Le lycée scientifique, le lycée Mamie Adjoua et le Cafop supérieur de Yamoussoukro ont bénéficié d'une subvention de l'Etat à concurrence de 18 milliards de francs Cfa en vue de leur réhabilitation. Une cure de jouvence salutaire pour ces établissements scolaires, plus que trentenaires, qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Notre reportage !
Anciennement appelé lycée de garçons, le lycée scientifique de Yamoussoukro, est le premier établissement secondaire d'excellence de la Côte d'Ivoire. Achevé en 1978, il a été construit pour accueillir 3.000 élèves. L'école est composée d'un ensemble central réservé à l'administration, à la restauration et aux activités de loisirs (cinéma, bibliothèque, auditorium, etc.), de dortoirs, de salles de classes et d'un complexe sportif comportant stade de football, piscine olympique, gymnase, court de lawn-tennis et plusieurs autres aires de jeux (basketball, handball, etc.).
Lycée scientifique : le plus délabré !
Ce joyau architectural qui, à sa création, employait des centaines de coopérants français, rivalisait avec les meilleures écoles françaises par la qualité des enseignements.
Malheureusement, le temps a fait son effet. Après la mort du premier président, Félix Houphouet-Boigny, les infrastructures du lycée scientifique se sont peu à peu dégradées, faute d'entretien sérieux. Et, cela s'est empiré avec la crise (elle a le dos large !) si bien qu'aujourd'hui, ce temple du savoir, vu de l'intérieur, est devenu un établissement quelconque. Des trois établissements d'enseignement à rénover, c'est ce lycée qui a le plus besoin de ces travaux. Derrière la façade toujours belle, le visiteur découvre une grisaille. Une preuve que l'état de dégradation est très avancé. «Si rien n'était fait, tout risquait de s'effondrer », soutient Mme Fauste Pierrette, la Directrice régionale de l'éducation nationale (Dren) de la région des Lacs.
Les premiers enseignants de l'établissement ne reconnaîtraient plus aujourd'hui leur salle des professeurs. Plus de climatisation dans ce local entièrement vitré. De vieilles chaises ont remplacé les fauteuils douillets d'autrefois. L'eau coule des toilettes où les rares techniciens de surface de l'établissement ont du mal à curer la crasse. Le petit bar-café dont ils étaient si fiers, ne fonctionne que par des à coups. De là aux classes, des allées traversent le gazon devenu broussailleux que l'on a depuis longtemps oublié de tailler. Çà et là, des termitières géantes se dressent royalement au milieu de cette verdure touffue. Les salles de classe ont perdu toute commodité. Surtout en cette saison de pluie qui révèle à loisir les problèmes d'étanchéité. L'eau dégouline de partout. La moisissure gît sur les murs naguère très rutilants. On est très loin des tableaux blancs sur lesquels les enseignants écrivaient avec des marqueurs à eau. Dans les laboratoires et salles de sciences, il n'y a plus que les tables carrelées.
«Tout risquait de s'effondrer»
«Nous manquons de tout et il est très difficile de faire des expériences, tant en sciences physiques qu'en chimie », note un professeur, lui-même ancien de l'établissement du temps de sa splendeur. Quant à l'internat où, 3.000 chambres d'élèves dont seulement 1000 sont occupées, c'est le grabat. Une partie de ces locaux était, jusqu'en août dernier, squattée par des enseignants venus des zones Cno au début de la crise. Il a fallu de longues négociations engagées par Mme le Dren pour qu'ils acceptent de libérer les lieux, non sans y avoir commis des dégâts. «Des gens enclins au vol ont emporté les châssis de fenêtres, les rampes d'escaliers et autres robinets et même des colonnes de douches», révèle Mme Fauste. Certains blocs de l'internat sont totalement dépourvus de vitres. Par-ci, par-là, le carrelage est parti ou craquelé et les mêmes problèmes d'étanchéité, de plomberie et de peinture sont omniprésents. Que dire du vaste auditorium dans lequel d'illustres conférenciers tels que feu Amadou Hampâté Bâ ont naguère entretenu et instruit élèves et professeurs ? Et le gymnase ? Ces infrastructures dont tout le lycée était si fier sont encore plus endommagées que les salles de classe et l'internat. C'est le lycée scientifique qui va engloutir la majeure partie des 18 milliards. « Tout va être remis à neuf », se félicite Mme Fauste Pierrette qui a longtemps milité pour la rénovation de cette école dont les travaux de réfection sont prévus pour finir en 18 mois. «C'est quelque chose d'inespéré. Le ministre a réalisé que c'était non seulement un joyau architectural, mais aussi que c'est le plus grand établissement scolaire de Côte d'Ivoire. J'en suis vraiment heureuse», affirme la Dren.
«Mamie Adjoua» : fière allure malgré l'âge
Comparativement au lycée scientifique, le lycée Mamie Adjoua, peut-être parce qu'elle est exclusivement réservée aux filles, a encore fière allure, malgré l'usure du temps. Créé en 1962, cet établissement était appelé ''Lycée de Jeunes Filles'' avant d'être baptisé en 1988 ''Lycée Mamie Houphouet Adjoua'' pour rendre hommage à l'une des sœurs de l'ancien président Félix Houphouet-Boigny. Son originalité est due au célèbre architecte français Jean Léon qui en a dessiné le complexe sportif et l'auditorium. Un véritable chef-d'œuvre où plusieurs de nos cadres féminins ont fait leur formation du secondaire et dont le président Houphouet-Boigny était particulièrement fier. Comme le lycée scientifique, cet établissement reçoit lui aussi la crème des élèves issus du primaire. Au tout début, l'encadrement était aux mains de l'église catholique qui a inculqué aux pensionnaires une manière d'être et un savoir-être des plus nobles. Et dont on perçoit encore les effets de bon ordre bien que de ce point de vue, le Mamie Adjoua, comme on l'appelle communément à Yamoussoukro, a beaucoup perdu de sa superbe. Toutefois, il faut le reconnaître, les proviseurs qui se sont succédé, tous des dames, ont su maintenir encore une éthique dont l'aura couvre encore l'établissement. En témoignent les résultats régulièrement plus qu'honorables du travail des jeunes filles aussi bien au Bepc qu'au Bac. Et, c'est pour maintenir cette flamme que le lycée Mamie Adjoua bénéficie lui aussi de la manne gouvernementale. Les travaux de l'établissement concernent surtout l'étanchéité de l'internat. Mais aussi, selon le cahier de charge présenté par l'entreprise (ivoirienne) sur le panneau devant l'établissement, la réhabilitation prend en compte aussi le carrelage, l'électricité, la climatisation, la plomberie, la menuiserie, la peinture, la vitrerie, le revêtement du sol, les charpentes en bois, les aires de sports et espaces verts et les cuisines. Sans oublier les fournitures d'équipement en matériel scientifique de labo, les matériels scolaires, les mobiliers d'internat, les équipements de cuisine et les ouvrages scolaires. La rénovation s'étendra sur 12 mois.
12 mois pour «refaire» le Cafop
Les travaux de rénovation du Cafop supérieur de Yamoussoukro prendront 12 mois. L'établissement de 500 places abrite deux écoles depuis le début de la crise qui secoue le pays. Le Cafop supérieur de Yamoussoukro et l'Ecole nationale d'instituteurs (Eni) de Bouaké délocalisée. Là aussi, tout comme les autres, mais dans une moindre mesure que le lycée scientifique, il faudra revoir l'étanchéité, le carrelage, la plomberie, l'hôtel du Cafop et l'internat. L'on est frappé, en entrant dans cette école, par les espaces verts devenus une vraie savane herbeuse. Rien d'étonnant alors, si les stagiaires se plaignent souvent de la présence de reptiles.
«Les travaux vont certainement s'accélérer avec le départ des élèves internes en vacances. Si bien qu'à la rentrée, quelques salles de classes auront fait leur toilette. On ne va plus connaître ces salles avec les moisissures et l'eau qui coule à chaque pluie», espère la Dren. Qui est convaincue que cette rénovation provoquera un changement qualitatif et que «l'école va retrouver sa vocation d'éducation-formation à Yamoussoukro».
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Anciennement appelé lycée de garçons, le lycée scientifique de Yamoussoukro, est le premier établissement secondaire d'excellence de la Côte d'Ivoire. Achevé en 1978, il a été construit pour accueillir 3.000 élèves. L'école est composée d'un ensemble central réservé à l'administration, à la restauration et aux activités de loisirs (cinéma, bibliothèque, auditorium, etc.), de dortoirs, de salles de classes et d'un complexe sportif comportant stade de football, piscine olympique, gymnase, court de lawn-tennis et plusieurs autres aires de jeux (basketball, handball, etc.).
Lycée scientifique : le plus délabré !
Ce joyau architectural qui, à sa création, employait des centaines de coopérants français, rivalisait avec les meilleures écoles françaises par la qualité des enseignements.
Malheureusement, le temps a fait son effet. Après la mort du premier président, Félix Houphouet-Boigny, les infrastructures du lycée scientifique se sont peu à peu dégradées, faute d'entretien sérieux. Et, cela s'est empiré avec la crise (elle a le dos large !) si bien qu'aujourd'hui, ce temple du savoir, vu de l'intérieur, est devenu un établissement quelconque. Des trois établissements d'enseignement à rénover, c'est ce lycée qui a le plus besoin de ces travaux. Derrière la façade toujours belle, le visiteur découvre une grisaille. Une preuve que l'état de dégradation est très avancé. «Si rien n'était fait, tout risquait de s'effondrer », soutient Mme Fauste Pierrette, la Directrice régionale de l'éducation nationale (Dren) de la région des Lacs.
Les premiers enseignants de l'établissement ne reconnaîtraient plus aujourd'hui leur salle des professeurs. Plus de climatisation dans ce local entièrement vitré. De vieilles chaises ont remplacé les fauteuils douillets d'autrefois. L'eau coule des toilettes où les rares techniciens de surface de l'établissement ont du mal à curer la crasse. Le petit bar-café dont ils étaient si fiers, ne fonctionne que par des à coups. De là aux classes, des allées traversent le gazon devenu broussailleux que l'on a depuis longtemps oublié de tailler. Çà et là, des termitières géantes se dressent royalement au milieu de cette verdure touffue. Les salles de classe ont perdu toute commodité. Surtout en cette saison de pluie qui révèle à loisir les problèmes d'étanchéité. L'eau dégouline de partout. La moisissure gît sur les murs naguère très rutilants. On est très loin des tableaux blancs sur lesquels les enseignants écrivaient avec des marqueurs à eau. Dans les laboratoires et salles de sciences, il n'y a plus que les tables carrelées.
«Tout risquait de s'effondrer»
«Nous manquons de tout et il est très difficile de faire des expériences, tant en sciences physiques qu'en chimie », note un professeur, lui-même ancien de l'établissement du temps de sa splendeur. Quant à l'internat où, 3.000 chambres d'élèves dont seulement 1000 sont occupées, c'est le grabat. Une partie de ces locaux était, jusqu'en août dernier, squattée par des enseignants venus des zones Cno au début de la crise. Il a fallu de longues négociations engagées par Mme le Dren pour qu'ils acceptent de libérer les lieux, non sans y avoir commis des dégâts. «Des gens enclins au vol ont emporté les châssis de fenêtres, les rampes d'escaliers et autres robinets et même des colonnes de douches», révèle Mme Fauste. Certains blocs de l'internat sont totalement dépourvus de vitres. Par-ci, par-là, le carrelage est parti ou craquelé et les mêmes problèmes d'étanchéité, de plomberie et de peinture sont omniprésents. Que dire du vaste auditorium dans lequel d'illustres conférenciers tels que feu Amadou Hampâté Bâ ont naguère entretenu et instruit élèves et professeurs ? Et le gymnase ? Ces infrastructures dont tout le lycée était si fier sont encore plus endommagées que les salles de classe et l'internat. C'est le lycée scientifique qui va engloutir la majeure partie des 18 milliards. « Tout va être remis à neuf », se félicite Mme Fauste Pierrette qui a longtemps milité pour la rénovation de cette école dont les travaux de réfection sont prévus pour finir en 18 mois. «C'est quelque chose d'inespéré. Le ministre a réalisé que c'était non seulement un joyau architectural, mais aussi que c'est le plus grand établissement scolaire de Côte d'Ivoire. J'en suis vraiment heureuse», affirme la Dren.
