Le chef de l’Etat ivoirien veut donner une virginité à toute épreuve avant d’ouvrir les joutes électorales. Pour ce faire, il a décidé de se débarrasser des souillures de son régime.
Le refondateur en chef, Laurent Gbagbo, a décidé, enfin, de descendre de sa tour d’ivoire. Dix ans après, il mûrit la nécessité de passer un coup de balai devant sa porte. Les incessantes plaintes de ses ‘‘visiteurs’’ n’en finissaient pas d’agacer ses tympans. En fait, Laurent Gbagbo se rend compte, aujourd’hui, sur le tard que son régime traîne de nombreuses casseroles. Et, aussi, les hauts faits de ses camarades en matière de mal- gestion de la chose publique ne se comptent plus. En si peu de temps, leurs fortunes se chiffrent en milliards de Fcfa. Sans doute écœuré devant l’indifférence de ses compagnons de lutte, surtout, les nouveaux fortunés, qui rechignent à ouvrir leurs bras aux autres militants, il lâcha cette phrase qui en dit long dans son village natal, à Mama: «Si je quitte le pouvoir, vous perdrez vos fortunes».
Laurent Gbagbo a pris la pleine mesure, en réalité, que la base ne suit plus les nababs du régime qui ont fait de la course effrénée à l’enrichissement illicite leur hobby. Sacrifiant ainsi sur l’autel de leurs intérêts personnels, l’idéal dont ils étaient porteurs lorsqu’ils se sont emparés du pouvoir en 2000.
Le chef de l’Etat sortant n’a aucunement envie de lâcher de sitôt les rênes du pouvoir. Pour ce faire, il veut se débarrasser de tous ceux qui pourraient constituer pour son opposition un objet de dénigrement ou de déchéance de son régime.
Il faudra, pour cela, à Laurent Gbagbo une force herculéenne. En ce sens que tous les secteurs stratégiques de son pouvoir tenus par les pontes de sa formation politique sont entachés par les maux qu’il a longtemps décriés durant ses années d’opposant.
Mamadou Koulibaly, le n°2 du régime, est celui-là même qui a servi le bâton à Laurent Gbagbo pour corriger les camarades fossoyeurs de la politique de la Refondation.
Il a donné un violent coup de pied dans la fourmilière en dénonçant aussi sec les magouilles qui ont pignon sur rue au ministère de l’Intérieur et à la fonction publique (Ena).
Les places, selon lui, sont marchandées à tour de bras ou gracieusement offertes aux parents et connaissances qui, pour la plupart, n’ont ni le niveau ni la compétence.
Les Ivoiriens en général et les jeunes en particulier ont été effarouchés d’apprendre que le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, a confié lors de la réunion-vérité tenue chez Affi N’Guessan à la Riviera que les 2/3 des places au concours d’entrée à la Police sont strictement réservées aux caciques du régime. Konaté Navigué a dévoilé la clé de répartition de ces places qui fait la part belle à Simone Gbagbo, Affi N’Guessan, Sokouri Bohui… Les autres, les Ivoiriens lambda doivent se battre pour s’arracher le reste des places. Là, encore, ils devront faire face aux véreux marchands qui, eux, vendent les places pour le compte de certains hauts placés de ce système. En définitive, des milliers de jeunes chaque année se battent aux portes de l’Ecole de police pour des places chimériques.
Et, c’est comme ça dans tous les secteurs où il y a des places à pourvoir. La preuve, à sa prise de fonction tant que la nouvelle Directrice générale de l’Ecole nationale d’administration, Sérélé-Zoua, épouse Evelyne Marie-Chantal Yapo, a lâché des propos qui ont achevé de convaincre sur tout ce qui se disait sur cette école qui, naguère, était le nid même de l’intelligentsia ivoirienne.
«Je veux réconcilier l’Ena avec la population ivoirienne. On n’aura plus à payer pour y entrer», a-t-elle déclaré, le mardi 8 juin, à sa prise de fonction. Une déclaration qui vient donner donc raison à ceux qui pensent que l’ancienne direction générale a été démise pour corruption. La nouvelle DG n’est pas une parachutée à ce poste. Elle occupait des hautes fonctions déjà dans cette école avant d’être bombardée à ce nouveau poste. Donc, elle sait de quoi elle parle.
