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Économie Publié le jeudi 24 juin 2010 | Le Nouveau Réveil

Le déclin de la France est bien réel en Côte d`Ivoire : Les Français s`en vont...

La scène se passe en mars dernier à Abidjan. Devant un parterre de patrons français en visite dans la capitale économique ivoirienne, les orateurs n'en finissent pas de célébrer la coopération franco-ivoirienne. " Mais de quoi parlez-vous? " s'insurge soudain Patrick Lucas, qui dirige la délégation du Medef avant de dresser un sombre tableau du pays qui fut la vitrine de la France en Afrique. Après huit ans de crise politico-militaire, Abidjan offre un contraste saisissant : celui d'une pauvreté infinie, avec ses routes défoncées, ses bâtiments publics délabrés, ses incessantes coupures d'électricité, ses bidonvilles où les habitants ont moins d'un euro par jour pour vivre. Celui d'une richesse insolente avec ses " grands quelqu'un ", comme on les appelle ici, qui s'exhibent au volant de 4 x 4 rutilants, des hummers, construisent des villas pharaoniques ou se pavanent avec une montre suisse à 300 000 €.
Admise depuis quelques mois dans le club des pays pauvres très endettés, la Côte d'Ivoire est pourtant le pays le plus riche de l'Afrique de l'Ouest francophone : cacao (premier producteur mondial), café, pétrole et gaz offshore, fer, or, diamant, les investisseurs étrangers se bousculent. Ils sont américains, indiens, chinois, iraniens, russes, sud-africains mais aussi italiens, allemands. Derrière les murs de sa résidence, Jean-Marc Simon, ambassadeur de France à Abidjan, reste pourtant résolument optimiste : " La France continue à remporter des marchés dans un pays qui a un potentiel énorme et vocation à être la locomotive de toute la sous-région. " Bolloré gère le port à conteneurs d'Abidjan dont le trafic atteint 24 millions de tonnes par an. Les résultats ivoiriens sont cités en exemple dans tout le groupe français. Bouygues, qui a obtenu le marché du troisième pont sur la lagune, a la mainmise sur la distribution d'eau et d'électricité, une activité qui intéresse EDF ou Veolia. Alstom investit dans les turbines électriques. La BNP et la Société générale sont solidement implantées.
Moins de 5 000 expatriés
" Il reste encore 700 PME françaises en Côte d'Ivoire ", se réjouit le diplomate. Après les émeutes antifrançaises de 2003 et 2004, des dizaines d'entre elles ont été rachetées à bas prix par des Libanais à l'affût à des expatriés qui fuyaient le pays. " Elles sont aussitôt entrées dans le secteur informel de l'économie ", note l'ambassadeur, et ont disparu des écrans radars de la fiscalité.
Les Indiens lorgnent sur le fer découvert dans l'Ouest ivoirien, les Chinois construisent la nouvelle chambre des députés à Yamoussoukro, la capitale. Le déclin français en Côte d'Ivoire est désormais bien réel. Il se mesure à deux chiffres. De 50 000 il y a une vingtaine d'années, le nombre d'expatriés est tombé à moins de 5000. La force Licorne, qui dispose d'un mandat de l'ONU pour intervenir en soutien aux casques bleus, ne compte plus que 900 hommes. Ils étaient près de 5000 lorsque Chirac a quitté le pouvoir. Le 43e BIMa, près de l'aéroport, a été dissous. " Nos militaires ont vocation à quitter le pays, mais les Ivoiriens sont habitués à leur présence ", relève Jean-Marc Simon. Laurent Gbagbo a certes demandé leur départ. Mais, de l'autre côté de la lagune, les Blancs ont été rappelés pour gérer l'hôtel Ivoire dont la réhabilitation, provoquée par une gestion calamiteuse, a déjà coûté cent milliards de francs CFA aux finances ivoiriennes. Partir pour revenir, c'est peut-être la destinée de la France en Afrique.
Phillipe DUVAL, correspondant de
Le Parisien en Côte d'Ivoire



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