Les prix des denrées alimentaires croissent au quotidien et varient d`un marché à un autre, dans la capitale économique de la Côte d`Ivoire (Abidjan). Toute chose qui rend la tâche difficile aux ménagères, qui doivent toujours chercher la parade nécessaire pour trouver de quoi nourrir la famille, dans un environnement économique marqué par la conjoncture. Fort de ce fait, nous avons sillonné quelques marchés et le moins que l`on puisse dire, c`est que les ménagères y vivent un véritable calvaire.
Il est 11 heures, ce mardi 13 juillet. Au grand marché de Yopougon Sicogi où nous nous sommes rendus, les femmes venues faire le marché négocient avec les commerçantes assises derrière leurs étals de marchandises. Ces négociations virent souvent aux disputes entre clients et commerçants. "Si vous trouvez que c`est trop cher, allez-y vous renseigner ailleurs" lance une vendeuse de manioc à sa cliente. Prise de colère certainement, elle soulève son panier contenant trois bananes mûres et poursuit sa balade dans le marché, non sans oublier de lancer des invectives à la vendeuse. Elle s`engage à tourner à la recherche de manioc au prix abordable. Car son foutou sera un mélange de banane et de manioc. A cinq mètres de la première vendeuse de manioc, se trouve une seconde. Les tas disposés sont identiques à ceux rencontrés chez la première vendeuse. Mais cette fois, sa requête d`obtenir le tas de tranches de manioc à 150 F est validée. Elle ramasse alors les deux tranches et les jette dans son panier. Puis, jette un coup d`œil sur son poignet pour voir l`heure. "Il est 11 heures 40 minutes, je suis en retard. Mes enfants doivent manger à 12 heures 30 minutes au plus tard" s`exclame-t-elle. Pendant qu`elle se faufilait entre les nombreuses personnes pour sortir du marché, nous l`interpellons. "Je suis pressée, vous me connaissez où ?" demande-t-elle exaspérée par nos innombrables questions. Elle accepte après insistance de nous accorder cinq (5) minutes.
"Que voulez-vous savoir ?", nous demande-t-elle. Avec combien venez-vous au marché et combien de temps passez-vous pour faire votre marché ?". Sans hésiter, la dame qui répond au nom de Sonan Marlène nous répond en ces termes : "Mon mari me laisse 2000F chaque jour pour le marché. Je dois faire la sauce et faire du foutou à midi. Le soir, nous mangeons du riz avec le reste de la sauce.
Depuis 9 heures, je suis en train de tourner dans le marché, à la recherche de banane et de manioc pour le foutou et d`aubergine pour faire la sauce. Le tas de trois bananes coûte 500 Francs. C`est difficile pour nous. Souvent, nous devenons camarade aux vendeuses pour espérer bénéficier de leur largesse. Le manioc est taillé en tranche de 100F. C`est difficile pour nous de payer tout ce qu`il faut pour le repas avec 2000F. Je passe souvent 3 à 4 heures dans le marché. Aujourd`hui, faire le marché est un véritable calvaire" explique-t-elle avant de prendre congé de nous. A l`instar du marché de Yopougon Sicogi, les femmes vivent le même calvaire dans la plupart des marchés d`Abidjan. Dans les marchés des Deux Plateaux et de Cocody, les femmes soutiennent unanimement que les prix sont excessifs. Et ce, malgré la réputation des habitants de ces quartiers jugés aisés.
Des prix incontrôlables
Les prix des produits vivriers sont fixés dans les marchés par les commerçantes elles-mêmes. Celles-ci tiennent simplement compte de leur prix d`achat qu`elles doivent forcément amortir. Ainsi, les tarifs sont d`abord fixés en fonction du prix d`achat, mais aussi et surtout du bénéfice que le commerçant entend réaliser sur le produit en question. Selon M. Kouablé Noël, conseiller technique chargé du système d`information des Marchés (Sim) à l`Office d`aide à la commercialisation des produits vivriers (Ocpv), "c`est la liberté des prix sur le marché". Il explique en effet que, "les prix varient en fonction des périodes. Et sont soumis à la loi de l`offre et de la demande qui prévaut".
Cependant, si rien n’est fait, la population pourrait manifester comme ce fut le cas en 2008.
Ce que dit la loi sur la liberté des prix et des échanges
Ce texte est un extrait du document portant sur la loi N°91-999 du 27 décembre 1991 relatif à la concurrence. Il a été adopté en 1991 par l`Assemblée Nationale.
DE LA LIBERTE DES PRIX ET DES ECHANGES
Article Premier :
1-1 Les prix des biens et services échangés en Cote d`Ivoire sont librement déterminés par le jeu de la concurrence ;
1-2 L`importation en Côte d`Ivoire, l`exportation et la réexportation hors de Côte d`Ivoire, sous un régime douanier quelconque des marchandises étrangères ou non de toute origine et de toutes provenances sont libres. (…)
ART.2 :
2-1- Le Gouvernement peut réglementer les prix des biens et services de première nécessité ou de grande consommation, après avis de la Commission prévue à l`article 6 ci-dessous et en particulier si la concurrence par les prix est limitée en raison de situations de monopole ou de disposition législatives ou réglementaires ;
2-2 - Conformément à l`obligation qui lui est faite suivant les dispositions de l`article 6 ci-dessous de remettre un rapport annuel sur l`état de la concurrence dans l`économie ivoirienne, la Commission de la concurrence doit émettre son avis, chaque année, sur la liste des prix réglementés existants ;
2-3- Le Gouvernement peut arrêter, par Décret, après avis de la commission de la concurrence, des mesures visant à empêcher des hausses excessives de prix découlant d`une situation exceptionnelle de crise ou d`une situation de fonctionnement manifestement anormal du marché d`un bien ou d`un service. La durée de validité d`un tel Décret en peut excéder six mois.
2-4- Les modalités d`application des dispositions des alinéas premier et 2 du présent article sont déterminées par décret.
Jules Claver Aka et Cinthia R. Aka
Il est 11 heures, ce mardi 13 juillet. Au grand marché de Yopougon Sicogi où nous nous sommes rendus, les femmes venues faire le marché négocient avec les commerçantes assises derrière leurs étals de marchandises. Ces négociations virent souvent aux disputes entre clients et commerçants. "Si vous trouvez que c`est trop cher, allez-y vous renseigner ailleurs" lance une vendeuse de manioc à sa cliente. Prise de colère certainement, elle soulève son panier contenant trois bananes mûres et poursuit sa balade dans le marché, non sans oublier de lancer des invectives à la vendeuse. Elle s`engage à tourner à la recherche de manioc au prix abordable. Car son foutou sera un mélange de banane et de manioc. A cinq mètres de la première vendeuse de manioc, se trouve une seconde. Les tas disposés sont identiques à ceux rencontrés chez la première vendeuse. Mais cette fois, sa requête d`obtenir le tas de tranches de manioc à 150 F est validée. Elle ramasse alors les deux tranches et les jette dans son panier. Puis, jette un coup d`œil sur son poignet pour voir l`heure. "Il est 11 heures 40 minutes, je suis en retard. Mes enfants doivent manger à 12 heures 30 minutes au plus tard" s`exclame-t-elle. Pendant qu`elle se faufilait entre les nombreuses personnes pour sortir du marché, nous l`interpellons. "Je suis pressée, vous me connaissez où ?" demande-t-elle exaspérée par nos innombrables questions. Elle accepte après insistance de nous accorder cinq (5) minutes.
"Que voulez-vous savoir ?", nous demande-t-elle. Avec combien venez-vous au marché et combien de temps passez-vous pour faire votre marché ?". Sans hésiter, la dame qui répond au nom de Sonan Marlène nous répond en ces termes : "Mon mari me laisse 2000F chaque jour pour le marché. Je dois faire la sauce et faire du foutou à midi. Le soir, nous mangeons du riz avec le reste de la sauce.
Depuis 9 heures, je suis en train de tourner dans le marché, à la recherche de banane et de manioc pour le foutou et d`aubergine pour faire la sauce. Le tas de trois bananes coûte 500 Francs. C`est difficile pour nous. Souvent, nous devenons camarade aux vendeuses pour espérer bénéficier de leur largesse. Le manioc est taillé en tranche de 100F. C`est difficile pour nous de payer tout ce qu`il faut pour le repas avec 2000F. Je passe souvent 3 à 4 heures dans le marché. Aujourd`hui, faire le marché est un véritable calvaire" explique-t-elle avant de prendre congé de nous. A l`instar du marché de Yopougon Sicogi, les femmes vivent le même calvaire dans la plupart des marchés d`Abidjan. Dans les marchés des Deux Plateaux et de Cocody, les femmes soutiennent unanimement que les prix sont excessifs. Et ce, malgré la réputation des habitants de ces quartiers jugés aisés.
Des prix incontrôlables
Les prix des produits vivriers sont fixés dans les marchés par les commerçantes elles-mêmes. Celles-ci tiennent simplement compte de leur prix d`achat qu`elles doivent forcément amortir. Ainsi, les tarifs sont d`abord fixés en fonction du prix d`achat, mais aussi et surtout du bénéfice que le commerçant entend réaliser sur le produit en question. Selon M. Kouablé Noël, conseiller technique chargé du système d`information des Marchés (Sim) à l`Office d`aide à la commercialisation des produits vivriers (Ocpv), "c`est la liberté des prix sur le marché". Il explique en effet que, "les prix varient en fonction des périodes. Et sont soumis à la loi de l`offre et de la demande qui prévaut".
Cependant, si rien n’est fait, la population pourrait manifester comme ce fut le cas en 2008.
Ce que dit la loi sur la liberté des prix et des échanges
Ce texte est un extrait du document portant sur la loi N°91-999 du 27 décembre 1991 relatif à la concurrence. Il a été adopté en 1991 par l`Assemblée Nationale.
DE LA LIBERTE DES PRIX ET DES ECHANGES
Article Premier :
1-1 Les prix des biens et services échangés en Cote d`Ivoire sont librement déterminés par le jeu de la concurrence ;
1-2 L`importation en Côte d`Ivoire, l`exportation et la réexportation hors de Côte d`Ivoire, sous un régime douanier quelconque des marchandises étrangères ou non de toute origine et de toutes provenances sont libres. (…)
ART.2 :
2-1- Le Gouvernement peut réglementer les prix des biens et services de première nécessité ou de grande consommation, après avis de la Commission prévue à l`article 6 ci-dessous et en particulier si la concurrence par les prix est limitée en raison de situations de monopole ou de disposition législatives ou réglementaires ;
2-2 - Conformément à l`obligation qui lui est faite suivant les dispositions de l`article 6 ci-dessous de remettre un rapport annuel sur l`état de la concurrence dans l`économie ivoirienne, la Commission de la concurrence doit émettre son avis, chaque année, sur la liste des prix réglementés existants ;
2-3- Le Gouvernement peut arrêter, par Décret, après avis de la commission de la concurrence, des mesures visant à empêcher des hausses excessives de prix découlant d`une situation exceptionnelle de crise ou d`une situation de fonctionnement manifestement anormal du marché d`un bien ou d`un service. La durée de validité d`un tel Décret en peut excéder six mois.
2-4- Les modalités d`application des dispositions des alinéas premier et 2 du présent article sont déterminées par décret.
Jules Claver Aka et Cinthia R. Aka