Mais, disons que le nettoyage au niveau de la direction de l’Ena se dessinait déjà le 12 février où Laurent Gbagbo avait dissout le gouvernement et la Commission électorale indépendante (Cei). Devant la 45ème Promotion sortante de l’Ena, il avait déclaré: «Monsieur le directeur, l’Ena a une mauvaise réputation. On dit que pour rentrer dans votre école, il faut payer. Des deux choses l’une. Soit c’est vrai, soit c’est faux. Si c’est vrai, renoncez à ça. Si c’est faux, prouver votre innocence».
Se tournant vers le ministre de la Fonction publique d’alors, Hubert Oulaye, Laurent Gbagbo, dans son adresse, s’est voulu ferme: «Je ne veux plus entendre dire que l’Ena est l’épicentre de la corruption. Je ne veux plus entendre dire que les administrateurs de l’Ena sont des fraudeurs. Démontrez que c’est faux, ce qui se dit sur cette école pour que l’Ena retrouve sa dignité. Sinon l’économie va prendre un coup à l’idée que l’agent des impôts qui a payé pour rentrer à l’école, est obligé de rembourser son argent. Il est donc obligé de voler l’Etat en se laissant corrompre».
La suite, on la connaît, il a profité de la recomposition du gouvernement pour liquider son camarade, Hubert Oulaye, qui avait fini par faire corps avec son département. De cette pierre, il fera deux coups en nettoyant à grande eau, l’Ena.
Il a botté également en touche le camarade, Monnet Léon, qui tenait le secteur des Mines et énergie de main de maître. Là, aussi, les bruits des casseroles et les frasques étaient tels qu’il ne s’est pas empêché à cœur joie de limoger le ministre de l’or noir ivoirien.
La plaie du régime, comme on le voit, est profonde. Il faut beaucoup de courage pour la soigner en profondeur. Les Ivoiriens attendent Laurent Gbagbo.
K. Marras. D
Leg/Laurent Gbagbo a décidé à quelques mois du scrutin présidentiel d’aseptiser son régime.
Le refondateur en chef, Laurent Gbagbo, a décidé, enfin, de descendre de sa tour d’ivoire. Dix ans après, il mûrit la nécessité de passer un coup de balai devant sa porte. Les incessantes plaintes de ses ‘‘visiteurs’’ n’en finissaient pas d’agacer ses tympans. En fait, Laurent Gbagbo se rend compte, aujourd’hui, sur le tard que son régime traîne de nombreuses casseroles. Et, aussi, les hauts faits de ses camarades en matière de mal- gestion de la chose publique ne se comptent plus. En si peu de temps, leurs fortunes se chiffrent en milliards de Fcfa. Sans doute écœuré devant l’indifférence de ses compagnons de lutte, surtout, les nouveaux fortunés, qui rechignent à ouvrir leurs bras aux autres militants, il lâcha cette phrase qui en dit long dans son village natal, à Mama: «Si je quitte le pouvoir, vous perdrez vos fortunes».
Laurent Gbagbo a pris la pleine mesure, en réalité, que la base ne suit plus les nababs du régime qui ont fait de la course effrénée à l’enrichissement illicite leur hobby. Sacrifiant ainsi sur l’autel de leurs intérêts personnels, l’idéal dont ils étaient porteurs lorsqu’ils se sont emparés du pouvoir en 2000.
Le chef de l’Etat sortant n’a aucunement envie de lâcher de sitôt les rênes du pouvoir. Pour ce faire, il veut se débarrasser de tous ceux qui pourraient constituer pour son opposition un objet de dénigrement ou de déchéance de son régime.
Il faudra, pour cela, à Laurent Gbagbo une force herculéenne. En ce sens que tous les secteurs stratégiques de son pouvoir tenus par les pontes de sa formation politique sont entachés par les maux qu’il a longtemps décriés durant ses années d’opposant.
Mamadou Koulibaly, le n°2 du régime, est celui-là même qui a servi le bâton à Laurent Gbagbo pour corriger les camarades fossoyeurs de la politique de la Refondation.
Il a donné un violent coup de pied dans la fourmilière en dénonçant aussi sec les magouilles qui ont pignon sur rue au ministère de l’Intérieur et à la fonction publique (Ena).
Les places, selon lui, sont marchandées à tour de bras ou gracieusement offertes aux parents et connaissances qui, pour la plupart, n’ont ni le niveau ni la compétence.
Les Ivoiriens en général et les jeunes en particulier ont été effarouchés d’apprendre que le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, a confié lors de la réunion-vérité tenue chez Affi N’Guessan à la Riviera que les 2/3 des places au concours d’entrée à la Police sont strictement réservées aux caciques du régime. Konaté Navigué a dévoilé la clé de répartition de ces places qui fait la part belle à Simone Gbagbo, Affi N’Guessan, Sokouri Bohui… Les autres, les Ivoiriens lambda doivent se battre pour s’arracher le reste des places. Là, encore, ils devront faire face aux véreux marchands qui, eux, vendent les places pour le compte de certains hauts placés de ce système. En définitive, des milliers de jeunes chaque année se battent aux portes de l’Ecole de police pour des places chimériques.
Et, c’est comme ça dans tous les secteurs où il y a des places à pourvoir. La preuve, à sa prise de fonction tant que la nouvelle Directrice générale de l’Ecole nationale d’administration, Sérélé-Zoua, épouse Evelyne Marie-Chantal Yapo, a lâché des propos qui ont achevé de convaincre sur tout ce qui se disait sur cette école qui, naguère, était le nid même de l’intelligentsia ivoirienne.
«Je veux réconcilier l’Ena avec la population ivoirienne. On n’aura plus à payer pour y entrer», a-t-elle déclaré, le mardi 8 juin, à sa prise de fonction. Une déclaration qui vient donner donc raison à ceux qui pensent que l’ancienne direction générale a été démise pour corruption. La nouvelle DG n’est pas une parachutée à ce poste. Elle occupait des hautes fonctions déjà dans cette école avant d’être bombardée à ce nouveau poste. Donc, elle sait de quoi elle parle.
Mais, disons que le nettoyage au niveau de la direction de l’Ena se dessinait déjà le 12 février où Laurent Gbagbo avait dissout le gouvernement et la Commission électorale indépendante (Cei). Devant la 45ème Promotion sortante de l’Ena, il avait déclaré: «Monsieur le directeur, l’Ena a une mauvaise réputation. On dit que pour rentrer dans votre école, il faut payer. Des deux choses l’une. Soit c’est vrai, soit c’est faux. Si c’est vrai, renoncez à ça. Si c’est faux, prouver votre innocence».
Se tournant vers le ministre de la Fonction publique d’alors, Hubert Oulaye, Laurent Gbagbo, dans son adresse, s’est voulu ferme: «Je ne veux plus entendre dire que l’Ena est l’épicentre de la corruption. Je ne veux plus entendre dire que les administrateurs de l’Ena sont des fraudeurs. Démontrez que c’est faux, ce qui se dit sur cette école pour que l’Ena retrouve sa dignité. Sinon l’économie va prendre un coup à l’idée que l’agent des impôts qui a payé pour rentrer à l’école, est obligé de rembourser son argent. Il est donc obligé de voler l’Etat en se laissant corrompre».
La suite, on la connaît, il a profité de la recomposition du gouvernement pour liquider son camarade, Hubert Oulaye, qui avait fini par faire corps avec son département. De cette pierre, il fera deux coups en nettoyant à grande eau, l’Ena.
Il a botté également en touche le camarade, Monnet Léon, qui tenait le secteur des Mines et énergie de main de maître. Là, aussi, les bruits des casseroles et les frasques étaient tels qu’il ne s’est pas empêché à cœur joie de limoger le ministre de l’or noir ivoirien.
La plaie du régime, comme on le voit, est profonde. Il faut beaucoup de courage pour la soigner en profondeur. Les Ivoiriens attendent Laurent Gbagbo.
K. Marras. D
Leg/Laurent Gbagbo a décidé à quelques mois du scrutin présidentiel d’aseptiser son régime.