que ceux qui ont la notion de ce qu’est un chef d’Etat, savent bien que ce dernier doit dépasser ce type de contingence. Aujourd’hui, je ne vais pas à Nice parce que j’ai un problème avec l’Etat français. Mais n’oublions pas que l’Etat est une continuité.
L.P. : Selon le président Gbagbo, il s’agit d’un problème tellement essentiel que ce n’était ni l’opportunité ni le cadre pour en discuter.
A.S.N. : Mais comme lui-même a eu à le dire, si, le problème est essentiel, allons-y discuter. On ne peut pas laisser passer une occasion comme celle-là et envoyer un représentant que je ne dirai pas anonyme, mais qui est en tout cas sur la deuxième marche de ceux qui étaient à Nice. A mon avis, ça été une erreur. S’il estime que ce problème était un problème de fond, il aurait savoir qu’en politique, on saisit toutes les opportunités. Peut-être que pour Laurent Gbagbo, ce n’était pas une opportunité. Mais ça été le cadre, par exemple, pour le président Bouteflika de l’Algérie pour résoudre ses problèmes avec la France. En politique, on saisit les opportunités. Combien de fois en marge de certains grands sommets, les problèmes extrêmement sérieux ont été traités en bilatéral ? Cela ne se dit pas et ne se voit pas, puisque la presse n’en est pas saisie. Mais on profite justement de ce genre de rencontre pour régler ses problèmes. Nous avons raté l’occasion et personnellement, je pense que c’est une erreur du chef de l’Etat.
L.P. : Si vous avez un conseil à donner à Laurent Gbagbo, dans le cadre de ses relations avec la France et le reste du monde, que diriez-vous ?
A.S.N. : Qu’il veille d’abord sur le rôle des Ambassadeurs. Que les Ambassadeurs de la Côte d’Ivoire à l’étranger soient de véritables ambassadeurs. Qu’ils travaillent dans les postes et les missions qui leur sont confiés. Aujourd’hui, lorsque je regarde le tableau de notre représentation dans le monde, je me rends compte que nos ambassadeurs passent les trois quarts de leur temps en Côte d’Ivoire. Généralement, pour des activités militantes. Il faut que cela cesse. Un Ambassadeur va pour porter la voix de son pays à l’extérieur. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, ils ont pour rôle d’aller poser à nos amis ce que sont les problèmes de notre pays. Pour qu’ensemble, nous puissions, dans le partenariat et non pas dans la servitude, résoudre ces problèmes-là. Mais, nos ambassadeurs sont tous les week-end dans les meetings du FPI en Côte d’Ivoire. Alors, je le dis et je le répète, notre diplomatie nous a ramené à un niveau très bas. Ce que je pourrais éventuellement donner comme conseil au chef de l’Etat, c’est que nos ambassadeurs doivent être de vrais ambassadeurs. Ils n’ont à la vérité, rien à faire en permanence en Côte d’Ivoire. Je prends le cas de la France, où s’est déroulée la rencontre Afrique-France. Comment expliquez-vous que notre ambassadeur ait quitté Abidjan pour aller à Paris ? C’est une aberration, une incongruité. C’est d’Abidjan que l’Ambassadeur a embarqué avec la délégation du représentant du chef de l’Etat, en la personne de M. Fologo. Bien entendu, c’est aussi une aberration de lui confier l’organisation du cinquantenaire. En somme, c’est la méconnaissance totale de la gestion d’un pays. Tout part de là. Ils sont incompétents. Ils sont irrationnels. Et ils pensent que gérer un Etat peut se faire comme à la place de la Sorbonne au Plateau. Chacun pense qu’il doit indiquer qu’il est plus ‘’gbagboïste’’ que tous les autres ‘’gbagboïstes’’. Prenez notre représentant à l’ONU. Peut-être qu’il passe quelques heures à nous représenter à l’ONU. Le reste du temps, il est ici à Abidjan en tant que conseiller juridique du chef de l’Etat. Cela est malheureux, cela est triste et cela ne fait que démontrer que ces gens-là n’ont aucune compétence pour gérer un Etat. C’est pourquoi je résume tout cela dans ma formule que je répète à satiété, nous n’avons plus d’Etat.
L.P. Toujours dans cette interview accordée à RFI, Laurent Gbagbo affirme qu’il est sûr de remporter la prochaine élection présidentielle. Parce que, selon lui, il incarne le peuple ivoirien du fait de sa popularité. Quels commentaires ?
A.S.N. : Vous savez, les logorrhées sont admises. Les fantasmes aussi. On peut rêver et dire tout ce qu’on a envie de dire. C’est de bonne guerre. Voici un candidat qui, pendant dix ans, était le chef d’Etat de Côte d’Ivoire. Il sait que l’élection est proche. Peut-être pour se revigorer, pour se donner de la contenance, qu’il dise à ses militants « Je vais gagner ». C’est de bonne guerre. Mais enfin, en son âme et conscience, il sait pertinemment que s’il y a des élections, c’est sa fin. Alors, « je vais gagner », « le peuple se reconnaît en moi », ce sont des slogans de campagne. Chacun des candidats peut le dire. Mais peuple ! Que de crimes sont commis en ton nom.
L.P. : Mais le disant, il s’inspire certainement des différents sondages de la Sofres qui le donne aussi gagnant…
A.S.N. : Ces sondages expriment la contradiction et l’aberration. La grosse équivoque, c’est que je suis candidat à une élection. Tous les sondages me donnent gagnant. Mais, j’en profite pour aller très rapidement aux élections. Dans les pays où il y a des gestionnaires de l’Etat, ceux qui sont au pouvoir apprécient la température au niveau de l’opinion publique. Dès lors qu’ils se rendent compte que cette opinion leur est favorable, ils vont jusqu’à faire des élections anticipées, pour profiter de l’aura qui les suit. Mais ici, les sondages disent que Gbagbo gagne et c’est lui qui freine des fers pour ne pas aller aux élections. Chacun sait exactement l’origine, la nature et l’objectif de ces sondages. Ce sont des sondages commandités, voulus pour essayer déjà de préparer l’opinion publique à une victoire incertaine. Ceux qui produisent ces sondages commandités par ce candidat, savent pertinemment que c’est du faux. Cependant, nous pensons que s’ils sont sur d’eux du fait des sondages, qu’on nous fixe la date des élections et nous y irons.
L.P. : Parlant justement du processus électoral, le contentieux sur la liste dite « grise » a pris fin le 5 juin dernier. Est-ce à dire que le processus est véritablement remis en marche ?
A.S.N. : Nous le souhaitons. Au niveau du RHDP nous travaillons à ce niveau. Car, dès lors que le contentieux sur la liste grise, qui a donné les résultats que nous savions – c`est-à-dire que la montagne a accouché d’une souris – est terminé, le moment est maintenant venu de s’attaquer à la liste blanche. Cela, sur la base du mode opératoire retenu. Nous allons même un peu plus loin, en disant que tout comme pour la liste grise, la liste blanche ne nous relèvera rien. Vous savez, nos amis d’en face ont la faculté chaque fois de créer des problèmes, d’inventer des situations où à les entendre, ils sont sûr de leur fait. Maintenant que nous avons vu le résultat sur leur demande, avec insistance, de visiter la liste grise, peut-être qu’ils seront moins profonds pour aller à ce qu’ils appellent « audit ». Et là, je m’arrête un instant pour vous expliquer que dans le mode opératoire qui nous a été remis, il est tout à fait normal qu’il y ait deux types requêtes pour ce qui est de la liste blanche. Premièrement, pour ceux qui y sont inscrits et qui estiment qu’il y a eu des erreurs dans leurs noms, dans leur filiation ou leur date naissance, etc. Ceux-là font une requête. La faisant, ils revisitent la liste blanche. Tout comme ceux qui estiment que des noms de gens qui ne sont pas Ivoiriens existent sur cette liste. Dans ce cas, on leur demande d’apporter la preuve que ces gens ne sont pas Ivoiriens. Et dans les deux cas, on regardera la liste blanche. Si eux, ils appellent cela un « audit », nous disons que nous sommes tout à fait en phase sur la base du mode opératoire. Mais, s’ils disent qu’il faut prendre un a un les 5, 3 millions d’inscrits pour savoir s’ils sont Ivoiriens, ils font là preuve de très mauvaise foi. Puisque la colonne vertébrale de cette liste est bien la liste électorale de 2000. SI on estime que cette liste était truffée d’étrangers, la conclusion est que nous avons aujourd’hui un chef d’Etat qui a été élu par les étrangers. Nous sommes donc totalement sereins pour que les réclamations se fassent sur la liste blanche selon le mode opératoire consensuel. Dans le cas contraire, il s’agira pour le camp présidentiel de vouloir nous faire perdre du temps et nous amener jusqu’en 2011. Ce contre quoi nous nous érigerons.
