A la demande du substitut du procureur de la République auprès du tribunal de Toumodi, les commissaires Liagro et Diomandé, mandatés par le préfet de police de Yamoussoukro, ont supervisé le dimanche 8 août l'incinération de 700 pieds de cannabis dont 300 fraîchement arrachés. Sans compter les 50 kg déjà conditionnés, prêts à la consommation. Le tout estimé à 210 kg. Une prise de la Direction régionale de la police des stupéfiants et des drogues (DPSP) de Yamoussoukro que dirige lieutenant Kouandé Jean-Marie.
Cette grosse prise de la DP a eu pour cadre un champ non loin de Kimoukro, sous-préfecture d'Oumé. Le mis en cause, Ouattara Tiémoko Raymond, ivoirien, célibataire et père de 5 enfants, est né le 20 septembre 1973 à Guepaho, sous-préfecture de Oumé, de Ouattara Offiano et Touré Powelé. L'homme qui se dit cultivateur est aussi, selon des sources, un chasseur traditionnel “Dozo”, mais surtout un coupeur de route reconverti qui aurait écumé le Sud-Ouest avant de revenir dans son terroir natal.
« Je suis revenu m'installer à Zangué après un séjour à Soubré où je travaillais comme ouvrier agricole », explique Ouattara, très loquace. Et, comme s'il ne réalisait pas la situation dans laquelle il s'est fourré, il poursuit : « J'ai demandé et obtenu auprès des propriétaires terriens 2 ha pour faire du cacao et des vivriers.» La condition, c'est qu'à la récolte, ils fassent « moitié-moitié ». En d'autres termes, le métayer donne la moitié de sa production au propriétaire de la terre. Ce qu'il accepte sans sourciller. Mais Raymond avait sa petite idée derrière la tête. En février, il commence effectivement sa plantation par 1/2 ha de cacao. En attendant la production de son cacaoyer qui pousse d'ailleurs allègrement, il fait un champ de maïs à l'intérieur duquel Raymond cultive 250 m2 de cannabis. Il ne se doute de rien, surtout que le champ est bien caché. A une dizaine de Km de Kimoukro, il faut passer par un chemin à peine praticable. Après la plantation qui est bien visible, on marche sur au moins 2 km de piste à travers les ronces. Et au détour d'un dénivellement profond et tout proche d'un lac, l'on débouche sur l'autre champ. « Hier, il y avait ici des centaines de plantes », nous fait remarquer un policier qui s'étonne du vide constaté. Au milieu, un campement de fortune : non loin d'un foyer éteint, une moustiquaire solidement amarrée aux branches d'un arbre touffu. A côté, un piège à rat et dans les broussailles, des sacs où l'on découvre une torche, des piles, quelques cuvettes en et 2 cartouches de fusil calibre 12.
Traoré Tiémoko Raymond prétend connaître celui qui l’a trahi
C'est là que, sur des informations anonymes, les éléments de la DPSP le cueillent le jour même de la célébration de l'indépendance. Ouattara Tiémoko Raymond était armé d'un fusil de chasse de fabrication traditionnelle et attendait, à ses dires « des voleurs qui sont venus prendre ma production bien séchée et conditionnée que j'avais mise dans un sac de 50 Kg . » Ces ''voleurs'' n'étaient autres que les policiers qui l'avaient raté la veille et étaient revenus le lendemain lui tendre une embuscade. Raymond qui les avait précédés, avait déjà constaté la disparition de son sac de cannabis. Pour lui, « ce ne pouvait être que des jeunes qui l'avaient bien épié et qui allaient sûrement revenir ». Afin de préserver le reste de sa production, le planteur de cannabis arrache lui-même les 300 pieds encore debout et va les cacher 100 mètres plus loin, après avoir traversé un petit lac couvert de nénuphars. Ensuite, il se met en embuscade fusil en joue. Les agents ayant constaté sa présence (son vélo était appuyé contre un arbuste), font un bruit qui attire l'attention de Raymond. Ce dernier avance et tombe sur les policiers qui le somment de s'arrêter. Que pouvait-il faire d'autre, ''sa retraite coupée et tous les chemins bouchés '' ? Au moment où il scrutait les lieux pour sûrement voir les positions des ''assaillants'', un des agents, sorti derrière lui, lui fait une prise et, avant qu'il réalise ce qui lui arrive, le planteur d'herbe se trouve menotté.
Les agents de la DPSP qui sont retournés le soir pour détruire la plantation, la trouvent vide de tout plant de cannabis. Heureusement qu'ils étaient accompagnés par le planteur qui leur montre là où il avait planqué sa production d'herbe qui tue. Il faut voir les agents de police porter les 300 pieds de cannabis mis en botte par Raymond à leur véhicule immobilisé à 2 km. « Il faut veiller à ce que la destruction soit complète », explique l'adjudant chef Glan, tout en sueur sous la gerbe de cannabis.Tous s'y sont mis, même lieutenant Kouandé. Et les agents reprennent le chemin de Yamoussoukro où ils arrivent vers 21 heures, exténués… « Du beau boulot, les gars », s'exclame le commissaire Diomandé qui les avait accompagnés.
«C'est Ali qui m'a donné les graines de cannabis»
Interrogé par les policiers, Ouattara Tiémoko Raymond veut faire croire qu'il est à sa première expérience. « A mon arrivée, vu que j'étais malade et que je n'avais pas de moyens pour me soigner (il a une hernie), Ali, un jeune Koyaka, m'a donné les graines à semer afin que l'argent que je vais gagner serve à me faire opérer », soutient-il. Ali, explique-t-il, serait allé lui-même se soigner au Mali où il serait décédé… C'est ce dernier qui devait lui trouver des acheteurs pour son produit. Quand Ouattara a vu ses plantes en flammes, il sourit, et lâche, stoïque : « C'est Dieu ! Je perds certes de l'argent, mais j'ai la vie ».
Deux autres dealers…
Ouattara Tiémoko Raymond n'est pas le seul à tomber dans les filets de la DPSP. Il a été précédé par Ouattara Kassim alias Kas, 29 ans, de nationalité burkinabé et Koffi Amangwa 42 ans, Ghanéen. Kas, lui, est un récidiviste qui a déjà passé 5 ans en prison pour détention et vente de cannabis. « Maintenant, je ne fais plus que consommer » assure-t-il. Lui qui s'est mué en vendeur de colas. Et d'ajouter que son fournisseur serait un certain ''Choc'' que la police recherche activement. Quant au Ghanéen, il se dit jardinier, planteur de tomates à Dioulabougou. Lui ne vent pas les petites boules de 100 à 200 francs. Trop peu pour Koffi qui, à ses propres dires, fait de la vente en gros et demi-gros. « C'est Kwame, un compatriote qui me livre le produit depuis Abidjan par lot de 25 pains ( 1,100 kg ) qu'il revend à 5.000 Francs le pain. Pour l'appréhender, les agents de la DPSP se sont fait passer pour des clients et c'est en venant à la livraison que le dealer est tombé entre leurs mains.
Quant au lieutenant Kouandé, chef de l'antenne régionale de la Direction de la police des stupéfiants et des drogues, il souhaite que la population prenne conscience du danger que représente la drogue. Et surtout, « qu'elle nous aide à débusquer les planteurs de chanvre indien, les dealers et même les consommateurs. » Car, ajoute-t-il, sans information, le travail sera vain surtout que ces agents ont besoin de moyens et ne travaillent qu'à leurs frais.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Cette grosse prise de la DP a eu pour cadre un champ non loin de Kimoukro, sous-préfecture d'Oumé. Le mis en cause, Ouattara Tiémoko Raymond, ivoirien, célibataire et père de 5 enfants, est né le 20 septembre 1973 à Guepaho, sous-préfecture de Oumé, de Ouattara Offiano et Touré Powelé. L'homme qui se dit cultivateur est aussi, selon des sources, un chasseur traditionnel “Dozo”, mais surtout un coupeur de route reconverti qui aurait écumé le Sud-Ouest avant de revenir dans son terroir natal.
« Je suis revenu m'installer à Zangué après un séjour à Soubré où je travaillais comme ouvrier agricole », explique Ouattara, très loquace. Et, comme s'il ne réalisait pas la situation dans laquelle il s'est fourré, il poursuit : « J'ai demandé et obtenu auprès des propriétaires terriens 2 ha pour faire du cacao et des vivriers.» La condition, c'est qu'à la récolte, ils fassent « moitié-moitié ». En d'autres termes, le métayer donne la moitié de sa production au propriétaire de la terre. Ce qu'il accepte sans sourciller. Mais Raymond avait sa petite idée derrière la tête. En février, il commence effectivement sa plantation par 1/2 ha de cacao. En attendant la production de son cacaoyer qui pousse d'ailleurs allègrement, il fait un champ de maïs à l'intérieur duquel Raymond cultive 250 m2 de cannabis. Il ne se doute de rien, surtout que le champ est bien caché. A une dizaine de Km de Kimoukro, il faut passer par un chemin à peine praticable. Après la plantation qui est bien visible, on marche sur au moins 2 km de piste à travers les ronces. Et au détour d'un dénivellement profond et tout proche d'un lac, l'on débouche sur l'autre champ. « Hier, il y avait ici des centaines de plantes », nous fait remarquer un policier qui s'étonne du vide constaté. Au milieu, un campement de fortune : non loin d'un foyer éteint, une moustiquaire solidement amarrée aux branches d'un arbre touffu. A côté, un piège à rat et dans les broussailles, des sacs où l'on découvre une torche, des piles, quelques cuvettes en et 2 cartouches de fusil calibre 12.
