L’histoire de ces paysans généralement prolifiques, guerriers et excellents cultivateurs remonte à l’ère coloniale où ils occupaient de façon itinérante les savanes sèches. Le fait remarquable est l’extrême rareté des villages. L’habitat est absolument dispersé, constitué de petites maisons isolées dont l’architecture en terrasse est en contraste total avec la case ronde soudanaise. Ils sont organisés en grands lignages, unis par des mariages patrilocaux et regroupés en quelques grands clans. Ces clans dispersés dans l’espace sont divisés en moitiés rituellement opposées. En l’absence de villages, l’unité politique est le lignage, bien que quelques lignages, voisins ou apparentés, aient mis au point des procédures d’arbitrage pour régler leurs différends, au lieu du recours aux armes qui leur est habituel. Selon l’historien Hauhouot Asseypo qui y a consacré toute une étude, le seul élément de paix sociale était la neutralité des marchés, toujours situés dans des lieux déserts. Dans cette société absolument sans chef véritable, et égalitaire au niveau des lignages, il y avait cependant des esclaves, propriété des patriarches, mais en assez petit nombre. Les castes étaient inconnues. Dans leur religion, le culte des ancêtres joue un grand rôle et les tombes anciennes échelonnées sur la piste de la migration venue de l’Est font l’objet d’un culte périodique. La grande société d’initiation, le dyoro, est peut-être le seul élément de la structure sociale qui dépasse le lignage. Les Lobi et leurs voisins sont d’excellents agriculteurs. Ce sont aussi des chasseurs remarquables et très actifs, comme il est naturel chez un groupe aussi guerrier. L’artisanat est inégal. Ces peuples sont aussi de bons forgerons et ont une grande tradition d’orpaillage. La recherche de l’or est même le seul élément qui amène le commerce à longue distance, avec les Dioula, qui étaient pratiquement les seuls à se risquer chez des gens aussi farouches pour qui, la vie d’un étranger ne pesait rien. Le tissage était inconnu. Les peuples lobi étaient célèbres pour la nudité totale à laquelle ils attachaient des valeurs morales de robustesse et de franchise.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko