x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mercredi 6 octobre 2010 | Le Nouveau Courrier

Notre mauvaise conception du travail !

Le retard de développement dans lequel semblent se complaire les pays africains aujourd’hui, est certainement dû à plusieurs causes. Toutefois, tant théoriquement qu’empiriquement, le travail a été très tôt identifié par les économistes, aux côtés du capital, comme un facteur important dans la détermination du produit qu’une économie peut atteindre. Théoriquement, tous les modèles récents de croissance, depuis Solow (1956) lui ont accordé une place. Des théoriciens comme Romer (1986) et Lucas (1988) ont introduit la notion de capital humain pour insister sur l’importance de la qualité de la main d’œuvre pour la productivité du travail.
D’un point de vue empirique, plusieurs réussites à travers le monde peuvent être exhibées pour démontrer l’importance du travail dans la détermination de la richesse des nations. Un des exemples les plus cités est celui des pays du Sud-Est asiatique qui, pour la plupart, se trouvaient confrontés aux mêmes problèmes de sous-développement que plusieurs pays d’Afrique Sub-Saharienne dans les années 60. Un des cas les plus frappants est celui de la Corée du Sud : aujourd’hui, le produit intérieur brut sud-coréen est plus de 40 fois celui de la Côte d’Ivoire. Et si l’ascension fulgurante de ce dragon d’Asie doit s’expliquer par plusieurs raisons, nul ne peut mettre en doute l’apport appréciable de la politique mise en œuvre par les dictateurs qui se sont succédé à sa tête jusqu’en 1980, et qui était axée sur l’amélioration de la quantité et de la qualité du travail, à travers notamment un système éducatif en adéquation avec les besoins de développement du pays, et une incitation à l’entreprenariat.
La question que l’on est en droit de se poser, à ce stade de la réflexion, est celle de savoir pourquoi les vertus du travail semblent ne pas se montrer aussi favorables dans le cas de la Côte d’Ivoire. Et à cette question intéressante, la réponse la plus confortable consiste à dire que c’est l’Etat qui n’a pas mis en œuvre une bonne politique de l’emploi. C’est vrai : dans un pays où on ne dispose même pas de statistiques fiables sur le chômage, personne ne peut démontrer qu’il peut exister une politique de l’emploi qui soit efficace.
Toutefois, cette réponse n’est pas totalement satisfaisante. En plus des insuffisances de l’Etat, il y a également la conception que les Ivoiriens eux-mêmes ont du travail. En effet, lorsque l’on demande à quelqu’un s’il travaille, sa réponse est rarement oui lorsque cette personne n’a pas un emploi rémunéré dans une entreprise du secteur privé moderne ou si elle n’est pas agent de l’Etat. Dans le cas contraire, elle considère systématiquement que son activité ne peut être que de la débrouillardise, en attendant d’accéder à un «vrai boulot». Cette mauvaise conception du travail met plus d’une personne dans une situation anormale, dans la mesure où, alors qu’elles ont des potentialités (savoir et savoir-faire), elles attendent toujours qu’une porte s’ouvre quelque part.
La majorité commet l’erreur de considérer certains emplois comme «de petits métiers», négligeant ainsi leur capacité de création de valeur. Et cette négligence fait de plusieurs potentiels créateurs de richesses, des chômeurs invétérés vivant à la solde de leurs amis et connaissances.
Mon point de vue est qu’il faut revoir la définition que l’on se fait du travail, afin d’inciter les jeunes à entreprendre dans toutes sortes d’activités, en les appuyant dans le développement de ces activités. Car non seulement la création d’entreprises sous nos cieux est un exercice périlleux, mais en plus, les jeunes entrepreneurs ne bénéficient pas toujours de l’encadrement idoine pour faire grandir leurs affaires. Cette action devrait aller de pair avec l’adaptation du système éducatif, sachant que la formation professionnelle n’est pas réservée aux incapables, aux rebuts de l’enseignement général, mais plutôt à ceux qui ont des potentialités spécifiques et utiles à développer.
Une telle politique comporte au moins deux avantages. Tout d’abord, elle permettra de mettre le pays sur le sentier d’une croissance auto-entretenue, mais en plus, elle constituera une puissante réponse au problème de pauvreté endémique, en permettant à chacun de se prendre en charge.
C’est, à mon sens, une voie incontournable sur le chemin du développement de la Côte d’Ivoire et de la plupart des pays africains : changer les mentalités pour mettre tout le monde au travail. Parce qu’en définitive, le travail, c’est toute activité légale qui, en répondant à un besoin, génère des revenus.
Pour que l’Afrique avance !

* Cet édito est une rédiffusion
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