Traoré Tiémoko Raymond prétend connaître celui qui l’a trahi
C'est là que, sur des informations anonymes, les éléments de la DPSP le cueillent le jour même de la célébration de l'indépendance. Ouattara Tiémoko Raymond était armé d'un fusil de chasse de fabrication traditionnelle et attendait, à ses dires « des voleurs qui sont venus prendre ma production bien séchée et conditionnée que j'avais mise dans un sac de 50 Kg . » Ces ''voleurs'' n'étaient autres que les policiers qui l'avaient raté la veille et étaient revenus le lendemain lui tendre une embuscade. Raymond qui les avait précédés, avait déjà constaté la disparition de son sac de cannabis. Pour lui, « ce ne pouvait être que des jeunes qui l'avaient bien épié et qui allaient sûrement revenir ». Afin de préserver le reste de sa production, le planteur de cannabis arrache lui-même les 300 pieds encore debout et va les cacher 100 mètres plus loin, après avoir traversé un petit lac couvert de nénuphars. Ensuite, il se met en embuscade fusil en joue. Les agents ayant constaté sa présence (son vélo était appuyé contre un arbuste), font un bruit qui attire l'attention de Raymond. Ce dernier avance et tombe sur les policiers qui le somment de s'arrêter. Que pouvait-il faire d'autre, ''sa retraite coupée et tous les chemins bouchés '' ? Au moment où il scrutait les lieux pour sûrement voir les positions des ''assaillants'', un des agents, sorti derrière lui, lui fait une prise et, avant qu'il réalise ce qui lui arrive, le planteur d'herbe se trouve menotté.
Les agents de la DPSP qui sont retournés le soir pour détruire la plantation, la trouvent vide de tout plant de cannabis. Heureusement qu'ils étaient accompagnés par le planteur qui leur montre là où il avait planqué sa production d'herbe qui tue. Il faut voir les agents de police porter les 300 pieds de cannabis mis en botte par Raymond à leur véhicule immobilisé à 2 km. « Il faut veiller à ce que la destruction soit complète », explique l'adjudant chef Glan, tout en sueur sous la gerbe de cannabis.Tous s'y sont mis, même lieutenant Kouandé. Et les agents reprennent le chemin de Yamoussoukro où ils arrivent vers 21 heures, exténués… « Du beau boulot, les gars », s'exclame le commissaire Diomandé qui les avait accompagnés.
«C'est Ali qui m'a donné les graines de cannabis»
Interrogé par les policiers, Ouattara Tiémoko Raymond veut faire croire qu'il est à sa première expérience. « A mon arrivée, vu que j'étais malade et que je n'avais pas de moyens pour me soigner (il a une hernie), Ali, un jeune Koyaka, m'a donné les graines à semer afin que l'argent que je vais gagner serve à me faire opérer », soutient-il. Ali, explique-t-il, serait allé lui-même se soigner au Mali où il serait décédé… C'est ce dernier qui devait lui trouver des acheteurs pour son produit. Quand Ouattara a vu ses plantes en flammes, il sourit, et lâche, stoïque : « C'est Dieu ! Je perds certes de l'argent, mais j'ai la vie ».
Deux autres dealers…
Ouattara Tiémoko Raymond n'est pas le seul à tomber dans les filets de la DPSP. Il a été précédé par Ouattara Kassim alias Kas, 29 ans, de nationalité burkinabé et Koffi Amangwa 42 ans, Ghanéen. Kas, lui, est un récidiviste qui a déjà passé 5 ans en prison pour détention et vente de cannabis. « Maintenant, je ne fais plus que consommer » assure-t-il. Lui qui s'est mué en vendeur de colas. Et d'ajouter que son fournisseur serait un certain ''Choc'' que la police recherche activement. Quant au Ghanéen, il se dit jardinier, planteur de tomates à Dioulabougou. Lui ne vent pas les petites boules de 100 à 200 francs. Trop peu pour Koffi qui, à ses propres dires, fait de la vente en gros et demi-gros. « C'est Kwame, un compatriote qui me livre le produit depuis Abidjan par lot de 25 pains ( 1,100 kg ) qu'il revend à 5.000 Francs le pain. Pour l'appréhender, les agents de la DPSP se sont fait passer pour des clients et c'est en venant à la livraison que le dealer est tombé entre leurs mains.
Quant au lieutenant Kouandé, chef de l'antenne régionale de la Direction de la police des stupéfiants et des drogues, il souhaite que la population prenne conscience du danger que représente la drogue. Et surtout, « qu'elle nous aide à débusquer les planteurs de chanvre indien, les dealers et même les consommateurs. » Car, ajoute-t-il, sans information, le travail sera vain surtout que ces agents ont besoin de moyens et ne travaillent qu'à leurs frais.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro