Affaires prêtres catholiques bloqués au Portugal : L’église catholique piégée par les promesses de l’Etat

L’affaire avait fait grand bruit. Partis en pèlerinage à Rome, en Italie, dans le cadre de la clôture de l’année sacerdotale décrétée par le pape Benoît XVI, 128 prêtres de l’église catholique ivoirienne ont été contraints de mettre fin à leur randonnée spirituelle à Fatima, au Portugal. Hier, à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan Plateau, les organisateurs de ce pèlerinage se sont expliqués officiellement sur son échec. De l’exposé fait par le Révérend Père Anselme Dangbo, directeur national des œuvres catholiques, il ressort que ce sont les difficultés financières qui sont à la base de la rentrée précipitée des prêtres sur Abidjan le lundi 7 juin denier. En effet, sa structure, a-t-il relaté, qui était chargée de l’organisation du pèlerinage, en partenariat avec l’Union fraternelle du clergé ivoirien (UNFRACI), avait planifié les choses comme suit. « Le coût du pèlerinage par prêtre était fixé à deux millions de FCFA. La participation personnelle de chaque prêtre s’élevait à cinq cent mille FCFA. Le reste devait provenir du soutien financier des fidèles paroissiens sous forme de cotisations ou quêtes, spéciales, aides et dons de l’Etat et de divers fonds à lever par le canal de la direction nationale des œuvres catholiques », a-t-il détaillé. De ce qui a été prévu, seuls les prêtres, a-t-il poursuivi, ont versé la totalité de leur part. Au niveau des paroisses, il n’y a que deux qui ont reversé leur cotisation. Quant aux subventions de l’Etat, aucune, a précisé l’homme de Dieu, n’est arrivée. Ni celle du ministère de l’Intérieur, à travers la direction des cultes, ni celle de la Présidence de la République. Cependant, une partie des acomptes reçus des prêtres, a-t-il ajouté, avait servi aux frais de réservation pour le séjour et l’autre partie transférée aux prestataires extérieurs du circuit, pour confirmation du projet. La direction des œuvres, malgré cette situation, a avoué son directeur, a pris le risque d’envoyer le premier groupe de 128 pèlerins, car il y avait encore les assurances des promesses. Surtout de la part de la direction générale des cultes. « Nous avons fait partir les premiers pèlerins. Mais n’ayant plus de fonds, j’ai réuni le bureau pour dire qu’il n’y avait pas d’argent. Nous avons appelé nos évêques pour leur expliquer la situation. Nous avons été rassurés que le Président de la République recevrait le mardi 25 mai Monseigneur Siméon Ahouana pour débloquer la situation. Mais l’aide symbolique du Président de la République qui était de 50 millions était en deçà de nos espérances », a regretté le Révérend Anselme Dangbo. C’est ainsi que la décision, a-t-il lâché, a été prise d’annuler le second vol et de faire revenir le premier groupe. Finalement, à l’issue de plusieurs tractions, les évêques après une autre aide de 150 millions de FCFA du chef de l’Etat, vont faire revenir les prêtres bloqués au Portugal. Pour Monseigneur Jean Pierre Kutwa, Archevêque d’Abidjan, la seule leçon à tirer de cette mésaventure est que l’église catholique organisera seule, comme elle l’a toujours fait, ses pèlerinages, sans attendre l’aide de quiconque. Le chef de l’égalise catholique a rejeté toute accusation de détournement de fonds et de liste parallèle.

Dao Maïmouna