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Art et Culture Publié le mercredi 7 juillet 2010 | Scrib Mag

"Au rythme lent de la vie" d’Ibrahim Sy Savané au 28ème Café littéraire : "Vous ne pouvez pas implorer le silence et réclamer le tam-tam !"

© Scrib Mag Par Prisca
Médias : Le ministre Savané s’entretient avec la presse nationale et internationale.
Le ministre de la communication Ibrahim Sy Savané s’est entretenu à son cabinet le mercredi 07 juillet 2010 avec la presse nationale et internationale pour la rassurer sur certaines préoccupations.
Mercredi 10 mars 2010, les Cafés littéraires mensuels de Point de lecture et Scrib magazine organisés à La Case des arts recevaient M. Ibrahim Sy Savané, autour de « Au rythme lent de la vie », son roman de 176 pages paru chez Puci en 2004. Beaucoup ont découvert le Ministre de la Communication à cette occasion.

C’est une petite élite qui fait avancer la culture

« Souvent, c’est notre regard, notre façon d’apprécier les choses banales de la vie qui font qu’on n’apprécie pas les idylles de la vie… Le plus difficile, c’est comment prendre le bon rythme pour regarder autour de soi. Je prends le temps d’aller à la Librairie de France pour regarder les livres. Les gens me demandent comment je fais, si j’ai le temps. Mais je trouve le temps de faire ce que j’ai à faire. Tout ce qui se passe autour de nous dépend de notre capacité d’ingérer ce qui se passe, pour le comprendre. Mais nous sommes assez perturbés dans notre environnement. Tout le monde parle. Il n’y a pas beaucoup d’oreilles pour écouter mais il y a beaucoup de gens qui veulent parler, même si on ne les entend pas. La question du rythme me paraît essentielle. Ce petit livre n’a pas d’autre intention que de raconter une chronique ». Telle a été la quintessence de la dernière intervention de M. Ibrahim Sy Savané à ce vingt-huitième café littéraire. Et ce mercredi, après Henry N’Koumo qui a expliqué à l’hôte le fonctionnement du cénacle, c’est à Flore Hazoumé qu’il est revenu de présenter « Au rythme lent de la vie ». Ensuite, Les premières impressions de lecture sont venues de Christiane Djahué, journaliste à ‘Demain Matin’, et Kattié Louka, directeur d’Educi. Pour la première, la mort et la vie sont étroitement liées dans ce roman : « c’est un livre où la mort et la vie se côtoient », a-t-elle dit. Pour le second, la fin de l’histoire permet de dire que le roman est la « belle histoire d’amour d’une fille appelée Naé ».l’ auteur salue les invités, loue l’initiative du café littéraire avant d’encourager : « C’est une petite élite qui fait avancer la culture, le monde ». Ensuite, expliquant ses appréhensions à venir à cette rencontre dont il avait déjà entendu parler dans la presse, il a jugé de « raison supplémentaire pour ne même pas y venir » l’encouragement de son ami Tiburce : « parce que Tiburce a cette curieuse réputation d’être en désaccord parfait avec ses amis et en accord avec ses ennemis. L’amitié avec Tiburce est un combat perpétuel », a-t-il expliqué.

Chez Savané, il n’y a pas d’excès, tout est calme, doux

Passé ces nécessaires préliminaires, l’écrivain a entrepris de répondre aux préoccupations du public. Sur la question de Djahué en rapport avec le lien étroit entre la vie et la mort, il a dit que « là est le résumé de la vie ». Pour lui, là où il y a la vie, il y a toujours la mort. Aux lecteurs qui ont relevé la présence du silence dans l’œuvre, il a dit : « C’est une question de tempérament aussi. Vous ne pouvez pas implorer le silence et réclamer le tam-tam ! Il y a une part de la vie qui dépend de nous et une part qui dépend de l’invisible (… ») En conclusion, ce premier livre est la chronique de bouleversements survenus près de nous et qui affectent un destin personnel, celui de Naé ».

J’ai beaucoup aimé ce livre parce que c’est bon d’avoir des livres où il y a des bons, où la bonté prime.

D’autres intervenants relèvent le manque de punch et d’agressivité de l’œuvre. Mais avant même que l’auteur n’ait eu le micro pour intervenir, Madi Férère répond : « Chaque personne a sa façon de décrire les choses. Je ne pense pas que les horreurs soient toujours nécessaires ». Et d’enchaîner : « J’ai beaucoup aimé ce livre parce que c’est bon d’avoir des livres où il y a des bons, où la bonté prime. Ça réconforte. Mais des éléments nous dérangent malgré cette douceur : Bamory vend sa fille ». La question de la femme fait surface pour un certain temps : Josette Abondio pense que l’œuvre ne la défend pas : « Mon problème est la question des femmes dans ce livre. L’auteur ne défend pas suffisamment la femme. Ça paraît irréel !», conclut-elle. Pour Flore Hazoumé, l’amour n’a pas d’aspérité dans cette œuvre et « C’est trop idyllique ». Aïcha Kader, qui semble connaître l’environnement sociologique de l’œuvre explique pour sa part que les filles données en mariage très jeunes dans cette société, comme Naé, ne réagissent pas parce que c’était tout à fait normal pour elles. Il n’y avait donc pas de raison de se révolter contre la norme sociale. Mais la situation a évolué aujourd’hui. Quand la parole revient à l’écrivain, il commence : « Tout à l’heure, on a parlé de réalité. Commençons par la réalité. Les personnages qui évoluent dans l’histoire ne peuvent pas changer du jour au lendemain de registre. La mère de Naé a été donnée en mariage au talibé de son père. Elle a évolué dans un environnement spirituel duquel elle ne peut pas se défaire facilement du jour au lendemain ». Sur la tonalité de l’œuvre, il a dit : « Tiburce dit que ce n’est pas assez tumultueux. C’est sa thèse depuis qu’il a eu le livre. Par exemple, il demande pourquoi le prisonnier rescapé n’a pas vengé ses camarades. Mais, lui, écrit sur Sankara et moi sur Naé…»

La vie pour moi est un rapport, une lutte permanente entre sensualité et spiritualité

Sur la question de la femme, Sy Savané a d’abord indiqué que l’intention de ce livre n’est pas le combat féministe, auquel cas il aurait écrit des éditoriaux, avant de dire : « L’enfant n’a pas été vendue ». Pour lui, ce type de mariage, dans les sociétés traditionnelles où ils avaient cours, visaient à renforcer des liens ou respecter des pactes entre des familles. La question de la spiritualité est souventes fois revenue à cette rencontre et l’écrivain en a dit : « La vie pour moi est un rapport, une lutte permanente entre sensualité et spiritualité. C’est ce qui donne l’impression de contradiction. Le sacré paraît imposé, alors que la spiritualité est une quête permanente (…) Pour le titre – il répondait à une question sur le sujet – c’est le résumé du contenu même. C’est pratiquement une conviction philosophique et presque religieuse. Je pense qu’en allant lentement dans la vie, on va sûrement et on parcourt la même distance que ceux qui vont vite. Il n’est pas toujours nécessaire de crier. Ce n’est pas parce qu’on crée le tumulte qu’on avance ; l’actualité dans notre pays le montre ». L’un des moments forts de cette rencontre a été le témoignage de l’auteur sur le contexte sociopolitique de l’œuvre. Il a expliqué qu’enfant d’Odienné, il a grandi à la frontière ivoirienne avec la Guinée. Là, c’est presque chaque jour que, allant à la recherche de mangues ou en promenade dans la savane avec ses amis, ils rencontraient des réfugiés guinéens traversant la frontière ivoirienne. Pour lui, son livre est aussi le témoignage du drame de ce peuple. Il raconte alors comment, une nuit, tout un village guinéen a dû abandonner définitivement la terre de ses ancêtres pour immigrer en Côte d’Ivoire. Il s’ensuit un débat sur le foncier et la nationalité. Quand l’auteur reprend la parole, il regrette : « C’est ça la pathologie ivoirienne aujourd’hui. Ça finit par ce qu’on lit dans les journaux aujourd’hui. Ça ne finit pas par des réflexions poussées, fouillées et transcendantales ».

Au total, cette autre rencontre des amoureux du livre et de la lecture a été riche. Le rendez-vous avec le Ministre de la Communication leur aura permis de découvrir un autre style, autant dans la forme de l’écriture que dans la philosophie qui la sous-tend.
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