Déguerpissement à Yopougon Gesco : Des marchandises, de plusieurs millions de Fcfa, volés

Samedi, des bulldozers ont rasé le petit marché de Yopougon Gesco, ‘‘quartier Attouché’’. Les commerçants disent avoir été volés.

C’est à 11h que le cargo de police garé sur le trottoir pour surveiller l’endroit, s’est retiré. Derrière les cabines qui bordent le trottoir, le spectacle est désolant. Une partie du petit marché d’Attouché (Yopougon Gesco) a été rasé. Des murs effondrés, des box en aluminium froissés, des planches et des tôles enfouies sous les décombres. Au-dessus des tas de briques, des dizaines de personnes retirent ce qui reste d’utile de leurs magasins : planches et tôles. La plupart sont des commerçants qui viennent de voir leur fortune s’écrouler comme les murs de ces magasins. Quelques personnes, la mort dans l’âme, regardent tristement leurs commerces qui ont été réduits en miette par les bulldozers. Les enfants, qui ne mesurent pas l’ampleur de la situation, s’amusent sur les gravats.

« Nous n’avons plus rien, déplore Djénéba Ouattara, une commerçante de pagne. Tout mon magasin a été vidé. Mes pagnes d’une valeur de 1,5 million de Fcfa ont disparu ». Une autre commerçante, le visage affligé, a le regard dans le vide. Ses pagnes ont également disparu de son box. Quand elle arrivait sur les lieux, il ne restait plus rien. Des boutiques de produits cosmétiques et de quincaillerie ont été détruites, et les marchandises se sont volatilisées. « Je ne peux même pas estimer la valeur des marchandises qu’il y avait dans ma quincaillerie », affirme Coly en sanglot. Ce sont, dit-elle, des millions de Fcfa qu’elle a perdus. Ses économies. Sidibé Maténin a connu le même sort. De ses produits de beauté, il ne reste plus que des autocollants pour défrisant. Zérégbé R., un commerçant qui s’apprêtait à démarrer ses activités dans le marché d’Attouché nous montre un reçu. « Je venais d’installer mon box qui m’a coûté 2.00.000 Fcfa » Ce box a été démoli.

Il est vers 3 heures du matin quand les bulldozers sont arrivés sur le lieu, selon des témoins. Des policiers qui les escortaient ont quadrillé la zone, afin que personne ne vienne déranger les destroyers en plein boulot. Une heure après, le petit marché était sous les décombres. Avant le lever du soleil, il n’y avait ni magasin, ni marchandises. « La policiers nous ont dit que c’est la mairie qui a pris nos marchandises », affirme Djénéba. Tout comme elle, les commerçants malheureux indiquent que Gbamnan Djidan est à l’origine de ce désastre et c’est lui qui détient leurs affaires. Le pire, affirment-ils, c’est que personne n’a reçu de mise en demeure. Nous nous sommes rendus à la mairie de Yopougon, ce samedi. Il n’y avait aucun interlocuteur.

Raphaël Tanoh