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Société Publié le samedi 21 août 2010 | Notre Voie

Grand-Béréby : Kroumen et allogènes s’affrontent, des blessés graves

© Notre Voie Par Serge T
Sécurisation du District d`Abidjan : incursion dans les camps d`entraînement du CeCos
Jeudi 6 mai 2010. Adiaké. Pendant trois jours, les hommes du général de brigade de gendarmerie Georges Guiai Bi Poin, Commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos) effectuent un exercice de maintien d’ordre
Le chef de tribu assommé à la tête, 5 blessés légers, deux maisons détruites, environnement de terreur. Autochtones kroumen et allogènes burkinabé viennent de s’affronter à coup de machettes et de gourdins. Ils sont sur le pied de guerre, l’atmosphère est encore délétère. Les gendarmes de San Pedro et de Grand Béréby patrouillent pour ramener les belligérants à la raison. C’est le triste tableau que présentait Pont Néro, village de la sous-préfecture de Grand Béréby, ce mercredi 18 août 2010 à 8 heures.

En effet, tout a commencé le 14 Août, lorsque le tribunal de Daloa a ordonné la relaxe de Guiguiemdé Ram Amidou, précédemment condamné à 20 années de prison à la maison d’arrêt et de correction de Tabou pour braquage et vol en réunion le 7 avril dernier. Il devait purger cette peine avec ses complices Hié Toto et Emmanuel après la délibération du tribunal de Tabou.

Seulement voilà. Guiguiemdé, père de 12 enfants et marié à 4 femmes, fait appel à la Cour de Daloa après 4 mois de détention. Lors de l’audition de ces coupeurs de route, Hié Toto, le principal mis en cause qui avait entre-temps cité Guiguiemdé comme son acolyte fait volte-face. «Ce monsieur ne fait pas partie de notre gang. C’est sur pression de la gendarmerie que je l’ai cité,» aurait-il dit au président du tribunal. Alors, l’homme de droit met l’accusé en liberté. Un accueil triomphal est réservé à l’ancien prisonnier par les siens dès son retour au village de Pont Néro, le 15 août. Danses, chants, festins.


Tout est mis en place pour célébrer cet instant. Il n’en fallait pas plus pour provoquer le courroux des Kroumen qui estiment avoir été nargués par la justice et le fils du royaume mossi. Ils vont plus loin en traitant le tribunal de Daloa de corrompu. «Comment, pendant que notre fils Hié, écopant de la même peine, est en détention, Guigiemdé libéré ? Un braqueur dans notre village, nous n’en voulons pas», clament-ils. Ils ordonnent au Burkinabé de quitter le village manu militari. Celui-ci refuse tout naturellement. «C’est la justice qui vient de me blanchir», rétorque-t-il. Ce qui suffit pour que les Kroumen tentent de le faire partir. Ils s’ensuit une bagarre qui se transforme rapidement en un conflit armé qui durera jusqu’au 18 Août. Sur instruction du préfet de région, le commandant Akpo, commandant de la compagnie de gendarmerie de San Pedro, met ses éléments sur le théâtre des opérations. Venus des brigades de San Pédro et de Grand Béréby, les forces de l’ordre ont dans un premier temps rétabli l’ordre. Le commandant Botti, commandant la brigade de Grand Béréby, s’est ensuite chargé de mener les négociations avec les chefs des deux communautés sous le regard du consul du Burkina à Pont Néro. L’objectif étant d’arrêter les hostilités.

Un calme précaire règne dans le village, car selon les informations recueillies sur place, les Burkinabé ont sollicité du renfort dans tous les campements environnants. Les Kroumen aussi. La gendarmerie a installé une petite base de circonstance pour maintenir l’ordre en attendant un règlement définitif de cette énième crise dans une région où les conflits similaires ont vite dégénéré et endeuillé plusieurs familles.

A. Dadge Debolley
Correspondance particulière
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