Marina, la rue des mariés, la femme de Lorenzo, Marimar…et bien d’autres font partie des séries Latino Américaines qui captivent quotidiennement les téléspectateurs en Côte d’Ivoire. Les femmes et les enfants en sont quasiment devenus « fous ». L’impact de ses séries télévisées sur le train train des ivoiriens est réel. On constate que leur diffusion quotidienne ouvre la voie à une certaine dose de fiction qui remplace la réalité. Avec comme cerise empoisonnée sur le gâteau, une conception des relations amoureuses galvaudée.
La scène fait désormais tâche d’huile. En période normale (hormis la diffusion de la coupe du monde de football), les programmes de télévision nationales diffusent les séries latino américaines à partir de 19h. Dans les foyers, c’est un agacement quasi permanent et les hommes ne manquent plus d’affirmer leur désapprobation face à ce blues de la Télénova. C’est le cas, de Yannich T cadre dans un établissement financier à Abidjan. Il a vu passer ‘’sous silence’’ un important communiqué se rapportant aux activités de la banque. Pourtant cette information a été largement relayée dans le journal de la 1ère Chaîne et la TV2. Problème, les deux postes téléviseurs de la maison étaient scotchées sur les séries latino américaines. « Pourtant à cette heure, je me trouvais à la maison. Seul bémol, les enfants et mon épouse suivaient leurs feuilletons préférés ». Yannich T s’est informé le lendemain de la diffusion de cette nouvelle auprès ses collègues une fois arrivées au bureau. Hélas, cette situation perdure depuis plusieurs années déjà avec l’arrivée des séries latino-américaines. A Abidjan comme un peu partout en Côte d’Ivoire, nombreux sont les hommes qui ne parviennent pas à suivre les informations, les débats ou les programmes sportifs et culturels à partir d’une certaine heure. Seules alors triomphent les séries latino-américaines. Pour éviter les tensions en famille, les moins lotis sont obligés de se balader dans les restaurants ou autres terrasses pour « tuer le temps » disent-ils. Ou peut être pour les hommes plus nantis, ils installent des écrans supplémentaires dans la chambre ou au petit salon. Qu’est ce qui accroche donc tant les femmes et les enfants aux séries latino américaines ? « Les séries jouent un rôle important dans la diffusion des messages érotiques, exotiques et didactiques », justifie une jeune étudiante. Un avis pas très différent des autres. « Ce qui me plait dans ces séries, c’est le fait de savoir que les gens des autres continents vivent aussi les déboires amoureux, des idylles…bref que la manière de prendre les coups en amour ou d’être heureux ne diffère pas d’un continent à un autre », confie une autre, jeune employée dans une structure de communication. Pour d’autres, d’une certaine manière les séries latino-américaines leurs apportent des solutions et suggèrent des comporter à adopter devant les situations similaires qu’elles peuvent probablement rencontrer dans la vie quotidienne.
Sources de conflits conjugaux
Pour d’autres encore, il s’agit juste d’une distraction. « Après une journée de dur labeur, il est toujours bon de se décontracter devant un programme télé divertissant », affirme Charles Y, un informaticien installé à son propre compte. Et sa petite amie agacée d’être souvent regardée de travers chaque fois qu’elle avoue son affection pour ces films, d’insister « certains hommes sont des fanatiques de football. Jamais on les a traités d’incultes ou de victimes de la mode. A chacun ses hobbies et sa passion. Je suis bien consciente qu’il ne s’agit que de fiction et surtout pas nos réalités ici à Abidjan ». Les séries télévisées ne sont que des films, des mises en scène. C’est vrai. Mais quant la fiction s’ingère dans les vies, au point de causes les dégâts ou même d’influencer la manière d’agir, il y a lieu de s’inquiéter. Des époux se plaignent de la piètre qualité de leur repas ou de l’inexistence du repas, lorsqu’il existe, ce repas est souvent trop salé, trop brûlé…Des enfants délaissés ou négligés parce que les épouses ont abandonné leurs travaux ménagers pour se « scotcher », a leur petit écran. A Abidjan, il est de notoriété que les conflits conjugaux naissent aussi en partie à cause de la négligence des épouses et par la faute de certaines déviations de comportement de celles-ci après avoir montre leur amour pour la telenova. Si cette influence négative se limitait aux adultes, cela pourrait encore passer. Mais lorsque les enfants résument d’une façon déconcertante, l’épisode de la veille au détriment des leçons et des valeurs