Certaines élèves et étudiantes ont choisi la voie la plus facile pour réussir : les notes sexuellement transmissibles qui consistent à avoir des relations intimes avec leurs enseignants pour de bonnes notes. Des pratiques courantes dans le monde scolaire qui n’honorent personne.
Assise autour d’une table dans un restaurant ‘’Du palmier’’ au sein du Campus de Cocody, Bernadette K., 25 ans environ, anime une causerie dont le thème retient notre attention. Étudiante en licence de lettres modernes à l’université de Cocody Abidjan, elle crie haut et fort qu’elle n’a pas eu à fournir assez d’effort pour valider son Diplôme Universitaire d’Etude Littéraire (Duel II) en 2007. Elle explique que la nature l’ayant dotée de pouvoir de séduction, elle ne peut que s’en servir pour avancer dans les études. « Je suis belle et la majorité de mes enseignants tombent sous mon charme. J’en profite donc pour valider mes unités de valeur », explique-t-elle. Avant d’ajouter qu’entretenir des relations intimes avec un ou plusieurs professeurs n’a jamais fait de mal à personne dans la mesure où elle n’est pas étiquetée. « Ce n’est pas écrit sur mon front que je couche avec mon prof et en plus je valide toujours mes UV en première session », précise-t-elle. Sa copine Kady qui l’écoute avec grand intérêt soutient avec fermeté son point de vue. Kady a sa stratégie. Cette étudiante en maitrise de droit est une habituée de cette ficelle qui n’est autre que les ‘’Notes sexuellement transmissibles’’. « C’est ce que je fais depuis ma 2eme année », confesse-t-elle. A défaut de se déshabiller devant tous ses enseignants, cette future juriste jette son dévolu sur celui ou ceux dont les matières lui créent des problèmes. « Il est impossible de bosser tous les cours qui sont volumineux, c’est pourquoi je trie mes matières et les professeurs avec qui je dois avoir des relations intimes afin d’avoir la moyenne», dit-elle avec aisance.
Une forme de prostitution dont…
Les notes sexuellement transmissibles qui sont une autre forme de prostitution n’échappent à personne dans les universités, Grandes écoles et lycées et collèges du pays. Dans ce jeu de séduction entre professeurs et étudiantes, l’objectif n’est pas seulement l’argent mais également et surtout les notes. Ce jeu dangereux est récurrent et visible dans le temple du savoir. Il est même la continuité de ce qui se passe dans le secondaire. C’est un cercle vicieux, duquel il est difficile de sortir. Ce phénomène est une épine dans les pieds du système éducatif ivoirien. Les étudiantes paresseuses se jettent dans la course aux bonnes notes dans le but de valider leurs unités de valeur. De fait, pour passer en année supérieure, elles utilisent tous les artifices possibles pour s’attirer le regard des enseignants. Elles n’ont pour seule arme que la séduction et lever jupon. Ainsi, sortir avec un ou plusieurs professeurs est la meilleure garantie pour avoir la moyenne dans toutes les UV. Mieux, il y a le jeu de parrainage. Cette « discipline » réussit à Adeline. Elle qui entretient des relations intimes depuis bientôt deux ans avec G.R, son directeur de recherche, vient de soutenir sa maîtrise en criminologie, avec la mention très bien. «Je peux dire que c’est lui qui a pratiquement écrit tout mon mémoire. Mais je ne le regrette pas », confesse-t-elle. Mais lorsque l’étudiante a plusieurs ‘’cordes à son arc’’, le retour de la manivelle peut être dangereux. Edwige l’a appris à ses dépens. A 27 ans et mère de 2 enfants, elle a abandonné ses études en 2005 sans avoir obtenu la licence en sociologie. Elle avait pris l’habitude de « s’offrir » avec ses professeurs dans le seul but de valider ses unités de valeur. « Les professeurs, ayant compris cela, la narguaient et l’humiliaient pendant les cours », raconte Aïcha, une de ses amies inscrite en Dea de sociologie.
…les plus jeunes sont les grandes victimes.
