Oumar se rappellera longtemps encore cette matinée du 1er septembre 2010. A trois heures du matin, quatre quidams armés d’armes automatiques et de gourdins cloutés font irruption chez lui, foutent une peur bleue et le dépouillent d’une forte somme. Ce mécanicien auto, qui habite le quartier Henri Konan Bédié, avait reçu cet argent de certains clients destiné à la réparation de l’achat de pièces pour leurs véhicules. Trois jours plus tard, c’est au quartier Soungalobougou qu’un imam adjoint de la mosquée du quartier Dioulakro-ouest, Abdou K, de retour de la veillée de prière dans ce mois de ramadan, se retrouve devant un spectacle désolant. Sa famille a été totalement vandalisée. Des téléphones portables et une forte somme sont emportés. Deux jours plus tard, c’est au tour de la famille de B. habitant le quartier Baoulékro de recevoir la visite des malfrats. Ce vendeur de pièces détachées constatera à son retour de la veillée de prière, en ces dix dernières nuits de ramadan, que ses économies ont été emportées par des individus sans foi ni loi qui ont maîtrisé sa femme en la menaçant de leurs armes. Dans ce mois de septembre où les fidèles musulmans sont plutôt préoccupés par le jeûne, ces voleurs qui opèrent généralement de nuit, troublent fortement la quiétude des populations. Le quartier Lobikro n’est pas épargné par la pègre. Dans ce quartier d’habitation en plein essor, deux boutiques de commerçants mauritaniens reçoivent la visite de ces visiteurs peu orthodoxes qui emportent leurs recettes. Un domicile du même quartier est également attaqué par la bande de voyous. Un homme, qui a voulu porter secours à ses voisins en détresse, reçoit une balle qui le paralyse. Le quartier Cafétou ne demeure pas en reste. Dame Bamba qui habite une cour commune, reçoit la visite de deux bandits. Ceux-ci la maîtrisent à l’aide de leurs armes à feu et pillent la maison. En l’absence de son mari. Les voisins penseront à une visite d’amis de la famille tant l’opération a été rondement menée. La pauvre dame a été séquestrée sous le sommier de son lit. C’est une dame traumatisée qui sera tirée de « sa prison » par les voix de ses enfants rentrés de promenade. Ailleurs, en plein centre ville, les bandits font irruption dans une cour commune au quartier Dioulakro-ouest. Leur cible, une vendeuse de médicaments de rue. Les cris d’une jeune dame aura raison de ces pirates qui prennent leurs jambes à leur cou. Une bataille perdue n’est pas une guerre perdue. Les adeptes d’Al Capone se déportent dans une autre cour commune où ils volent des pagnes wax et de l’or. Le couple Mory (tous deux enseignants) est réveillé vers deux heures du matin, une nuit du mois de juin 2010, par quatre bandits encagoulés qui font main basse sur une importante somme d’argent, un sac de voyage, une bouteille de parfum, un dictaphone et des téléphones portables. Chez un autre enseignant S.A. le ménage a proprement été fait ; les quidams emportent jusqu’au sac de riz. Ils se sauvent à bord d’un véhicule de marque Peugeot 205 après avoir tenté de prendre sa fillette d’un an en otage. La psychose s’installe très vite dans la population. Les visites tardives sont filtrées. Des comités d’auto-défense se mettent en place dans les quartiers mais sans grand succès. Le 27 août dernier, un supermarché géré par des Mauritaniens est attaqué en plein centre ville à 20 heures. C’est l’heure peu avancée qui a le plus surpris. Heureusement, les bandits ne réussiront pas à emporter grand’ chose face à la résistance farouche des vendeurs. Ils tirent des coups de feu qui alertent les riverains. Les forbans battent en retraite en menaçant la foule avec leurs armes. Au mois de mars dernier, le préfet de région entouré des autorités sécuritaires convoque la population. Il demande la collaboration des uns et des autres avec la police. Pour lutter contre ce phénomène. Ano Gilbert, président du comité de gestion de la filière café-cacao offre à la gendarmerie d’Abengourou deux véhicules de type 4x4 et un million en bons de carburant. D’autant plus que le préfet de police Séri Mégbagnon, a déjà reçu la visite des bandits à son domicile dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 décembre 2009. Son arme de dotation, des bijoux de son épouse et des téléphones portables ont changé de mains, sans parler du préfet de région M. Anon Léopold Florent, qui a récemment vu ses bureaux vandalisés par les malfrats ainsi que le bureau du sous-préfet Akoman Jeannette. Déjà en octobre 2006, un véhicule de type 4x4 a été braqué dans la cour du Chr d’Abengourou situé à quelques mètres du commissariat du premier arrondissement de la ville. Malgré le fait que les témoins ont diligemment appelé la police, la voiture a été emportée par les bandits. Les forces de l’ordre n’ayant pas voulu prendre de risque.
