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Art et Culture Publié le vendredi 8 octobre 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Sydney Karam’s, humoriste ivoirien : ‘’Gadji Céli ne veut pas me voir...’’

A l’état civil, Gbané Karamoko Sidiki, plus connu sous le pseudonyme Sydney Karam’s ou encore l’imitateur de Félix Houphouët-Boigny n’est plus que l’ombre de lui-même. Plus de spectacle, plus de passage télés ou radios. Cependant, l’humoriste originaire de Bondoukou se débat comme un beau diable pour garder ce qui lui reste : sa dignité. Aujourd’hui, sa seule raison pour retrouver les scènes, sa fillette âgée de 4 ans, une surdouée qui a besoin d’aide pour être scolarisée. Dans cette interview, Gbané Karamoko Sidiki, humoriste et comédien depuis 1985, dénonce.

Pourquoi Sydney Karam’s au lieu de Gbané Karamoko Sidiki ?

Sydney Karam’s’’ provient de la décomposition de mon nom à l’état civil : Gbané Karamoko Sidiki. A l’époque, au Collège d’enseignement technique et commercial de Treichville, mes amis m’appelaient le Sénateur, parce que j’aimais tout ce qui se rapportait à la politique américaine. J’ai même milité au Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Je suis à peu près de la même génération que le ministre Ahmed Bakayoko, Ehoussou Narcisse, Aka Félix, Véhi Bernard, Claude Vahi (ex-avocat du général Guéi Robert) et bien d’autres. Nous avons tous milité dans le même mouvement.

Que devient Sidney Karam’s ?

Je suis l’un des jeunes doyens en matière d’humour. J’étais parmi les premières personnes qui organisaient les spectacles d’humour en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ma carrière artistique a pris un coup après avoir roulé ma bosse dans des émissions telles que ‘’Tempo’’ et ‘’Midi première’’.

Compte tenu de certaines personnes qui me mettent du plomb dans les ailes. Ces derniers vont jusqu’à m’empêcher de participer à des émissions télévisées. Seule, Léonie Konian qui a eu pitié de moi a accepté de me faire passer à son émission dénommée ‘’Y a de la joie’’. La RTI est un média de service public mais pourquoi ne veut-on pas que j’y ai accès comme tout citoyen ivoirien ?

Pourquoi dites-vous que votre carrière artistique a pris coup ?

Après avoir fait rire les Ivoiriens à travers plusieurs émissions avec des présentateurs tels George Wenceslas Aboké et Claude Tamoh, que voulez-vous que je dise après que le Dg Brou Amessan de la Rti (Ndlr ; Radiodiffusion télévision ivoirienne) me donne un mot portant la mention : « Merci de faciliter l’accès de Sydney Karam’s aux émissions de variétés ». Il m’a mis en contact avec son responsable de la communication, Réné Bah (Ndlr; chef de service Autonome de Communication) qui a fait des copies du courrier qu’il a distribué à toutes les structures de production de la RTI. Les gens refusent de me faire passer à leurs émissions. On me dit pourquoi je suis allé voir le Dg et que ce n’est pas lui qui anime les émissions ou porte la caméra pour filmer. Ils me disent d’attendre le jour où ils seront contents, alors ils me feront appel. Je me demande ce que j’ai fait. D’un autre côté, certains hommes politiques dans le sillage du Président Laurent Gbagbo me détestent. Parce que je suis un imitateur de feu le Président Félix Houphouët-Boigny… Je ne suis pas étranger des podiums ivoiriens. Je suis personae non grata partout où je décide de déposer une demande d’emploi. Pour quelqu’un qui a imité le Président Félix Houphouët-Boigny pendant quinze (15) ans, on devrait pouvoir l’intégrer à la Fonction publique. Ou même, comme les autres handicapés (Ndlr, il a une monoplégie de la jambe droite), permettre mon insertion dans les différentes structures.

En plus de l’humour quelle qualification avez-vous?

Je suis diplômé des cours Casting. J’ai aussi des connaissances en comptabilité et en art dramatique. J’ai fait l’INA (Ndlr, Institut national des arts), puis l’INSAAC (Ndlr, Institut supérieur des arts et de l’action culturelle). J’ai eu pour professeur Mme Thérèse Taba, Attawa Mathieu, Mme Bana Jeanne qui était, au niveau du théâtre, ma directrice à l’Insaac. Je suis le premier ivoirien à sortir les premières cassettes d’humour en Côte d’Ivoire en 1991. En ce temps-là, les Adama Dahico et autres n’avaient pas encore rien sur le marché. Mais, la maison qui me distribuait, Tropic Music, ne m’a pas rendu service. Elle n’a pas fait la promotion de mes œuvres.

Mon travail n’a pas connu de succès. Aujourd’hui, je veux revenir au devant de la scène, mais, personne ne veut m’aider.

Que proposiez-vous aux Ivoiriens à l’époque ?

Uniquement des sketchs. Je parlais de la société faisant dans le style de Jean Miché Kankan mais, adapté aux réalités ivoiriennes. J’ai deux dons d’humour. J’arrivais à imiter quinze (15) personnages à l’époque. Aujourd’hui, j’arrive à imiter vingt-deux (22). C’est-à-dire des voix humaines et des cris d’animaux. En principe, je devais entrer dans le livre de records Guinness.

La presse ne s’est jamais faite l’écho de cela alors que j’en parle chaque fois. Je pense que j’ai une place à revendiquer.