Si certaines filles prennent plaisir à se prêter au jeu de séduction, d’autres en sont de véritables victimes. En effet ce phénomène des moyennes sexuellement transmissibles qui est l’une des causes de la baisse du niveau scolaire notamment chez les jeunes filles illustre, selon Kamagaté F. de manière flagrante la dévalorisation du métier d’enseignant. Cette élève qui passe en première au collège Anador de Yopougon, a été confrontée au cours de l’année scolaire, à cette dure réalité du milieu scolaire. Kamagaté fait partie des harcelées par leurs professeurs. Elle se souvient encore que son professeur de mathématiques l’invitait à son domicile souvent après les devoirs et lui demandait de choisir la note qu’elle voulait ; et cela quel que soit son travail. « Je n’ai pas trouvé cela sérieux et je n’avais pas besoin de note de complaisance pour réussir, et ayant compris que cette proposition faisait partie de sa technique d’attraction et n’était qu’un leurre, j’ai refusé l’offre et je me suis retirée tout doucement », a-t-elle révélé. Avant d’ajouter: « Je ne répondais donc plus à ses rendez-vous, et je ne voulais plus le voir. Mais en classe je devais supporter sa présence. Tout cela me pesait et je ne savais pas comment en parler à mes parents. Je faisais tout pour ne pas lui manquer de respect; et j’avais gardé le silence pour me protéger, ayant peur des représailles. Lui ne me parlait plus et refusait même mes salutations». Albertine D., du lycée Pierre Gadier de Yopougon, soutient que cette pratique est courante dans son établissement. « Ici, certains enseignants profitent de notre vulnérabilité pour coucher avec plusieurs filles dans la même salle de classe sans se préoccuper de notre dignité et de notre avenir », affirme-t-elle.
« Les jeunes filles nous provoquent »
Et pourtant selon certains professeurs, les torts sont partagés. «Les filles paresseuses se jettent elles-mêmes dans la course aux bonnes notes, surtout en fin de trimestre en utilisant tous les artifices possibles pour s’attirer le regard des enseignants », accuse T. Bernard, enseignant de philosophie. Selon lui, elles n’ont pour seule arme que la séduction et la petite culotte. «Vous ne pouvez pas comprendre combien de fois nous sommes harcelés par les jeunes filles, surtout en fin de trimestre. Certaines, sachant qu’elles sont en tenue courte, prennent le malin plaisir de s’asseoir sur les premiers bancs dans l’optique de vous faire du tape à l’œil pendant que vous êtes en train de faire votre cours », nous a révélé, sous le sceau de l’anonymat un enseignant du lycée jeunes filles de Yopougon, avant d’ajouter que pour elles, « sortir avec un prof est une garantie pour avoir la moyenne dans toutes les matières par le jeu du parrainage ». Si certains professeurs prennent du plaisir à se prêter à ce jeu, d’autres soutiennent qu’ils ne tombent jamais dans ces bassesses qu’ils trouvent « dangereuses ». S.R, enseignant-chercheur rappelle aux étudiantes le grand devoir qu’elles ont aujourd’hui de préparer leur avenir à travers le travail et le mérite car, précise-t-il, « ce qui compte ce n’est pas la note, mais la connaissance et le savoir faire». Avant d’interpeller ses collègues : « Nous devons éviter de tomber dans les bassesses et faire preuve de probité morale et intellectuelle. »
La responsabilité des parents
Dans ce cercle vicieux, les enseignants accusent également les parents. Pour eux, la responsabilité de la famille est grande dans le comportement des filles. B.F, enseignant au lycée Simone Gbagbo de Yopougon, ne cesse de se plaindre des parents à chaque arrêt des notes. Il se rappelle des propos de M. Yapi, venu plaider pour sa fille qui est en phase de renvoi. «Ma fille est en 1erC. Je vous implore de l’aider sinon elle sera renvoyée. J’ai déjà vu son professeur principal, et c’est lui qui m’a conseillé de rencontrer chacun de ses professeurs afin de l’aider à reprendre sa classe», dit-il. A coté de cela, les enseignants se plaignent également de certaines tenues des filles. «Ces jeunes filles ont quand même des parents. Où sont-ils quand leurs filles sortent de la maison dans des tenues provocantes», lâche un enseignant du lycée moderne Harris d’Adjamé. Les parents eux se défendent. «Nous sommes accusés pour rien. Nous pensons que les enseignants ont également un rôle d’éducateur. Et à ce titre, ils ne doivent pas avoir de relations intimes avec leurs étudiantes», se plaint Z. Paul, père d’une étudiante pendant qu’un autre plus révolté pense que les enseignants responsables de tels actes doivent être arrêtés et jetés en prison.
Touré Yelly
Encadré : Les sanctions existent
Pour réussir, il faut travailler. Les petites du secondaires élèves et les étudiantes doivent le comprendre et arrêter de se transformer en objet sexuel pour satisfaire la libido des enseignants. Tout comme les pédagogues doivent également savoir que par ces gestes, ils s’exposent à la radiation s’ils se font prendre. Selon une source proche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lorsqu’une plainte est déposée contre un enseignant dans ce type de cas, une enquête est d’abord menée pour voir la véracité de l’information. «Si l’information est confirmée, le conseil d’Ufr siège dans l’optique de le blâmer. Mais la haute sanction est prise par le conseil d’université qui après s’être réuni, suspend l’enseignant de ses enseignements et est affecté dans une structure de recherche, dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur, où il n’a aucun contact avec les étudiantes», explique la source.