Mode opératoire
Une constance apparaît dans les attaques qui ne cessent de traumatiser la ville d’Abengourou. Certains des voyous portent des cagoules pendant les opérations. Ceci a consolidé les arguments de ceux qui pensent que les bandits venus d’ailleurs, notamment Abidjan, bénéficient de la complicité d’autres vauriens locaux qui jouent les indicateurs. Cette thèse est corroborée par la récente arrestation, le 4 septembre dernier, de Diomandé Abou et de son acolyte Sanouma Sana qui s’apprêtaient à regagner Abidjan après « une campagne fructueuse » au cours de laquelle ils ont troublé la quiétude des habitants de la cité de la paix. A ce jour, à Abengourou, aucun habitant ne dort sur ses deux oreilles. La hantise de se sentir épié est présente. Malheur à celui qui évoque en public des transactions financières dont il a bénéficiées. Le jeune Berthé M., vendeur dans une quincaillerie, a eu de la baraka. Des bandits puissamment armés ont écumé des domiciles dans son quartier, le jeudi 9 septembre, veille de la fête de ramadan. Solidaires, les malheureux voisins n’ont pas voulu indiquer aux bandits le domicile du jeune homme qui a ainsi échappé à leur forfait mais pour combien de temps ? Une chose est certaine, les bandits qui opèrent à Abengourou ne manœuvrent pas au hasard. Ils prennent la peine de bien se renseigner sur leurs victimes. Ramdé, un opérateur économique d’Abengourou a reçu leur visite. Il est blessé par des pillards qui lui arrachent une forte somme d’argent. Tout comme L. Amadou, un margouillat bien connu à Abengourou. Dans les deux cas et dans les autres, les coupeurs de bourses savaient exactement la somme dont disposaient leurs victimes. Oumar, lui, venait de recevoir près d’un million de Fcfa pour acheter des moteurs de véhicule et d’autres pièces. En plus, les escogriffes savaient que les nombreux jeunes qui habitent avec le mécanicien étaient absents. Ils connaissaient également les habitudes d’Oumar en ce mois de ramadan. Lequel se réveille à une certaine heure pour permettre à son épouse de préparer le sahour (repas de début de ramadan). Ils profitent aussi de l’obscurité liée au faible taux d’éclairage public à Abengourou et particulièrement pendant les mois qu’a duré le délestage. Les voyous, en fins stratèges, se font souvent oublier et frappent au moment où on s’y attend le moins. La proximité avec le Ghana voisin et la réputation de ville prospère du fait de la cacaoculture dont jouit Abengourou, attisent les convoitises de toute pègre. Ainsi, le mercredi 29 octobre dernier, une Hyndai braquée à la Riviera palmeraie à Abidjan, a été interceptée par les FDS au corridor-sud de la cité royale. Les occupants ont réussi à se fondre dans la nature mais les forces de l’ordre ont pu découvrir une arme automatique avec un chargeur garni dans le véhicule. Sans doute que les braqueurs voulaient atteindre la Ghana par la passoire qu’est le village d’Abronamoué. Les zones à risque à Abengourou sont les quartiers populaires comme Cafétou, Henri Konan Bédié, Lobikro quoique les autres quartiers ne soient pas à l’abri des malfaiteurs. En attendant que les augures se tournent contre elle, la bande du de fripouilles continue de courir.
Koffi Jean Luc, Abengourou
Mode opératoire
Une constance apparaît dans les attaques qui ne cessent de traumatiser la ville d’Abengourou. Certains des voyous portent des cagoules pendant les opérations. Ceci a consolidé les arguments de ceux qui pensent que les bandits venus d’ailleurs, notamment Abidjan, bénéficient de la complicité d’autres vauriens locaux qui jouent les indicateurs. Cette thèse est corroborée par la récente arrestation, le 4 septembre dernier, de Diomandé Abou et de son acolyte Sanouma Sana qui s’apprêtaient à regagner Abidjan après « une campagne fructueuse » au cours de laquelle ils ont troublé la quiétude des habitants de la cité de la paix. A ce jour, à Abengourou, aucun habitant ne dort sur ses deux oreilles. La hantise de se sentir épié est présente. Malheur à celui qui évoque en public des transactions financières dont il a bénéficiées. Le jeune Berthé M., vendeur dans une quincaillerie, a eu de la baraka. Des bandits puissamment armés ont écumé des domiciles dans son quartier, le jeudi 9 septembre, veille de la fête de ramadan. Solidaires, les malheureux voisins n’ont pas voulu indiquer aux bandits le domicile du jeune homme qui a ainsi échappé à leur forfait mais pour combien de temps ? Une chose est certaine, les bandits qui opèrent à Abengourou ne manœuvrent pas au hasard. Ils prennent la peine de bien se renseigner sur leurs victimes. Ramdé, un opérateur économique d’Abengourou a reçu leur visite. Il est blessé par des pillards qui lui arrachent une forte somme d’argent. Tout comme L. Amadou, un margouillat bien connu à Abengourou. Dans les deux cas et dans les autres, les coupeurs de bourses savaient exactement la somme dont disposaient leurs victimes. Oumar, lui, venait de recevoir près d’un million de Fcfa pour acheter des moteurs de véhicule et d’autres pièces. En plus, les escogriffes savaient que les nombreux jeunes qui habitent avec le mécanicien étaient absents. Ils connaissaient également les habitudes d’Oumar en ce mois de ramadan. Lequel se réveille à une certaine heure pour permettre à son épouse de préparer le sahour (repas de début de ramadan). Ils profitent aussi de l’obscurité liée au faible taux d’éclairage public à Abengourou et particulièrement pendant les mois qu’a duré le délestage. Les voyous, en fins stratèges, se font souvent oublier et frappent au moment où on s’y attend le moins. La proximité avec le Ghana voisin et la réputation de ville prospère du fait de la cacaoculture dont jouit Abengourou, attisent les convoitises de toute pègre. Ainsi, le mercredi 29 octobre dernier, une Hyndai braquée à la Riviera palmeraie à Abidjan, a été interceptée par les FDS au corridor-sud de la cité royale. Les occupants ont réussi à se fondre dans la nature mais les forces de l’ordre ont pu découvrir une arme automatique avec un chargeur garni dans le véhicule. Sans doute que les braqueurs voulaient atteindre la Ghana par la passoire qu’est le village d’Abronamoué. Les zones à risque à Abengourou sont les quartiers populaires comme Cafétou, Henri Konan Bédié, Lobikro quoique les autres quartiers ne soient pas à l’abri des malfaiteurs. En attendant que les augures se tournent contre elle, la bande du de fripouilles continue de courir.
Koffi Jean Luc, Abengourou