L.P. : Vous parlez de perte de temps. Et au sortir de sa rencontre avec le président Alassane Dramane Ouattara, le 17 mai dernier, le chef de l’Etat avait promis de rencontrer, dès la semaine suivante, le Premier ministre et la CEI pour discuter de date des élections. Mais, jusqu’à aujourd’hui, cette date des élections n’est pas connue. Alors quelle lecture?
A.S.N : Nous disons qu’il s’agit toujours des manœuvres dilatoires du FPI et du camp présidentiel. Mais, nous ferons pression maintenant que le contentieux sur la liste grise est terminé, pour que celui de la liste blanche puisse commencer.
L.P. : A l’occasion des assises des Assemblées annuelles de la BAD, la marche de protestation de la jeunesse du RHDP n’a pu se faire le 15 mai dernier. Cette situation a semblé créer des dissensions au sein de la coalition des houphouétistes. Bien qu’il y ait eu des échanges entre les leaders de cette coalition, quelle est aujourd’hui l’ambiance au sein du RHDP ?
A.S.N : Le RHDP est plus que jamais soudé. L’ambiance est à la limite plus forte qu’avant le report de la marche du 15 mai. Voyez-vous, les rassemblements des partis politiques comme les nôtres réagissent un peu comme le corps humain. C`est-à-dire que lorsque ce corps est agressé, la réaction pour se défendre devient plus forte. Lorsque la marche a été reportée, il y a eu effectivement l’impression que le rassemblement allait connaître des difficultés. Des pêcheurs en eau trouble ont vite fait de crier que l’implosion est arrivée, que c’était fini pour le RHDP, etc. Mais tout simplement parce que ces personnes ne savent pas comment fonctionne le RHDP.
L.P. : Comment fonctionne le RHDP ?
A.S.N : Au RHDP, nous sommes quatre partis politiques. Sur la base des dispositions de la plateforme du 18 mai 2005, chaque parti politique conserve son autonomie, c’est-à-dire la liberté d’analyse et de jugements par rapport aux problèmes qui se posent. Il se trouve que dans le cas d’espèce, le PDCI, le RDR avaient une analyse disant qu’il fallait surseoir à cette marche. Il se trouve également que l’UDPCI et le MFA ont estimé qu’il fallait maintenir cette marche pour que nous obtenions du camp présidentiel et notamment du candidat, chef de l’Etat une date des élections. C’étaient des analyses différentes et lorsqu’il s’est agi de signer un papier commun, nous avons marqué notre différence pour dire que nous ne signons pas ce papier. Mais ce n’est pas nouveau au RHDP sauf que la presse n’en est jamais saisie. C’est que la presse pour n’avoir pas été saisie ne pouvait pas faire échos de cela. Mais combien de problèmes n’avons-nous pas eus à traiter quand il y a eu des divergences de point de vue ? Au RHDP, c’est lorsque tous les quatre partis sont d’accord que nous parlons dans le communiqué de presse, dans les points de presse. Dans le cas que nous avons vécu aux alentours du 15 mai, on n’était pas d’accord, on l’a signifié et les choses se sont passées telles qu’elles se sont passées. Vous savez que quelques jours après, nous nous sommes retrouvés et comme je le disais, le corps réagissant face à l’agression qui nous était faite – je parle d’agression parce que nous avons entendu beaucoup de choses –, c’est à la suite de toutes ces choses que nous avons décidé d’élaborer un programme commun de gouvernement. Nous allons réfléchir et prendre les textes nécessaires pour le parti unifié.
L.P : Que renferme justement cette expression de parti unifié ?