positives, il y a lieu de se demander ce que adviendra de leur vie sentimentale et de leur avenir. Et pire que retiendront elles de leur mère ? D’autant plus qu’en Afrique, la mère est le pôle, le pilier de la maison, ‘’la maîtresse des lieux’’. Dans le cas des blues des séries latino-américaines, c’est elle malheureusement qui laisse ses enfants prendre goût, jour après jour, aux scènes obscènes, orchestrées par les personnages impudiques. Un enfant interrogé sur l’utilité de ces films explique en substance qu’il avait compris que « tous les moyens étaient bons pour parvenir à ses fins. Parfois on est obligé de piétiner les autres mêmes ceux qui nous sont chers pour atteindre un objectif ». Drôle de leçon ! Ou encore ce témoignage d’une jeune collègéenne. « Dans une relation amoureuse le plus important, est d’être l’élément dominateur et avoir la force de s’imposer à son partenaire, dans le cas contraire, bonjour les dégâts. Car en amour, il y a toujours un gagnant et un perdant. De loin, je préfère être gagnant pour ne pas subir ». Impitoyable leçon et quelle machiavélisme ? En Côte d’Ivoire, on n’a pas encore pris conscience de la consommation abusive des séries télévisée venant d’ailleurs. A bien des égards, ce sont nos civilisations et nos traditions qui en prennent un sérieux coup, au profit des mœurs d’autres horizons. Peut être que l’on peut déplorer le fait que la quasi majorité des programmes des chaînes de télévision nationale manquent souvent de distractions captivantes, mais de la à abandonner l’éducation et la morale des enfants aux fictions latino-américaines, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas franchir. Même si pour beaucoup d’observateurs le succès de ces séries n’est pas le fait du hasard, il faut règlementer la diffusion de ces séries. Il est révélateur d’une part de la faiblesse de la production de films locaux de bonne facture, et d’autre part le coma profond dans lequel est plongé le cinéma ivoirien. La politique nationale d’aide au 7e art s’est avérée déficiente et inefficace ouvrant ainsi la porte à tous les excès.
Williams Arthur Prescot
La scène fait désormais tâche d’huile. En période normale (hormis la diffusion de la coupe du monde de football), les programmes de télévision nationales diffusent les séries latino américaines à partir de 19h. Dans les foyers, c’est un agacement quasi permanent et les hommes ne manquent plus d’affirmer leur désapprobation face à ce blues de la Télénova. C’est le cas, de Yannich T cadre dans un établissement financier à Abidjan. Il a vu passer ‘’sous silence’’ un important communiqué se rapportant aux activités de la banque. Pourtant cette information a été largement relayée dans le journal de la 1ère Chaîne et la TV2. Problème, les deux postes téléviseurs de la maison étaient scotchées sur les séries latino américaines. « Pourtant à cette heure, je me trouvais à la maison. Seul bémol, les enfants et mon épouse suivaient leurs feuilletons préférés ». Yannich T s’est informé le lendemain de la diffusion de cette nouvelle auprès ses collègues une fois arrivées au bureau. Hélas, cette situation perdure depuis plusieurs années déjà avec l’arrivée des séries latino-américaines. A Abidjan comme un peu partout en Côte d’Ivoire, nombreux sont les hommes qui ne parviennent pas à suivre les informations, les débats ou les programmes sportifs et culturels à partir d’une certaine heure. Seules alors triomphent les séries latino-américaines. Pour éviter les tensions en famille, les moins lotis sont obligés de se balader dans les restaurants ou autres terrasses pour « tuer le temps » disent-ils. Ou peut être pour les hommes plus nantis, ils installent des écrans supplémentaires dans la chambre ou au petit salon. Qu’est ce qui accroche donc tant les femmes et les enfants aux séries latino américaines ? « Les séries jouent un rôle important dans la diffusion des messages érotiques, exotiques et didactiques », justifie une jeune étudiante. Un avis pas très différent des autres. « Ce qui me plait dans ces séries, c’est le fait de savoir que les gens des autres continents vivent aussi les déboires amoureux, des idylles…bref que la manière de prendre les coups en amour ou d’être heureux ne diffère pas d’un continent à un autre », confie une autre, jeune employée dans une structure de communication. Pour d’autres, d’une certaine manière les séries latino-américaines leurs apportent des solutions et suggèrent des comporter à adopter devant les situations similaires qu’elles peuvent probablement rencontrer dans la vie quotidienne.
