Depuis le 1er Juin dernier, l’école ivoirienne est perturbée par la grève des enseignants du Midd (Mouvement des Instituteurs pour la Défense de leurs Droits). Les revendications portent sur l’application complète de la grille indiciaire transitoire, le rappel s’y rapportant, le reliquat de l’indemnité de logement des instituteurs et son rappel. Le Midd exige également le paiement du rappel de Cap (1988 à 1992) et le déblocage des avancements des instituteurs ne bénéficiant pas de reclassement. Notons qu’en dehors de la fermeture des classes et bureaux, ces enseignants s’abstiennent de participer à tout jury d’examen (Bac, Cepe, Bepc) dont le lancement se fera aujourd’hui et de faire les compositions de passage. L’école étant un devoir régalien pour l’Etat, il est donc de son devoir de régler cette crise pour le bonheur de l’école ivoirienne. Mais au lieu de trouver une porte de sortie pour éviter un énième échec scolaire catastrophique aux pauvres élèves, le gouvernement ivoirien, par l’entremise de son ministre de l’Education Nationale, Bleu Lainé, hausse le ton et brandit l’épée de Damoclès au-dessus de la tête des grévistes du Midd. Pour le ministre, ce mouvement est du « rechauffé » parce qu’ayant fait l’objet de discussions lors de la grève du collectif d’une demi-douzaine de syndicats du primaire, en novembre dernier. Et pire, il menace de suspendre le salaire des instituteurs grévistes. La sévère mise en garde du ministre Bleu Lainé au Midd n’a pas laissé indifférent son secrétaire général, Mesmin Comoé. En effet, il a répliqué amèrement aux propos du ministre dans les colonnes d’un quotidien de la place. « Les menaces de la tutelle ricochent sur le parapluie de l’indifférence des instituteurs. C’est parce que notre mouvement n’a pas échoué comme on tente de le faire croire, que le ministre sort pour brandir le bâton. Mais cela n’est pas la solution pour casser la grève. C’est plutôt la radicalisation de la grève qui est au bout des menaces de sanctions. Si le gouvernement s’engage dans cette voie guerrière, nous allons le suivre et c’est l’école qui en pâtira, à notre corps défendant, car nous n’accepterons ni le reniement des engagements pris, ni des sanctions arbitraires », a-t-il martelé. Le Midd menace aussi de boycotter l’examen du CEPE et le Concours d’Entrée en 6ème. L’état actuel des choses met les parents d’élèves dans la psychose d’une année blanche.
Jean Martin Angora
Jean Martin Angora