A.S.N : Revenons à l’histoire avant l’indépendance en Côte d’Ivoire, vous aviez plusieurs partis politiques, les socialistes, les communistes, la SFIO, le RDA, etc. Lorsque nous avons eu l’indépendance, Félix Houphouët-Boigny, dans sa sagesse, dans la vision qu’il avait de la gestion d’un pays souverain, d’un pays qui voulait la modernité, a demandé à ses frères de ces partis politiques-là de se retrouver ensemble pour bâtir la Côte d’Ivoire. D’où la rencontre de toutes ces tendances des Ivoiriens dans les partis divers pour créer le PDCI-RDA. On a alors crié à la dictature d’un parti unique. Pour même mieux faire les choses, il est même inscrit dans notre Constitution, la possibilité de recourir au multipartisme. Dès lors que le consensus qui était fait à la fin des années 50 a été rompu au début des années 90, nous sommes retournés au multipartisme. Aujourd’hui, je prends seulement les quatre partis qui se réclament de l’Houphouétisme mais qui était des partis indépendants, nous avons estimé qu’au regard de la situation que vit la Côte d’Ivoire et dans l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire, il fallait que nous mettions ensemble nos forces. C’est pourquoi, vous nous entendez parler non pas de parti unique parce que les gens d’en face vont extrapoler dans leur mauvaise foi habituelle pour dire : « vous voyez, ils veulent le retour au parti unique. Ils veulent nous entraîner pour refaire le parti unique ». Nous disons non. Les quatre partis du RHDP feront un parti unifié. J’insiste sur le mot unifié.
L.P : A l’intérieur du RHDP, chaque parti avait son autonomie. Est-ce à dire que cette expression de parti unifié va « tuer » ces autonomies ?
A.S.N : Dès lors que nous faisons un parti unifié, vous imaginez comme cela se voit en diplomatie, excusez-moi d’en parler, chacun perd une partie de sa souveraineté. Donc lorsqu’on sera unifié, dans notre esprit, c’est que chacun de nos partis perd pratiquement toute sa souveraineté.
L.P : Cela voudrait-il dire qu’il n’y aura plus de PDCI, de RDR, d’UDPCI, de MFA ?
A.S.N : Bien sûr que non, lorsque le parti unifié sera constitué, il y aura le RHDP. Peut-être qu’on trouvera un nouveau nom, mais le nom RHDP, nouveau parti unifié, pour l’instant, c’est le sigle qui nous convient. Maintenant, dans les réflexions qui ont cours justement pour créer ce parti unifié, toutes ces questions seront abordées. Ce n’est pas une mince affaire.
LP : Comment vont se dissoudre les partis comme le PDCI, comme le RDR, comme l’UDPCI, comme le MFA, dans le parti unifié ?
A.S.N. : Je vous le dis ce n’est pas simple. Ce n’est pas du jour au lendemain, avec un coup de baguette magique, qu’on va dire : « c’est terminé, vos statuts sont complètement caducs, voici désormais les nouveaux statuts ».
L.P : Le président de l’UDPCI a souhaité que la formation de ce parti unifié s’opère avant les élections ?
A.S.N : Oui, cela rentre dans les débats. Est-ce qu’on le fait avant les élections ou est-ce qu’on le fait après ?
L.P : Qu’en est-il de la candidature unique ?
A.S.N : Ce sont des choses qu’il faudrait vraiment analyser de manière très fine. Il ne faudrait pas de façon légère, en voulant résoudre un problème, créer d’autres problèmes. Ce sont ces analyses-là que la commission numéro 1 qui a été demandée par nos leaders est en train de travailler pour trouver les contours de l’unification des 4 partis en un seul parti avec toutes les conséquences que cela suppose. On ne va pas du jour au lendemain, parce qu’on a dit qu’on est en train de travailler sur le statut et le règlement intérieur, dire avant les élections, c’est-à-dire dans quelques mois, « voilà le parti unifié » sans voir tous les échos que cela peut avoir au niveau de nos partis politiques. Chacun a son histoire pour avoir été amené à présenter un candidat unique. Il faut donc polir un peu tout cela avant d’annoncer le parti unifié. Pour résumer, chacun de nos partis politiques est en train de réfléchir aux voies et moyens pour arriver à ce parti unifié. Si cela se passe avant les élections, peut être qu’alors sur le table de nos réflexions, on posera le problème du candidat unique qui, à l’heure où je vous parle, n’est même pas dans nos préoccupations. Nous avons reçu des instructions de nos leaders, prémièrement, pour faire un programme commun de gouvernement, deuxièmement, pour faire les textes devant régir le futur parti unifié. Quant à la candidature unique, je le dis à la date d’aujourd’hui, elle n’est pas à l’ordre du jour.
L.P : Aujourd’hui, quel bilan pouvez-vous faire du RHDP ?