Sources de conflits conjugaux
Pour d’autres encore, il s’agit juste d’une distraction. « Après une journée de dur labeur, il est toujours bon de se décontracter devant un programme télé divertissant », affirme Charles Y, un informaticien installé à son propre compte. Et sa petite amie agacée d’être souvent regardée de travers chaque fois qu’elle avoue son affection pour ces films, d’insister « certains hommes sont des fanatiques de football. Jamais on les a traités d’incultes ou de victimes de la mode. A chacun ses hobbies et sa passion. Je suis bien consciente qu’il ne s’agit que de fiction et surtout pas nos réalités ici à Abidjan ». Les séries télévisées ne sont que des films, des mises en scène. C’est vrai. Mais quant la fiction s’ingère dans les vies, au point de causes les dégâts ou même d’influencer la manière d’agir, il y a lieu de s’inquiéter. Des époux se plaignent de la piètre qualité de leur repas ou de l’inexistence du repas, lorsqu’il existe, ce repas est souvent trop salé, trop brûlé…Des enfants délaissés ou négligés parce que les épouses ont abandonné leurs travaux ménagers pour se « scotcher », a leur petit écran. A Abidjan, il est de notoriété que les conflits conjugaux naissent aussi en partie à cause de la négligence des épouses et par la faute de certaines déviations de comportement de celles-ci après avoir montre leur amour pour la telenova. Si cette influence négative se limitait aux adultes, cela pourrait encore passer. Mais lorsque les enfants résument d’une façon déconcertante, l’épisode de la veille au détriment des leçons et des valeurs positives, il y a lieu de se demander ce que adviendra de leur vie sentimentale et de leur avenir. Et pire que retiendront elles de leur mère ? D’autant plus qu’en Afrique, la mère est le pôle, le pilier de la maison, ‘’la maîtresse des lieux’’. Dans le cas des blues des séries latino-américaines, c’est elle malheureusement qui laisse ses enfants prendre goût, jour après jour, aux scènes obscènes, orchestrées par les personnages impudiques. Un enfant interrogé sur l’utilité de ces films explique en substance qu’il avait compris que « tous les moyens étaient bons pour parvenir à ses fins. Parfois on est obligé de piétiner les autres mêmes ceux qui nous sont chers pour atteindre un objectif ». Drôle de leçon ! Ou encore ce témoignage d’une jeune collègéenne. « Dans une relation amoureuse le plus important, est d’être l’élément dominateur et avoir la force de s’imposer à son partenaire, dans le cas contraire, bonjour les dégâts. Car en amour, il y a toujours un gagnant et un perdant. De loin, je préfère être gagnant pour ne pas subir ». Impitoyable leçon et quelle machiavélisme ? En Côte d’Ivoire, on n’a pas encore pris conscience de la consommation abusive des séries télévisée venant d’ailleurs. A bien des égards, ce sont nos civilisations et nos traditions qui en prennent un sérieux coup, au profit des mœurs d’autres horizons. Peut être que l’on peut déplorer le fait que la quasi majorité des programmes des chaînes de télévision nationale manquent souvent de distractions captivantes, mais de la à abandonner l’éducation et la morale des enfants aux fictions latino-américaines, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas franchir. Même si pour beaucoup d’observateurs le succès de ces séries n’est pas le fait du hasard, il faut règlementer la diffusion de ces séries. Il est révélateur d’une part de la faiblesse de la production de films locaux de bonne facture, et d’autre part le coma profond dans lequel est plongé le cinéma ivoirien. La politique nationale d’aide au 7e art s’est avérée déficiente et inefficace ouvrant ainsi la porte à tous les excès.
Williams Arthur Prescot