T.Y
Assise autour d’une table dans un restaurant ‘’Du palmier’’ au sein du Campus de Cocody, Bernadette K., 25 ans environ, anime une causerie dont le thème retient notre attention. Étudiante en licence de lettres modernes à l’université de Cocody Abidjan, elle crie haut et fort qu’elle n’a pas eu à fournir assez d’effort pour valider son Diplôme Universitaire d’Etude Littéraire (Duel II) en 2007. Elle explique que la nature l’ayant dotée de pouvoir de séduction, elle ne peut que s’en servir pour avancer dans les études. « Je suis belle et la majorité de mes enseignants tombent sous mon charme. J’en profite donc pour valider mes unités de valeur », explique-t-elle. Avant d’ajouter qu’entretenir des relations intimes avec un ou plusieurs professeurs n’a jamais fait de mal à personne dans la mesure où elle n’est pas étiquetée. « Ce n’est pas écrit sur mon front que je couche avec mon prof et en plus je valide toujours mes UV en première session », précise-t-elle. Sa copine Kady qui l’écoute avec grand intérêt soutient avec fermeté son point de vue. Kady a sa stratégie. Cette étudiante en maitrise de droit est une habituée de cette ficelle qui n’est autre que les ‘’Notes sexuellement transmissibles’’. « C’est ce que je fais depuis ma 2eme année », confesse-t-elle. A défaut de se déshabiller devant tous ses enseignants, cette future juriste jette son dévolu sur celui ou ceux dont les matières lui créent des problèmes. « Il est impossible de bosser tous les cours qui sont volumineux, c’est pourquoi je trie mes matières et les professeurs avec qui je dois avoir des relations intimes afin d’avoir la moyenne», dit-elle avec aisance.
Une forme de prostitution dont…
Les notes sexuellement transmissibles qui sont une autre forme de prostitution n’échappent à personne dans les universités, Grandes écoles et lycées et collèges du pays. Dans ce jeu de séduction entre professeurs et étudiantes, l’objectif n’est pas seulement l’argent mais également et surtout les notes. Ce jeu dangereux est récurrent et visible dans le temple du savoir. Il est même la continuité de ce qui se passe dans le secondaire. C’est un cercle vicieux, duquel il est difficile de sortir. Ce phénomène est une épine dans les pieds du système éducatif ivoirien. Les étudiantes paresseuses se jettent dans la course aux bonnes notes dans le but de valider leurs unités de valeur. De fait, pour passer en année supérieure, elles utilisent tous les artifices possibles pour s’attirer le regard des enseignants. Elles n’ont pour seule arme que la séduction et lever jupon. Ainsi, sortir avec un ou plusieurs professeurs est la meilleure garantie pour avoir la moyenne dans toutes les UV. Mieux, il y a le jeu de parrainage. Cette « discipline » réussit à Adeline. Elle qui entretient des relations intimes depuis bientôt deux ans avec G.R, son directeur de recherche, vient de soutenir sa maîtrise en criminologie, avec la mention très bien. «Je peux dire que c’est lui qui a pratiquement écrit tout mon mémoire. Mais je ne le regrette pas », confesse-t-elle. Mais lorsque l’étudiante a plusieurs ‘’cordes à son arc’’, le retour de la manivelle peut être dangereux. Edwige l’a appris à ses dépens. A 27 ans et mère de 2 enfants, elle a abandonné ses études en 2005 sans avoir obtenu la licence en sociologie. Elle avait pris l’habitude de « s’offrir » avec ses professeurs dans le seul but de valider ses unités de valeur. « Les professeurs, ayant compris cela, la narguaient et l’humiliaient pendant les cours », raconte Aïcha, une de ses amies inscrite en Dea de sociologie.
…les plus jeunes sont les grandes victimes.
Si certaines filles prennent plaisir à se prêter au jeu de séduction, d’autres en sont de véritables victimes. En effet ce phénomène des moyennes sexuellement transmissibles qui est l’une des causes de la baisse du niveau scolaire notamment chez les jeunes filles illustre, selon Kamagaté F. de manière flagrante la dévalorisation du métier d’enseignant. Cette élève qui passe en première au collège Anador de Yopougon, a été confrontée au cours de l’année scolaire, à cette dure réalité du milieu scolaire. Kamagaté fait partie des harcelées par leurs professeurs. Elle se souvient encore que son professeur de mathématiques l’invitait à son domicile souvent après les devoirs et lui demandait de choisir la note qu’elle voulait ; et cela quel que soit son travail. « Je n’ai pas trouvé cela sérieux et je n’avais pas besoin de note de complaisance pour réussir, et ayant compris que cette proposition faisait partie de sa technique d’attraction et n’était qu’un leurre, j’ai refusé l’offre et je me suis retirée tout doucement », a-t-elle révélé. Avant d’ajouter: « Je ne répondais donc plus à ses rendez-vous, et je ne voulais plus le voir. Mais en classe je devais supporter sa présence. Tout cela me pesait et je ne savais pas comment en parler à mes parents. Je faisais tout pour ne pas lui manquer de respect; et j’avais gardé le silence pour me protéger, ayant peur des représailles. Lui ne me parlait plus et refusait même mes salutations». Albertine D., du lycée Pierre Gadier de Yopougon, soutient que cette pratique est courante dans son établissement. « Ici, certains enseignants profitent de notre vulnérabilité pour coucher avec plusieurs filles dans la même salle de classe sans se préoccuper de notre dignité et de notre avenir », affirme-t-elle.
« Les jeunes filles nous provoquent »
Et pourtant selon certains professeurs, les torts sont partagés. «Les filles paresseuses se jettent elles-mêmes dans la course aux bonnes notes, surtout en fin de trimestre en utilisant tous les artifices possibles pour s’attirer le regard des enseignants », accuse T. Bernard, enseignant de philosophie. Selon lui, elles n’ont pour seule arme que la séduction et la petite culotte. «Vous ne pouvez pas comprendre combien de fois nous sommes harcelés par les jeunes filles, surtout en fin de trimestre. Certaines, sachant qu’elles sont en tenue courte, prennent le malin plaisir de s’asseoir sur les premiers bancs dans l’optique de vous faire du tape à l’œil pendant que vous êtes en train de faire votre cours », nous a révélé, sous le sceau de l’anonymat un enseignant du lycée jeunes filles de Yopougon, avant d’ajouter que pour elles, « sortir avec un prof est une garantie pour avoir la moyenne dans toutes les matières par le jeu du parrainage ». Si certains professeurs prennent du plaisir à se prêter à ce jeu, d’autres soutiennent qu’ils ne tombent jamais dans ces bassesses qu’ils trouvent « dangereuses ». S.R, enseignant-chercheur rappelle aux étudiantes le grand devoir qu’elles ont aujourd’hui de préparer leur avenir à travers le travail et le mérite car, précise-t-il, « ce qui compte ce n’est pas la note, mais la connaissance et le savoir faire». Avant d’interpeller ses collègues : « Nous devons éviter de tomber dans les bassesses et faire preuve de probité morale et intellectuelle. »
La responsabilité des parents
Dans ce cercle vicieux, les enseignants accusent également les parents. Pour eux, la responsabilité de la famille est grande dans le comportement des filles. B.F, enseignant au lycée Simone Gbagbo de Yopougon, ne cesse de se plaindre des parents à chaque arrêt des notes. Il se rappelle des propos de M. Yapi, venu plaider pour sa fille qui est en phase de renvoi. «Ma fille est en 1erC. Je vous implore de l’aider sinon elle sera renvoyée. J’ai déjà vu son professeur principal, et c’est lui qui m’a conseillé de rencontrer chacun de ses professeurs afin de l’aider à reprendre sa classe», dit-il. A coté de cela, les enseignants se plaignent également de certaines tenues des filles. «Ces jeunes filles ont quand même des parents. Où sont-ils quand leurs filles sortent de la maison dans des tenues provocantes», lâche un enseignant du lycée moderne Harris d’Adjamé. Les parents eux se défendent. «Nous sommes accusés pour rien. Nous pensons que les enseignants ont également un rôle d’éducateur. Et à ce titre, ils ne doivent pas avoir de relations intimes avec leurs étudiantes», se plaint Z. Paul, père d’une étudiante pendant qu’un autre plus révolté pense que les enseignants responsables de tels actes doivent être arrêtés et jetés en prison.
Touré Yelly
Encadré : Les sanctions existent
Pour réussir, il faut travailler. Les petites du secondaires élèves et les étudiantes doivent le comprendre et arrêter de se transformer en objet sexuel pour satisfaire la libido des enseignants. Tout comme les pédagogues doivent également savoir que par ces gestes, ils s’exposent à la radiation s’ils se font prendre. Selon une source proche du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lorsqu’une plainte est déposée contre un enseignant dans ce type de cas, une enquête est d’abord menée pour voir la véracité de l’information. «Si l’information est confirmée, le conseil d’Ufr siège dans l’optique de le blâmer. Mais la haute sanction est prise par le conseil d’université qui après s’être réuni, suspend l’enseignant de ses enseignements et est affecté dans une structure de recherche, dépendant du ministère de l’Enseignement supérieur, où il n’a aucun contact avec les étudiantes», explique la source.
T.Y