Ils sont nombreux parmi les cathos, les plus ultra, qui ne vont pas aimer ce titre. A l’école primaire, la grande messe venait avant la petite, très tôt le matin, et avant celle des enfants et des jeunes.
Tout évolue. Les messes sont devenues plus nombreuses les dimanches et on commence même le samedi soir qu’on appelle la messe avancée du dimanche. J’avoue que j’aime bien la messe du samedi soir. Je suis beaucoup plus concentrée car moins de bruit et de distraction. Mais la messe, la grande messe, dont je veux parler, aujourd’hui, concerne le football. Je ne sais pas qui a eu l’idée d’appeler les grandes occasions de football la grande messe. C’est vrai qu’une phase finale de coupe du monde ou même de coupe d’Afrique est un grand rassemblement. Mais la comparer à une messe il n’y a que les Occidentaux seuls qui pouvaient le faire. Là bas, chez eux, aller à la messe pour une grande partie de la population, c’est perdre son temps. Rien ne vaut la grasse matinée après une semaine bien remplie et stressante. Certains même ne croient pas en Dieu. Mais nous prions pour ces incrédules. Ils viendront, tôt ou tard à Dieu. Pour le moment, ils sont beaucoup plus intéressés par la coupe du monde qui commence. Et ils ne seront pas les seuls. Les plus passionnés sont les Africains. Leur cas est grave. Ils sont très croyants.
Ils remplissent les églises mais ne vous trompez pas à commencer une messe à l’heure d’un mondial en Afrique du Sud . Je ne suis pas certain que les plus fervents des fidèles viendront. Le football est devenu le nouveau dieu du monde. De tous les royaumes, pour ne pas dire des républiques, il est le plus important. Son président Blatter s’étonnait et ne comprenait pas que les fédérations africaines démettaient des entraineurs à quelques mois de grandes échéances. Il n’a pas compris que le destin d’une nation en football est lié aux résultats de la sélection. Les présidents des fédérations n’ont pas le choix. Un entraineur doit gagner tous ces matchs et remporté le trophée. Absolument. Se plaignant toujours d’un régime politique, le football permet aux Africains de juger le régime politique. Deux défaites successives dans une grande compétition n’est que l’illustration d’une mauvaise politique sociale et économique. L’Africain fait toujours de quelqu’un d’autre ses déboires. Pour le contenter, la meilleure tête à couper est l’entraineur ou le sélectionneur. Et très rapidement . La paix sociale est à ce prix. Ceux qui ont l’opportunité de voir à la télévision l’engouement d’un pays de l’Afrique centrale comprendront aisément que ce que le peuple veut Dieu le veut. Toute la population est confiante du destin lumineux de son équipe nationale. On leur demande de revenir avec le trophée. Et quel trophée ?
La coupe du monde. La coupe du monde se joue chez « nous » et le minimum c’est la finale.
L’entraineur n’a pas une autre mission. Ramener la coupe du monde afin qu’on chôme encore des jours pour danser. Dans ce genre de compétition le supporter est sourd et aveugle. Il ne connait pas son adversaire. D’ailleurs, l’adversaire ne l’intéresse pas. Le slogan d’un parti politique chez nous doit être mis au service des militants du football africain. « On gagne ou on gagne. » Comme durant les phases finales de la coupe d’Afrique des nations, celles de la coupe du monde, donnent à nos hommes politiques et surtout les dirigeants l’occasion de se reposer un tout petit peu. Plus de plainte dans leurs oreilles. Le peuple est préoccupé par les matches. Que son pays jour ou pas. Des malins disent que c’est en ce moment précis que les pouvoirs peuvent augmenter les prix. Que peut faire l’augmentation de la tomate ou de l’oignon devant un match Brésil-Argentine. En parler même c’est gaspiller sa salive. Dans les bureaux on ne commentera que des matches jouer la veille et des matches à venir. C’est plus passionnant et ça tue les aigreurs. Chacun a déjà choisi son camp. Dans les taxis et les bus tous les passagers fraternisent. La vie est belle quand la coupe du monde est là. Même les femmes ne regrettent plus leurs feuilletons brésiliens et argentins. Je vous dis qu’un match de football en Afrique du sud entre le Brésil et l’Argentine vaut tous les sacrifices. Ce sacrifice ne dure qu’un mois. En plus, pour une fois les maris sont en place. Ils ne sortent plus. Ils ne gaspillent plus. Hélas, l’économie tourne au ralenti. Comme à la messe, prions pour nos six équipes africaines. A commencer par nos « Eléphants » qui suscitent, cette fois-ci, moins d’engouement. Plus on ne croit pas à une équipe plus elle fait des surprises. Comme le disait un jeune homme dans un wororo à Yopougon. « Ils sont 11 vous êtes 11 vous avez peur de quoi ? Vous pouvez les « maga » avec deux buts d’écart. Ronaldo c’est qui ? Est-ce qu’il connait Drogba ? » J’aime les gens optimistes et cela manque beaucoup à l’Afrique. Fasse que le football pousse tous les Africains à l’optimisme, à la foi dans tous les domaines. C’est l’une des conditions majeures pour notre développement intégral. Je ne peux donc que souhaiter une très grande messe à tous les spectateurs africains.