Etes-vous membre de l’Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire ?

Le président de l’Unartci, Gadji Céli, ne m’aime pas. Je ne sais pas ce que je lui ai fait. Le Burida (Ndlr, Bureau ivoirien des droits d’auteur) refuse de me reverser mes droits. Je ne sais pas aussi pourquoi. En son temps, j’ai sollicité le Premier ministre Kablan Duncan mais le dossier n’est pas allé loin.

Pouvez-vous nous dire quel est votre problème avec Gadji Céli ?

J’étais le meilleur camarade de sa femme, Hortense Koffi. Avant qu’elle ne soit avec lui, on sympathisait elle et moi. J’ai plus tard appris qu’un individu est allé raconter des commérages à Gadji Céli. Le président Gadji Céli a pris cela en mal et il m’a gardé dent. Quand je le salue en public, il ne répond pas. Un jour, il m’a dit : « Bon écoute ! On a rien à se dire ». Je lui ai dit d’accord, « je ne suis pas membre de ta structure ». George Aboké qui m’aidait à la RTI, n’y est plus. Quand je vais le voir à Présidence, les portes me sont aussi fermées. J’étais très proche de lui. Son père m’a adopté comme son fils. Georges Aboké me prend comme son frère. Malheureusement, je ne peux plus le joindre.

Est-ce que vous êtes retourné voir M. Brou Amessan pour lui faire part de toutes les difficultés que vous rencontrez ?

Non ! Je ne suis plus retourné le voir parce que si je retourne le voir, ce sera un scandale. Je suis déjà dans un scandale car ses collaborateurs me ferment les portes. Certes, je suis un handicapé mais je ne suis pas un mendiant. Ce qui me fait mal ! Conscient de mon état, j’essaie de m’insérer dans la société. Pendant que j’essaie de m’insérer on essaie de me desserrer. Ce n’est pas normal ! Je pense que c’est cruel ! Je ne suis pas un mendiant, je suis un intellectuel ivoirien. Je veux qu’on donne à César, ce qui est à César. Moi, j’ai le droit de revendiquer des passages télés et radios. Je suis un artiste comme tous les autres.

Pourquoi n’imitez-vous pas les autorités politiques ivoiriennes actuelles ?

Je peux imiter Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Mais, en les imitant je gagne quoi ? Qu’est-ce qu’ils font pour moi ? Rien ! On n’imite pas quelqu’un pour le plaisir de le faire, on imite des gens qui sont des modèles. Houphouët-Boigny est une référence, c’est un modèle ! Houphouët-Boigny ne m’a jamais donner de l’argent, mais, le fait de l’imiter me procurait d’abord du plaisir. En matière d’imitation du Président Félix Houphouët-Boigny, je suis le meilleur parce que j’arrive à imiter ses trois (3) voix. La voix de jeunesse quand il avait trente (30) ans, celle quand il avait cinquante (50) ans et la dernière quand il avait quatre vingt (80) ans. J’arrive à combiner les trois (3) voix que je mets en spectacle. Bientôt, je mettrai ces trois (3) voix sur ‘’Facebook’’ et ‘’You tube’’.

Vous dites avoir créé la première bibliothèque privée ouverte au public en Côte d’Ivoire ?

En 2000, j’ai eu l’idée de créer cette bibliothèque. Ce n’est qu’en 2003 que j’ai eu les moyens de matérialiser cela. Pour la créer, il a fallu que je me transforme en sous-traitant dans une imprimerie. Il y a aussi les bénéfices que j’épargnais à partir de spectacles auxquels je participais. Hormis cela, je suis un passionné de littérature. Cette bibliothèque s’appelle le ‘’Romandroom’’. Elle compte 5800 ouvrages allant de la littérature classique à la littérature dite générale. Je vends et prête des livres. Et ce que je gagne, je l’utilise pour m’occuper de la bibliothèque, parce qu’elle n’est pas subventionnée. En principe, ce sont les spectacles qui devaient me permettre renflouer les caisses du ‘’Romandroom’’. Malheureusement, les gens me coupent l’herbe sous les pieds. Comme il y a un Dieu pour les pauvres, un Dieu pour ceux qui subissent les injustices. Cette injustice-là sera réparée.

Il se raconte que votre fille est une surdouée…

Ma fille s’appelle Gbané Bintou Noura Elena. Elle est née le 12 septembre 2006. Elle a eu 4 ans le 12 septembre. Elle est la première et unique fille. Noura, c’est un don de Dieu. A un certain moment de la vie, j’étais très abattu. Je ne voulais plus me lancer dans la carrière artistique. Quand je regarde cette petite, je pense à son avenir. Je veux l’inscrire dans un établissement dénommé Newton, une école des surdoués. Si ça ne marche pas, je vais opter pour un établissement à Treichville. Noura a une mémoire très fertile. Quand elle me dit : « Papa merci pour tout ce que tu as fait pour moi », ça me donne la chair de poule. La meilleure manière d’aider ma fille, c’est d’avoir des spectacles pour me permettre de gagner de l’argent.

Vous organisiez la 1ère édition du Karaoké pour personne handicapé. Pouvez-vous donner les détails de cet événement ?

L’Ong ‘’Handicap et vie nouvelle’’ est la structure initiatrice de la 1ère édition du concours Karaoké pour les personnes handicapées. Elle a été créée par M. Koné Jacques. Débuté le 08 août 2010, le concours s’est achevé le 19 septembre 2010.

Réalisée Par Krou Patrick
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