«Mamie Adjoua» : fière allure malgré l'âge
Comparativement au lycée scientifique, le lycée Mamie Adjoua, peut-être parce qu'elle est exclusivement réservée aux filles, a encore fière allure, malgré l'usure du temps. Créé en 1962, cet établissement était appelé ''Lycée de Jeunes Filles'' avant d'être baptisé en 1988 ''Lycée Mamie Houphouet Adjoua'' pour rendre hommage à l'une des sœurs de l'ancien président Félix Houphouet-Boigny. Son originalité est due au célèbre architecte français Jean Léon qui en a dessiné le complexe sportif et l'auditorium. Un véritable chef-d'œuvre où plusieurs de nos cadres féminins ont fait leur formation du secondaire et dont le président Houphouet-Boigny était particulièrement fier. Comme le lycée scientifique, cet établissement reçoit lui aussi la crème des élèves issus du primaire. Au tout début, l'encadrement était aux mains de l'église catholique qui a inculqué aux pensionnaires une manière d'être et un savoir-être des plus nobles. Et dont on perçoit encore les effets de bon ordre bien que de ce point de vue, le Mamie Adjoua, comme on l'appelle communément à Yamoussoukro, a beaucoup perdu de sa superbe. Toutefois, il faut le reconnaître, les proviseurs qui se sont succédé, tous des dames, ont su maintenir encore une éthique dont l'aura couvre encore l'établissement. En témoignent les résultats régulièrement plus qu'honorables du travail des jeunes filles aussi bien au Bepc qu'au Bac. Et, c'est pour maintenir cette flamme que le lycée Mamie Adjoua bénéficie lui aussi de la manne gouvernementale. Les travaux de l'établissement concernent surtout l'étanchéité de l'internat. Mais aussi, selon le cahier de charge présenté par l'entreprise (ivoirienne) sur le panneau devant l'établissement, la réhabilitation prend en compte aussi le carrelage, l'électricité, la climatisation, la plomberie, la menuiserie, la peinture, la vitrerie, le revêtement du sol, les charpentes en bois, les aires de sports et espaces verts et les cuisines. Sans oublier les fournitures d'équipement en matériel scientifique de labo, les matériels scolaires, les mobiliers d'internat, les équipements de cuisine et les ouvrages scolaires. La rénovation s'étendra sur 12 mois.
12 mois pour «refaire» le Cafop
Les travaux de rénovation du Cafop supérieur de Yamoussoukro prendront 12 mois. L'établissement de 500 places abrite deux écoles depuis le début de la crise qui secoue le pays. Le Cafop supérieur de Yamoussoukro et l'Ecole nationale d'instituteurs (Eni) de Bouaké délocalisée. Là aussi, tout comme les autres, mais dans une moindre mesure que le lycée scientifique, il faudra revoir l'étanchéité, le carrelage, la plomberie, l'hôtel du Cafop et l'internat. L'on est frappé, en entrant dans cette école, par les espaces verts devenus une vraie savane herbeuse. Rien d'étonnant alors, si les stagiaires se plaignent souvent de la présence de reptiles.
«Les travaux vont certainement s'accélérer avec le départ des élèves internes en vacances. Si bien qu'à la rentrée, quelques salles de classes auront fait leur toilette. On ne va plus connaître ces salles avec les moisissures et l'eau qui coule à chaque pluie», espère la Dren. Qui est convaincue que cette rénovation provoquera un changement qualitatif et que «l'école va retrouver sa vocation d'éducation-formation à Yamoussoukro».
Ousmane Diallo à Yamoussoukro