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Économie Publié le lundi 2 août 2010 | L’expression

Beda Aymar Michel, Secrétaire général adjoint du Syntraposte-CI : “Voici ce qui peut sauver la Poste”

Le secrétaire général adjoint du Syndicat national des travailleurs de la Poste de Côte d’Ivoire (Syntraposte-Ci), parle des porpositions de sa structure qui peuvent sauver la Poste.
Depuis mercredi dernier, les employés de la Poste de Côte d’Ivoire grognent. Quelles sont les raisons de ce mécontentement?

Nous revendiquons le payement régulier de nos salaires. Nous avons près de trois mois d’arriérés. Nous réclamons aussi une couverture médicale, l’octroi de prêts scolaires, le reversement des précomptes à la Cgrae, la Cnps et la Mugef-CI. Les prélèvements qui sont faits sur nos salaires ne sont pas reversés à ces structures. Les griefs sont nombreux. C’est pourquoi lors du sit-in que nous avons organisé mercredi, nous avons demandé le départ de la Direction générale. Mais, le service minimum a été assuré. Figurez-vous qu’il n’y a même plus d’imprimés dans les bureaux de poste. C’est la première fois que l’ensemble des syndicats de la Poste s’unissent pour poser leurs problèmes.


En 2007, les employés de la Poste ont réclamé le départ de leur directeur d’alors. Et trois ans après, les mêmes problèmes refont surface. Pensez-vous que vos problèmes peuvent être résolus par un changement de la Direction générale?

Oui. Je vous informe que la Poste fait des recettes. Dès lors que ces recettes ne sont pas bien gérées, il va de soi qu’on ait des difficultés. Nous pensons que c’est en partie la faute de la Direction générale. C’est vrai que l’épisode Zéhi Sébastien a fait des vagues. Il faut dire que l’arrivée de la direction actuelle a suscité beaucoup d’espoir en nous. On a pensé que les problèmes de la Poste allaient être résolus. Malheureusement, la situation a empiré. Depuis 2007 que cette direction est aux commandes, il faut attendre deux mois avant de percevoir le salaire d’un mois. Avec l’ancien Directeur, les salaires étaient payés régulièrement même si on avait quelques griefs contre lui. Ce qui nous a écœurés, nous travailleurs et syndicats, c’est que pendant que nous avons demandé à la Direction générale de ne pas émettre de chèque et de payer les salaires par virement, elle a tout de même émis des chèques. Lorsque les travailleurs ont voulu toucher leur argent, beaucoup de chèques sont revenus impayés. Ils se sont rendu compte que ce sont des chèques sans provision. Elle n’est pas digne de gérer la Poste.


Mais, la Poste de Côte d’Ivoire est malade depuis quelques années. Elle fait face à la concurrence déloyale des compagnies de transport et au développement des Tic (Technologie de l’information de la communication, Ndlr), Pour le transfert d’argent etc…. Le problème ne se situe-t-il pas ailleurs?

C’est juste. Mais lorsqu’on vous confie la gestion d’une entreprise, il faut un minimum de cohérence dans cette mission. En dépit de la subvention de l’Etat qui s’élève à 200 millions de Fcfa par mois et les recettes engrangées, rien ne va. Les travailleurs sont livrés à eux-mêmes. Il va de soi que l’Etat, qui est actionnaire majoritaire, ne puisse plus nous apporter son aide. Vous savez, la Direction générale actuelle n’a pas de base juridique. La situation perdure depuis 2007. C’est vrai qu’il y a quelques difficultés financières, mais il faudra que la direction fasse preuve de bonne volonté. Nous savons que la Poste est déficitaire. Mais cela résulte surtout de la mauvaise gestion. Depuis trois ans, on embauche des travailleurs alors qu’on ne parvient pas à payer les salaires du personnel. La masse salariale ne fait qu’augmenter. Le schisme de la poste de sa caisse d’épargne est aussi l’une des raisons de sa mauvaise santé. Dans aucun pays au monde cela existe. Nous demandons donc au gouvernement et au chef de l’Etat de réagir. Si la Poste était une structure privée, elle serait fermée depuis belle lurette.


Pourquoi avez-vous attendu alors trois ans pour réclamer le départ du Directeur général ?

Ce n’est pas maintenant que nous attirons l’attention de cette Direction générale. Sans une couverture médicale, sans salaire, la situation est devenue catastrophique. Quand on s’assoie autour d’une table et qu’on pose les problèmes auxquels nous sommes confrontés, la Direction générale ne nous refuse rien. Mais dès qu’on tourne le dos, elle jette nos revendications aux oubliettes.


Les recettes et la subvention de l’Etat suffisent-elles pour faire face aux charges de la Poste ?
Oui. On peut faire face à nos charges. Nos recettes annuelles oscillent autour de 4 à 5 milliards de Fcfa.

Malgré la fermeture des bureaux dans les zones Cno…
Oui. Je ne tiens pas compte des bureaux qui sont fermés. Ces 5 milliards de Fcfa sont générés par les bureaux fonctionnels. C’est pour cela que nous tirons la sonnette d’alarme. Nous estimons que l’Etat doit réagir.


Que doit-il faire concrètement?

Heureusement que tous les syndicats et le conseil d’administration ont conçu un plan de redressement en 2008. Il a été validé par nos deux tutelles: le ministère des Ntic et celui de l’Economie et des Finances. Il est passé en conseil de gouvernement. Seul ce plan pourra sauver la Poste. Dans ce plan, l’Etat va prendre en compte les dettes contractées auprès des postes des autres pays. Il s’agit d’une dizaine de pays: le Burkina Faso, le Sénégal, les Etats-Unis, etc. Le plan de redressement prévoit aussi la création d’une autorité de régulation auprès de laquelle tous ceux qui nous mènent une concurrence déloyale paieront des droits. Nous attendons donc son adoption en conseil des ministres. C’est l’occasion pour nous de remercier le Président du conseil d’administration. C’est sous sa houlette que ce plan de redressement a été conçu.

Mais, il a été rangé au fond du tiroir…
Notre interlocuteur nous a promis que dans les jours à venir, il passera en Conseil des ministres.


Et si ce n’est pas le cas?

Nous allons demander une audience au chef de l’Etat pour lui poser nos problèmes. Lundi, (Ndlr : aujourd’hui), nous entendons organiser un autre sit-in devant l’immeuble qui abrite le ministère des Ntic et remettre une motion à notre tutelle.


Les mesures proposées dans le plan de redressement peuvent-elles réellement permettre à la Poste de sortir de l’ornière?

Oui. La dette due aux autres pays est élevée. J’ignore exactement combien nous leur devons. Mais, nos relations avec ces pays sont suspendues du fait du non payement de cette dette. Comme nous leur devons de l’argent, on ne peut plus envoyer de mandat dans ces pays qui ont pourtant de nombreux ressortissants en Côte d’Ivoire. Dans le plan de redressement, l’Etat va s’engager à apurer plus de la moitié de cette dette. Si nos relations sont rétablies, leurs ressortissants vont recourir aux services de la Poste n

Réalisée par Nimatoulaye Ba
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