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Économie Publié le lundi 2 août 2010 | L’expression

Non payement des salaires, dette, grèves regulières… : Pourquoi la Poste agonise

Les employés de la Poste de Côte d’Ivoire ne sont plus en odeur de sainteté avec leur Directeur général dont l’arrivée à la tête de la structure avait été considérée comme un bon médicament. Depuis mercredi, ils réclament son départ pour « mauvaise gestion, non payement régulier des salaires et non reversement des précomptes à la Cgrae, la Cnps et la Mugef-Ci ». Ainsi après l’épisode Zéhi Sébastien qui a fait les choux gras de la presse, des voix de mécontentement se font encore entendre. En effet, nommé par le chef de l’Etat, le 21 septembre 2001, Zéhi Sébastien, Directeur général de la Poste de Côte d’Ivoire a été contraint de céder son fauteuil le 30 juin 2007. Mais les difficultés de cette entreprise ne datent pas de cette époque. Sa situation peu reluisante remonte à de nombreuses années. En 1970, la scission de l’Office des postes et télécommunications (Opt) ne lui a pas été profitable. Avec la création de l’Office national des télécommunications (Ont), devenu Côte d’Ivoire-Télécom, le secteur de la téléphonie va lui échapper. Par la suite, ses services financiers lui seront retirés pour être confiés à la Caisse d’épargne et des chèques postaux (Cecp) devenue aujourd’hui Caisse nationale des caisses d’épargne. Il ne lui reste que la vente de timbre et le mandat express. Malheureusement, avec la concurrence infernale menée par les compagnies de transports et le développement des Tic (Technologies de l’information et de la communication), le géant du courrier postal tient à peine débout. Outre ces difficultés, la crise qui secoue le pays depuis septembre 2002 a engendré la fermeture de 72 bureaux de la zone Cno sur 195. Quatre directions régionales sur huit et le Centre de tri régional de Bouaké ont aussi fermé. Sans compter le pillage. La fermeture de ces établissements lui fait perdre par an, explique notre source, plus de 2, 21 milliards de Fcfa qui représentent près de la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise. Les recettes générées chaque année par les bureaux fonctionnels avoisinant 5 milliards Fcfa. Le problème de la dette sous le poids duquel la Poste croule, la masse salariale font aussi partie des problèmes qui minent la Poste. De sources sûres, la dette s’élève à 18,4 milliards de Fcfa dont 6,8 milliards de Fcfa envers les partenaires internationaux. A en croire Beda Aymar Michel, secrétaire général-adjoint du Syntraposte-CI (Syndicat national des travailleurs de la Poste de Côte d’Ivoire), le non payement de cette dette a entraîné une rupture des relations avec certains pays. C’est, selon lui, un manque à gagner d’autant plus que ces pays ont de nombreux ressortissants en Côte d’Ivoire. D’où la nécessité d’un plan urgent pour redresser l’entreprise. Depuis quelques semaines, les premiers responsables, notamment le président du conseil d’administration et le Directeur général refusent de se prononcer sur cette question. Les syndicalistes, eux, ont décidé de ne pas avoir la langue de bois. Beda Aymar explique que le plan de redressement prévoit la création d’une autorité de régulation pour juguler la concurrence déloyale et générer des fonds. Mais, l’une des mesures les plus importantes que vise ce plan de redressement est l’apurement de la moitié de la dette due aux partenaires par l’Etat. Cela va donner, certainement, un peu de souffle à cette entreprise d’Etat qui fait grise mine.

Nimatoulaye Ba
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