Néanmoins qu’ils n’oublient pas de consacrer chaque jour une dizaine de minutes à la lecture. Ne serait-ce qu’à la mi-temps de chaque match. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Tout évolue. Les messes sont devenues plus nombreuses les dimanches et on commence même le samedi soir qu’on appelle la messe avancée du dimanche. J’avoue que j’aime bien la messe du samedi soir. Je suis beaucoup plus concentrée car moins de bruit et de distraction. Mais la messe, la grande messe, dont je veux parler, aujourd’hui, concerne le football. Je ne sais pas qui a eu l’idée d’appeler les grandes occasions de football la grande messe. C’est vrai qu’une phase finale de coupe du monde ou même de coupe d’Afrique est un grand rassemblement. Mais la comparer à une messe il n’y a que les Occidentaux seuls qui pouvaient le faire. Là bas, chez eux, aller à la messe pour une grande partie de la population, c’est perdre son temps. Rien ne vaut la grasse matinée après une semaine bien remplie et stressante. Certains même ne croient pas en Dieu. Mais nous prions pour ces incrédules. Ils viendront, tôt ou tard à Dieu. Pour le moment, ils sont beaucoup plus intéressés par la coupe du monde qui commence. Et ils ne seront pas les seuls. Les plus passionnés sont les Africains. Leur cas est grave. Ils sont très croyants.
Ils remplissent les églises mais ne vous trompez pas à commencer une messe à l’heure d’un mondial en Afrique du Sud . Je ne suis pas certain que les plus fervents des fidèles viendront. Le football est devenu le nouveau dieu du monde. De tous les royaumes, pour ne pas dire des républiques, il est le plus important. Son président Blatter s’étonnait et ne comprenait pas que les fédérations africaines démettaient des entraineurs à quelques mois de grandes échéances. Il n’a pas compris que le destin d’une nation en football est lié aux résultats de la sélection. Les présidents des fédérations n’ont pas le choix. Un entraineur doit gagner tous ces matchs et remporté le trophée. Absolument. Se plaignant toujours d’un régime politique, le football permet aux Africains de juger le régime politique. Deux défaites successives dans une grande compétition n’est que l’illustration d’une mauvaise politique sociale et économique. L’Africain fait toujours de quelqu’un d’autre ses déboires. Pour le contenter, la meilleure tête à couper est l’entraineur ou le sélectionneur. Et très rapidement . La paix sociale est à ce prix. Ceux qui ont l’opportunité de voir à la télévision l’engouement d’un pays de l’Afrique centrale comprendront aisément que ce que le peuple veut Dieu le veut. Toute la population est confiante du destin lumineux de son équipe nationale. On leur demande de revenir avec le trophée. Et quel trophée ?
La coupe du monde. La coupe du monde se joue chez « nous » et le minimum c’est la finale.
L’entraineur n’a pas une autre mission. Ramener la coupe du monde afin qu’on chôme encore des jours pour danser. Dans ce genre de compétition le supporter est sourd et aveugle. Il ne connait pas son adversaire. D’ailleurs, l’adversaire ne l’intéresse pas. Le slogan d’un parti politique chez nous doit être mis au service des militants du football africain. « On gagne ou on gagne. » Comme durant les phases finales de la coupe d’Afrique des nations, celles de la coupe du monde, donnent à nos hommes politiques et surtout les dirigeants l’occasion de se reposer un tout petit peu. Plus de plainte dans leurs oreilles. Le peuple est préoccupé par les matches. Que son pays jour ou pas. Des malins disent que c’est en ce moment précis que les pouvoirs peuvent augmenter les prix. Que peut faire l’augmentation de la tomate ou de l’oignon devant un match Brésil-Argentine. En parler même c’est gaspiller sa salive. Dans les bureaux on ne commentera que des matches jouer la veille et des matches à venir. C’est plus passionnant et ça tue les aigreurs. Chacun a déjà choisi son camp. Dans les taxis et les bus tous les passagers fraternisent. La vie est belle quand la coupe du monde est là. Même les femmes ne regrettent plus leurs feuilletons brésiliens et argentins. Je vous dis qu’un match de football en Afrique du sud entre le Brésil et l’Argentine vaut tous les sacrifices. Ce sacrifice ne dure qu’un mois. En plus, pour une fois les maris sont en place. Ils ne sortent plus. Ils ne gaspillent plus. Hélas, l’économie tourne au ralenti. Comme à la messe, prions pour nos six équipes africaines. A commencer par nos « Eléphants » qui suscitent, cette fois-ci, moins d’engouement. Plus on ne croit pas à une équipe plus elle fait des surprises. Comme le disait un jeune homme dans un wororo à Yopougon. « Ils sont 11 vous êtes 11 vous avez peur de quoi ? Vous pouvez les « maga » avec deux buts d’écart. Ronaldo c’est qui ? Est-ce qu’il connait Drogba ? » J’aime les gens optimistes et cela manque beaucoup à l’Afrique. Fasse que le football pousse tous les Africains à l’optimisme, à la foi dans tous les domaines. C’est l’une des conditions majeures pour notre développement intégral. Je ne peux donc que souhaiter une très grande messe à tous les spectateurs africains.
Néanmoins qu’ils n’oublient pas de consacrer chaque jour une dizaine de minutes à la lecture. Ne serait-ce qu’à la mi-temps de chaque match. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly