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Société Publié le jeudi 29 juillet 2010 | Le Nouveau Réveil

Bouaké / 3ème Bataillon : Le Camp militaire morcelé et vendu illicitement ?

La crise militaro socio-politique que traverse la Côte d'Ivoire a laissé un laisser-aller dans un certain nombre de choses en Côte d'Ivoire et particulièrement dans les zones Centre, Nord et Ouest du pays. Bouaké, le chef-lieu de la région de la Vallée du Bandama n'échappe pas à cet état de fait. Le site du troisième Bataillon militaire de la Côte d'Ivoire, patrimoine de l'Etat de Côte d'Ivoire, géré par le ministère de la Défense, situé dans la limite des quartiers Sokoura, Djamourou et Dougouba, est en plein chantier. Des constructions de maisons se signalent. Le samedi 24 juillet dernier, sollicité par des riverains, nous nous sommes rendu sur le terrain afin de nous rendre compte de ce qui se déroule effectivement sur ledit patrimoine de l'Etat en plein chantier.

Les maisons poussent comme des champignons

Le constat est amer. Des maisons sortent de terre par endroits. Partout où nous sommes passé dans ladite forêt (Ndrl le site du 3ème Bataillon), des bornes sont enfoncées dans la terre délimitant les différents lots attribués non pas à des militaires mais plutôt à des civils. Des maisons y poussent comme des champignons. Le site du 3ème Bataillon d'infanterie de Côte d'Ivoire a été morcelé puis vendu à des civils à de vils prix. M. Traoré, jardiner sur ledit site depuis plus de 25 ans que nous avons rencontré, explique : " Depuis quelques mois, nous avons reçu la visite des messieurs de la mairie pour le bornage du site. Il faut rappeler que nous faisons nos jardins sur ce site depuis les années 1969. Et les différents commandants militaires du camp d'alors nous donnaient des cartes d'accès afin qu'on accède à nos différents jardins potagers.

Mais depuis quelques mois, on vient nous dire que le site est vendu et que les propriétaires doivent venir construire sur leur lot. ". Les bornes autrefois posées depuis la création dudit camp militaire ont été arrachées de terre et ont été regroupées au profit des nouvelles placées nuitamment. Selon des témoins, " Pour ne pas se faire prendre, les propriétaires (les lots ont été vendus à des commerçants de la ville) viennent nuitamment et les dimanches pour construire leur maison. On ne comprend pas pourquoi ils agissent de la sorte ". Plus loin, un autre jardinier dont la culture a été détruite puis menacé de partir par un propriétaire à qui un lot a été vendu, précise, " Nous sommes passés partout mais nos cris du cœur n'ont pas été entendus. Or, je suis sur ce site il y a très longtemps. Voyez-vous, ici, c'est la suite du camp jusqu'à la rivière qui est la limite du camp. Nous, on cultive nos champs dans le camp. C'est le camp militaire. Et ceux qui viennent le savent mais comme c'est la guerre, ils s'en foutent ".

Les normes de construction ne sont pas respectées

Sur le site en chantier dans le camp militaire du 3ème Bataillon, les normes de construction ne sont pas respectées. Avec les fils de haute tension qui traversent en triangle les différents périmètres, les plans des maisons présentent un réel danger pour les mêmes occupants. Par ruse, les premiers bénéficiaires des lots à l'intérieur du site, à l'abri de tous les passants de la route qui mène au Marché de gros construisent avec succès sans se soucier de normes à respecter en matière de construction. Doucement et tranquillement, ils construisent sans être inquiétés par qui que ce soit. Le comble, selon des sources, une maternité serait même prévue dans ce lieu. Le ministère de la Construction et le ministère de la Défense sont donc prévenus.

Chaque jour, de nombreux convois de chargement de sable dans des bennes entrent et déchargent nuitamment. Les terrains (lots) morcelés ont été vendus à de vils prix.

Le cri du cœur des jardiniers

Les jardiniers dudit site, qui clament haut et fort que ce site appartient à l'Etat, ont vu leur champ détruit et sommés de partir des lieux. " Nous avons été menacés lorsque nous avons voulu nous opposer à ce lotissement du site qui non seulement ne respecte pas les normes mais se trouve dans un site militaire. Ils ont piqué des bornes dans tous les champs après les avoir détruits. "

DELMAS ABIB
delmas2000@hotmail.com
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