A.S.N : Je pense que si le RHDP n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Parce que la situation, telle que vous l’avez vécue à partir du 19 septembre 2002, aurait été dramatique. Dans la mesure où je crois que l’option du camp présidentiel était d’en découdre par la force. Ce sont les idées, ce sont les indications de nos leaders politiques du RHDP qui ont conduit en 2003 à voir le fameux dialogue qui a eu lieu entre les 2 belligérants à Lomé. Je vous rappelle que les délégations étaient conduites par Guillaume Soro lui-même pour le Forces Nouvelles et Laurent Dona Fologo pour le camp présidentiel, cela a donné ce que ça a donné. Sans les idées du RHDP, qui ont été ensuite traduite dans les réunions du directoire qui nous conduit à Marcoussis, à Pretoria, à Accra. C’est tout cela et un certain nombre de choses qui nous ont amenés à créer le RHDP le 18 mai 2005. Le bilan que nous avons fait est que si, premièrement, depuis 2003, nous avons connu une certaine accalmie et des avancées sur la voie de la sortie de crise, on la doit en grande partie au RHDP. J’ajoute que le RHDP est mondialement connu aujourd’hui comme l’opposition significative en Côte d’Ivoire. C’est déjà un acquis. Rien désormais ne peut se passer sans la position du RHDP. Cela est extrêmement important. Deuxièmement, nos quatre partis, avec des sensibilités particulières, depuis 2005 jusqu’à aujourd’hui, les militants à la base sont plus RHDP que le sommet. Je le dis, j’ai fait la fête des mères initiées par l’UDPCI à Gagnoa le samedi, mais c’est le RHDP qui a parlé. L’initiative est venue des femmes de l’UDPCI, mais c’est le RHDP qui a organisé la manifestation. Cela est valable partout. Je pense que ça peut rentrer dans notre bilan pour dire que nous avons bien fait de nous retrouver en tant qu’Houphouëtistes.
L.P : La BAD, c’est terminé. Les incompréhensions au RHDP sont réglées. Que faire maintenant ?
A.S.N : Continuer à exiger la liste définitive des électeurs, ce qui conduira automatiquement à la fixation de la date des élections et nous nous battrons pour cela. Ce que nous allons faire maintenant, c’est de tout faire pour obtenir la date des élections et que le chronogramme suive son cours afin qu’en 2010 nous ayons l’élection présidentielle.
L.P : Nous avons connu six reports. De quels moyens disposent le RHDP pour que l’élection présidentielle se tienne effectivement cette année, comme vous le souhaitez ?
A.S.N : Nous partons de la déclaration du Chef de l’Etat et sa dernière interview à la radio mondiale, il l’a indiquée clairement. Il est conscient, il est d’accord, il affirme que l’élection aura lieu cette année. C’est la position que nous avons eue nous au niveau du RHDP. Et les déclarations de nos différents leaders indiquent même une fourchette de date. Vous avez entendu l’un de nos leaders dire que ça peut se passer fin juillet début août. C’est possible. Au RHDP, nous avons travaillé sur un chronogramme qui part de la date à partir de laquelle le contentieux sur la liste blanche doit commencer et là encore, ce sont des décisions qui ont été prises par le facilitateur. A savoir que le contentieux sur la liste blanche ne doit pas durer plus de 21 jours. Si après demain, on commence le contentieux, 21 jours après, c`est-à-dire vers le 25 juin, on aura fini avec la liste blanche. On aura donc eu la liste définitive et à partir de cette liste définitive, en se basant sur ce que dit le code électoral, on peut même dire que c’est possible avant la fin juillet, si les choses se passaient comme elles devraient l’être.
L.P : Que fera le RHDP si les choses ne se passent comme vous l’expliquez ?
A.S.N : Nous aviserons. Pourquoi voulions nous marcher le 15 mai dernier ? C’était pour arracher une date de l’élection présidentielle. Si les choses ne se passent pas comme elle devraient se passer, permettez-moi de ne pas dévoiler ici l’arsenal de pression que nous aurons.
L.P : Les déclarations du RHDP se suivent et se ressemblent. N’empêche que depuis 2005, Laurent Gbagbo est Chef de l’Etat avec vos sentiments de colère souvent. Peut-on dire que Laurent Gbagbo est trop fort pour le RHDP ou que le RHDP est trop faible pour Laurent Gbagbo ?
A.S.N : Là aussi, je laisse à chacun son appréciation. Vous dites qu’il est trop fort. Il y en a qui disent même qu’il est un génie politique. S’ils se gargarisent avec cela, laissons-les. Regardez aujourd’hui dans quel isolement politique se trouve celui qui est censé être fort ! Cela est important pour un pays. Voilà quelqu’un qui est très fort, mais qui est tout seul et cela du fait de l’action menée par le RHDP. On parle souvent de cette opposition de salon, je pense que c’est très sévère dans le jugement qu’on fait du RHDP. Vous savez, lorsque vous envoyez les 24, 25, 26, 27 et 28 mars 2004 vos militants pour dire que nous voulons seulement l’application de l’accord de Marcoussis et que vous avez sur les bras 500 morts, vous réfléchissez avant d’appeler vos militants dans la rue. Aujourd’hui, marcher en Côte d’Ivoire signifie aller à l’abattoir, c’est très grave pour un Etat. Lorsque vous dites : « on veut marcher », on vous invite à venir à l’abattoir. On vous dit que l’armée fera son travail, lequel travail n’est autre que de tuer les gens. Dans ces conditions, je pense que les responsables politiques regardent par deux fois avant de faire certaines choses. Dans le cadre du 15 mai, on était conscient de cela. Je l’ai dit quelque part avec un peu d’humour : « on n’a fait que reporter notre mort ». Parce que si nous décidons de marcher pour obtenir la date définitive de l’élection, tout en sachant qu’on va nous tuer, on fait quoi ? Au stade où on en est, et ayant le dos au mur, je dois dire à la guerre comme à la guerre. Je ne dis pas qu’on va envoyer les gens à l’abattoir. Je voudrais vous inviter à réfléchir sur la question. C’est curieux qu’un Etat, qui se dit démocratique, invite l’armée à faire son travail de tuer dès lorsque l’opposition veut marcher. L’armée a donc une mission. On répète, ils envoient les enfants des autres à l’abattoir, mais ce sont leurs enfants à eux qu’on arme de kalachnikov pour tuer les enfants des autres. Il faut le dire. Si l’armée doit faire son travail, ce sont leurs enfants ou les enfants de leur camp qui le font, ces derniers sont armés pour tuer leurs frères, qui veulent tout simplement marcher de manière pacifique. Voilà la dictature qui s’est instaurée en Côte d’Ivoire. Celle-ci, s’appuie comme toute dictature, sur la terreur. Si le peuple est terrorisé tout le temps, alors vous dites que les leaders du RHDP sont des femmelettes, en même temps que vous dite cela, vous rentrez dans votre contradiction. Sur la base d’analyse de la presse que je vois, et où on peut lire que la Côte d’Ivoire est en train d’aller dans le calme, ils veulent marcher encore, il y aura des morts, c’est-à-dire qu’on intériorise la position du camp présidentiel, qui consiste à dire : « s’ils sortent, on les tue ». On ne peut pas rester dans cette situation-là. C’est pourquoi, sans vous dévoiler ce que nous allons faire, nous continuons notre marche au niveau du RHDP. Mais déjà, le fait de dire que nous aurons un parti unifié leur donne des insomnies très dures.
L.P : Si rien n’est fait, la marche aura lieu ?
A.S.N : Je ne le dis pas ainsi. Si rien n’est fait, quelque chose se fera.
L.P : Quelle est cette chose ?
A.S.N : Nous en discutons.
L.P : Au niveau de votre parti, peut-on dire, avec la dernière tournée qu’a effectué votre président dans le Bas-Sassandra, que la campagne est lancée ?
A.S.N : Ne nous voilons pas la face. Je crois que tout le monde a fait des tournées, tout le monde est en tournée. Je crois qu’un certains DNC du camp présidentiel est partout avec les moyens de l’Etat. La campagne est lancée, je vous rappelle en regardant dans le rétroviseur, il y a quelques mois, toutes les tournées du RDR, du PDCI-RDA. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que nous sommes les seuls à n’avoir pas visité 1/5 des régions de Côte d’Ivoire. Quand on prend le nord, nous avons fait le Denguelé, les Savanes, le Zanzan, le Moyen Cavally, nous avons fait les Montagnes, le Sud Bandama, aujourd’hui nous faisons le Bas-Sassandra que nous avons déjà visité. Il nous restera le Sud Comoé, le Moyen Comoé, l’Agneby. Nous avons déjà fait la Marahoué. Le président Mabri est aujourd’hui en train de boucler toute notre présence sur l’étendue du territoire. Si on dit que nous sommes en campagne, oui, nous sommes en campagne.
Yves M-Abiet et Diawara Samou